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L’espace politique dans les Sciences de l’Antiquité : représentation, description, transformation (Toulouse)

L’espace politique dans les Sciences de l’Antiquité : représentation, description, transformation (Toulouse)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Florian Racine)

Colloque Jeunes Chercheurs organisé par les équipes CRATA et ÉRASME – EA PLH, Université Toulouse 2 Jean Jaurès

Organisation : Irène Maréchal (irene.marechal@univ-tlse2.fr) et Florian Racine (florian.racine@univ-tlse2.fr)

L’espace politique dans les Sciences de l’Antiquité : représentation, description, transformation

mercredi 3 - vendredi 5 avril 2024

Université Toulouse 2 Jean Jaurès 

 [english version below]

Résumé

Nous désirons, à l'occasion de ce colloque, réfléchir aux liens entre espace et politique chez les Anciens dans une démarche interdisciplinaire. Si les archéologues et les historiens se sont intéressés aux manières dont l'espace peut être un objet politique, il manque une réflexion générale qui montrerait l'apport d'une approche spatiale du politique dans l'ensemble des sciences de l'Antiquité. Pour renouveler la réflexion autour de l’espace politique, on confrontera donc les pratiques de l’archéologie, dont le champ d’études est résolument lié à l’espace, de l’histoire, dont l’approche est souvent plus politique, mais aussi de la littérature et de la philologie, qui se sont elles aussi emparées de l’espace en tant qu’outil méthodologique.

 

Argumentaire

L’espace revêt une importance cruciale dans le champ des sciences humaines depuis déjà quelques décennies, notamment depuis l’approche théorique que l’on a nommée le « spatial turn », à partir des travaux d’Edward Soja (Soja, 1989). Ce tournant consiste à envisager l’espace, non plus comme une toile de fond figée et immobile, mais comme un élément productif qui a donc une influence sur les modes de pensée des hommes. Cette position pourrait être résumée ainsi : 

« What if knowledge in general has an irremediably local dimension? What if it possesses its shape, meaning, reference, and domain of application by virtue of the physical, social, and cultural circumstances in which it is made, and in which it is used? » (Ophir & Shapin, 1991, p. 4)

À partir de cette réflexion, l’espace est appréhendé dans le champ des sciences humaines de diverses manières. Il peut faire l’objet d’une réflexion métaréférentielle : l’espace en tant que tel est la source de la démarche scientifique. C’est la première des deux approches de la notion d’espace qu’identifie Christian Jacob (Jacob, 2014) : il s’agit alors d’étudier l’influence concrète qu’exerce l’homme sur son espace (modification du paysage, agriculture, voies de communication, etc.). La deuxième approche consiste, selon Christian Jacob, à utiliser l’espace comme outil d’analyse dans d’autres champs du savoir. À partir de là, l’espace est utilisé de façon métaphorique et devient une donnée heuristique et révélatrice de certaines tendances. Les événements historiques sont ainsi appréhendés en tenant compte de l’importance de l’espace (Jacob, 2007) et en littérature, la narration peut être analysée à l’aune de l’espace et non plus seulement de la temporalité (De Jong, 2012).

 

À l’occasion de ce colloque, nous souhaitons nous intéresser de façon plus ciblée aux liens entre espace et politique chez les Anciens, en croisant les approches des différentes disciplines des Sciences de l’Antiquité. La manière dont le pouvoir investit l’espace, en particulier urbain, est depuis longtemps un objet d’étude des historiens et archéologues ; le colloque « L’urbs, espace urbain et histoire » organisé à l’École française de Rome en 1987, a été le point de départ d’approches très fructueuses, synthétisées dans un ouvrage récent (Courrier, 2022). Plus récemment, les historiens et archéologues se sont également intéressés à la diversité des manières dont l’espace peut être un objet politique, par le biais des fêtes et spectacles (Benoist, 1999), de la mémoire collective (Benoist, 2016), des représentations du paysage (McInerney & Sluiter, 2016). En littérature également, le spatial turn a conduit à s’intéresser à l’espace, notamment dans une perspective narratologique (De Jong, 2012 ; Kirstein, 2019).

Il manque néanmoins une réflexion générale qui montrerait l’apport d’une approche spatiale du politique dans l’ensemble des sciences de l’Antiquité. Pour renouveler la réflexion autour de l’espace politique, on confrontera donc les pratiques de l’archéologie, dont le champ d’études est résolument lié à l’espace, de l’histoire, dont l’approche est souvent plus politique, mais aussi de la littérature et de la philologie, qui se sont elles aussi emparées de l’espace en tant qu’outil méthodologique. Nous proposons aux participants de considérer le terme « politique » dans toutes ses possibilités sémantiques. Il peut par exemple être envisagé dans son sens ancien d’« organisation de la société » ; on peut aussi considérer la politique en tant qu’« organisation institutionnelle », notamment dans le cadre de l’exercice du pouvoir (Montlahuc, 2020). Ces deux sens sont bien entendu étroitement liés et ne s’excluent pas l’un l’autre. 

 

Les axes de recherche suivants pourront être explorés au cours de ce colloque, cette liste n’étant pas exhaustive :

- rapports entre espace et pouvoir (représentation de l’espace par le pouvoir ; manipulation de l’espace par le pouvoir…)

- la cité en tant que construction sociale peut-elle être appréhendée sous l’angle de l’espace ?

- nature, paysage et politique

- relation entre territoire et identité 

- la maîtrise de l’espace, la prise de pouvoir sur l’espace 

- structuration des mouvements dans l’espace politique

- tension entre centre et périphérie

- la frontière, le franchissement de la frontière

- incarnation du pouvoir, de la politique dans un lieu défini

 

 

Modalités de soumission

Ce colloque Jeunes Chercheurs est réservé aux doctorants et aux chercheurs ayant soutenu leur thèse depuis moins de trois ans.

Les propositions de contribution sont à envoyer avant le 09 octobre 2023 aux deux adresses suivantes : 

irene.marechal@univ-tlse2.fr et florian.racine@univ-tlse2.fr

Elles devront être d’une longueur maximale de 600 mots et comprendre un titre et une bibliographie indicative. Les propositions de communication seront examinées par un comité scientifique. Les réponses seront données le 23 octobre.

 

Bibliographie

Benoist, S., 1999, La fête à Rome au premier siècle de l'Empire : Recherches sur l'univers festif sous les règnes d'Auguste et des Julio-Claudiens, Bruxelles.

Benoist, S., Daguet-Gagey, A., Hoët-van Cauwenberghe, C., éds., 2016, Une mémoire en actes. Espaces, figures et discours dans le monde romain, rencontre internationale, Lille, 27-28 septembre 2013, Villeneuve-d’Ascq.

Courrier, C., Guilhembet, J-P., Laubry, N., Palombi, D., éds., 2022, Rome, archéologie et histoire urbaine. Trente an après L’urbs, Rome.

De Jong, I.J.F., éd., 2012, Space in ancient Greek literature, Leiden.

Jacob, C., 2007, Lieux de savoir. 1. Espaces et communautés, Paris.

Jacob, C., 2014, « Spatial turn », dans Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ?, Marseille.

Kirstein, R., 2019, « An Introduction to the Concept of Space in Classical Epic », dans : S. Finkmann, C. Reitz, Structures of Epic Poetry, vol. 2, p. 245-59, Berlin. 

McInerney, J. et Sluiter, I., éds., 2016, Valuing landscape in classical Antiquity: natural environment and cultural imagination, Leiden

Montlahuc, P., 2020, « L’histoire romaine et le politique : complément d’enquête », Anabases, 32, p. 11-29.

Ophir, A. et S. Shapin, 1991, « The Place of Knowledge, A Methodological Survey », Science in Context, 4, 1, p. 3‑22.

Soja, E.W., 1989, Postmodern geographies: the reassertion of space in critical social theory, London.

 


 

Jeunes Chercheurs conference organised by CRATA and ÉRASME – EA PLH, Université Toulouse 2 Jean Jaurès

Organisation : Irène Maréchal (irene.marechal@univ-tlse2.fr) et Florian Racine (florian.racine@univ-tlse2.fr)

 

Call for papers

Political space in ancient times: representation, description, transformation

3st-5th April 2023

Université Toulouse 2 Jean Jaurès

 

Abstract

In this conference, we wish to reflect on the links between space and politics in ancient times, using an interdisciplinary approach. While archaeologists and historians have been interested in the ways in which space can be a political object, what is missing is a general reflection that would show the contribution of a spatial approach to politics in Classics. To renew our thinking on political space, we will compare the practices of archaeology, whose field of study is resolutely linked to space, and history, whose approach is often more political, with those of literature and philology, which have also seized on space as a methodological tool.

 

 Argument

Space has been of crucial importance in the field of human sciences for several decades now, particularly since the theoretical approach named “spatial turn”, based on the work of Edward Soja (Soja, 1989). This turn entails seeing space not as a fixed, immobile backdrop, but as a productive element which influence the way people think. This position can be summed up as follows:

“What if knowledge in general has an irremediably local dimension? What if it possesses its shape, meaning, reference, and domain of application by virtue of the physical, social, and cultural circumstances in which it is made, and in which it is used?” (Ophir & Shapin, 1991, p. 4)

On the basis of this reflection, space is understood in the human sciences in different ways. Christian Jacob (Jacob 2014) identifies two ways of dealing with this notion. Firstly, space as such is the source of the scientific process; it is therefore necessary to study the concrete effects that people have on their space (landscape changes, agriculture, transport routes, etc.) Secondly, the notion of space can be used, according to Christian Jacob, as an analytical tool in other fields of knowledge. Here, space is used metaphorically and becomes a heurisctic datum that reveals certain trends. Historical events are also understood in terms of the importance of space (Jacob, 2007) and, in literature, narrative can be analysed in terms of space, not only temporality (De Jong, 2012).

 

This conference will be a good opportunity to take a closer look at the links between space and politics in ancient times, by combining the approaches of the various disciplines in the Ancient Sciences. The way in which power occupies space, especially urban space, has long interested archaeologists and historians; the “L’urbs, espace urbain et histoire” symposium, held at the École française de Rome in 1987, was the starting point for very fruitful approaches, which are summarised in a recent publication (Courrier, 2022). More recently, historians and archaeologists have also been interested in the various ways in which space can be a political object, through festivals and spectacles (Benoist, 1999), collective memory (Benoist, 2016), and representations of landscape (McInerney & Sluiter, 2016). In literature as well, the spatial turn has led to an interest in space, particularly from a narratological perspective (De Jong, 2012; Kirstein, 2019).

 

Nevertheless, there has not been yet a general reflection which would show what brings a spatial approach of politics in the Ancient Sciences. In order to renew our thinking on political space, we will compare the practices of archaeology, whose field of study is linked to space, and history, whose approach is often more political, with also literature and philology, which have also seized on space as methodological tool. We propose that participants consider the term ‘politics’ in all its semantic possibilities. It can be, for instance, considered in its old sense of ‘organisation of society’; it can also be considered as ‘institutional organisation’, particularly in the exercise of power (Montlahuc, 2020). These two meaning are, of course, closely related and not mutually exclusive. 

 

Papers may address the following topics:

-          Relations between space and power (representation of space by power, manipulation of space by power, etc.)

-          Can the city, as a social construct, can be understood through space?

-          Nature, landscape, politics

-          Relations between territory and identity

-          Control over space, taking power over space

-          Movement organisation in the political space

-          Tension between centre and periphery

-          Border, crossing the border

-          Embodiment of power in a specific place

 

Submission guidelines

 

This “Jeunes Chercheurs” conference is intended for doctoral students and researchers who have completed their thesis within the last three years. Please send your proposals (no more than 600 words) and a short bibliography conjointly to:

irene.marechal@univ-tlse2.fr et florian.racine@univ-tlse2.fr

 

before October 9th, 2023.

            A scientific committee will be in charge of selecting the proposals. Answers will be given on October 23.

 

 

Bibliography

 

Benoist, S., 1999, La fête à Rome au premier siècle de l'Empire : Recherches sur l'univers festif sous les règnes d'Auguste et des Julio-Claudiens, Bruxelles.

Benoist, S., Daguet-Gagey, A., Hoët-van Cauwenberghe, C., éds., 2016, Une mémoire en actes. Espaces, figures et discours dans le monde romain, rencontre internationale, Lille, 27-28 septembre 2013, Villeneuve-d’Ascq.

Courrier, C., Guilhembet, J-P., Laubry, N., Palombi, D., éds., 2022, Rome, archéologie et histoire urbaine. Trente an après L’urbs, Rome.

De Jong, I.J.F., éd., 2012, Space in ancient Greek literature, Leiden.

Jacob, C., 2007, Lieux de savoir. 1. Espaces et communautés, Paris.

Jacob, C., 2014, « Spatial turn », dans Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ?, Marseille.

Kirstein, R., 2019, « An Introduction to the Concept of Space in Classical Epic », dans : S. Finkmann, C. Reitz, Structures of Epic Poetry, vol. 2, p. 245-59, Berlin. 

McInerney, J. et Sluiter, I., éds., 2016, Valuing landscape in classical Antiquity: natural environment and cultural imagination, Leiden

Montlahuc, P., 2020, « L’histoire romaine et le politique : complément d’enquête », Anabases, 32, p. 11-29.

Ophir, A. et S. Shapin, 1991, « The Place of Knowledge, A Methodological Survey », Science in Context, 4, 1, p. 3‑22.

Soja, E.W., 1989, Postmodern geographies: the reassertion of space in critical social theory, London.