"Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman…" La vingtaine passée, la jeune Laure Murat a fini par lire la Recherche, et sa vie s'en est trouvée changée : "Proust savait mieux que moi ce que je traversais. il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles." Dans Proust, roman familial (Robert Laffont), l'essayiste montre comment Proust l'a constituée comme sujet, lectrice active de sa propre vie, en lui révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps. Fabula vous offre de lire les premières pages…
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Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne