Yanna Kor, Didier Plassard et Corinne Saminadayar-Perrin (dir.), Littérature monstre. Une tératologie de l’art et du social
Le monstre hante les imaginaires de la modernité, de Quasimodo à Ubu et de l’Homme qui rit au nain Philippo, réduit à sa seule tête dans les Impressions d’Afrique de Roussel. Le grotesque romantique a en effet ouvert le champ, d’un siècle à l’autre, aux plus grandes métamorphoses.
Entre 1848 et 1914, l’histoire naturelle s’intéresse à la genèse des monstres ; le public des foires contemple les corps difformes ou estropiés ; médecins et psychosociologues expriment, à travers toute une tératologie, leur obsession de la dégénérescence des peuples et des civilisations.
De cette figure du monstre, la littérature et le théâtre s’emparent avec les moyens symboliques qui leur sont propres. L’être monstrueux y prête sa chair aux aberrations du corps politique et social. Ou bien il y figure anomalies psychiques et déviances morales. Ou bien encore il s’y fait reflet de « l’âme monstre » dont a parlé Rimbaud.
L’esthétique des oeuvres, prise elle aussi de contorsions diverses, n’y échappe pas. Langage, style, composition s’en trouvent pervertis. S’impose alors, sur le papier comme sur la scène, une littérature monstre à tous les sens du terme.
Sommaire
Didier Plassard et Corinne Saminadayar-Perrin
Première partie. Modernité monstre
Corinne Saminadayar-Perrin
Filip Kekus
Politique de la chimère nervalienne
Essai de lecture socio-historique des « Chimères » de Nerval
Stéphanie Dord-Crouslé
Du chou « prodigieux, et absolument incomestible » à la « copie-monument » :
Petite tératologie potagère de Bouvard et Pécuchet, œuvre posthume et inachevée
Didier Plassard
Saint Antoine, son cochon et ses monstres
Martial Guédron
Aliénation, dégénérescence et monstruosité dans la France du XIXe siècle :
À propos d’un traité de Bénédict-Augustin Morel
Yoan Vérilhac
« Le temps du Format-Monstre est à la fin venu » :
Les emplois adjectivés de « monstre » dans la presse au XIXe siècle (1830-1870)
Deuxième partie. Écritures monstres
Judith Wulf
Les « mots monstres » de Victor Hugo :
Entre défiguration historique et démonstration chimérique
Laëtitia Bertrand
Les « monstres grinçants » du Moi :
Le dédoublement chez Musset et Baudelaire
Andrea Schellino
Pour une tératologie poétique chez Rimbaud
Yanna Kor
Les théâtres monstrueux de Lautréamont, Rimbaud et Jarry
Cristina Grazioli
Penser la parole en formes monstrueuses :
Les Silènes d’Alfred Jarry et le paradigme grotesque
Troisième partie. L’entre-sort fin-de-siècle
Manuela Mohr
L’apparition du monstre dans Maître Zacharius de Jules Verne :
Anamorphose et modernité
Marie-Astrid Charlier
« Ni chiens, ni loups : des dingos »
L’animal monstre chez Octave Mirbeau
Laurette Burgholzer
Monsieur de Phocas de Jean Lorrain
Vicky Gauthier
Pierre Bazantay
Tératopoétique de Roussel