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Appels à contributions
La contestation (Cahiers Tocqueville des Jeunes Chercheurs)

La contestation (Cahiers Tocqueville des Jeunes Chercheurs)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Joëlle Légeret)

Appel à contributions thématique 2023-2024

"La contestation"

Cahiers Tocqueville pour Jeunes Chercheurs

Argumentaire:

Que peuvent avoir en commun l’affaire Dreyfus et la rébellion des Patriotes, le Traité des trois imposteurs ou les Misères de la philosophie? Protestation musclée, litige enflammé, désobéissance civile ou résistance passive: contester se conjugue à tous les modes et de tous les temps. Déclenchée contre des institutions, des gouvernements, des entreprises ou des individus, motivée par des préoccupations sociales, politiques, économiques, culturelles ou environnementales, la contestation (du latin contestatio, issu de contestaris: "prendre à témoin" ou "commencer un débat judiciaire"), peut aussi prendre le sens plus particulier d’une opposition à l’ordre établi. Car la contestation a souvent été, à travers l’histoire, l’outil des opprimés et des marginalisés pour faire entendre leur voix. Des mouvements tels que Black Lives Matter, Extinction Rebellion, les mouvements #MeToo et Idle No More, ou encore les grèves étudiantes pour le climat ont bruyamment attiré l’attention du public ces dernières années. Des "je" et des "nous" interrogent les certitudes, bousculent les autorités ou se soulèvent contre l’inertie mortelle de consensus inféconds. Ils ouvrent ainsi la voie à des changements significatifs dans les politiques et les pratiques sociales, en employant des relais nouveaux, incarnés par les technologies de l’information et de la communication (Richaud, 2017; Bertrand, 2018), mais sans déserter les relais traditionnels de la contestation: partis politiques, presse, littérature, arts de la scène, manifestations, associations, etc.

La contestation est aussi de tous les régimes et de toutes les latitudes. Elle rythme les querelles littéraires ou artistiques, qu’il s’agisse de la querelle des Bouffons ou du mythe du bon sauvage. Elle anime les feux des jurisconsultes, depuis les gloses du Corpus juris civilis jusqu’à la révolution positiviste. Les démocraties libérales, qui consacrent l’expression individuelle de chaque citoyen, entretiennent un régime compétitif entre les opinions et les groupes, au risque de multiplier les occasions de chicanes. Cette rationalisation, sinon même cette constitutionnalisation de la contestation, pacifie les rapports de force dans l’espace public, au risque d’étouffer les marges sociales, politiques ou culturelles du régime libéral (Graeber, 2014), comme les tentations radicales ou révolutionnaires qui se soulèvent contre une démocratie désenchantée (Gauchet, 2013). À l’inverse, les régimes qui connaissent une compétition limitée ou inexistante, comme les régimes autoritaires, font face à une contestation sourde et latente, presque toujours interdite, dont les murmures et les coups de crayons menacent les piliers friables de l’autorité plénipotentiaire (Mathieu & Balasinski, 2015).

L’actualité comme l’histoire offrent des illustrations édifiantes de pensées, de mouvements, de textes, de figures ou d’actions contestataires, mais rechignent parfois, malgré la littérature existante (McAdam, Tarrow et Tilly, 2001; Arrigoni, 2016), à les aborder ensemble sous les auspices du comparatisme. Dans ce numéro, nous invitons donc les jeunes chercheurs à explorer et à comparer différentes formes de contestation dans un large éventail de contextes, à la fois historiques et contemporains. Plusieurs angles peuvent être envisagés pour mener un tel travail, car "le comparatiste recherche les similitudes s’il est universaliste, les différences s’il est relativiste, des invariants à travers les différences s’il souscrit au paradigme de l’esprit humain" (Seiler, 2004). Dans tous les cas, les contributions sont encouragées à adopter une approche interdisciplinaire dans leur recherche, qui éclaire les complexités de la contestation dans un contexte social large. Les mouvements contestataires sont un fait mondial et sont souvent liés entre eux, que ce soit par des liens idéologiques, culturels ou économiques.

Le comité organisateur accueillera toute proposition s’intéressant de manière comparative – mais non exhaustive – aux axes suivants :              

  • Les luttes, révoltes et révolutions sociales, politiques, juridiques, académiques, artistiques et culturelles
  • Les revendications des marges, des oubliés et des populations opprimées
  • Histoire comparée de la contestation, pensées et penseurs de la contestation
  • Les controverses littéraires, les pamphlets et la figure du polémiste
  • L’influence des médias dans la perception de la contestation par le public
  • Causes, mutations et évolutions comparées des contestations

Règles du processus de proposition et de publication:

  • L’appel est ouvert exclusivement aux "jeunes chercheurs", c’est-à-dire aux étudiants, doctorants, postdoctorants ou chercheurs en poste dont la thèse a été soutenue il y a moins de cinq ans, dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales
  • Les propositions d’articles (2500 signes maximum) seront envoyées à l’adresse suivante : ajcc.ctjc@gmail.com. Elles consistent en la présentation du sujet, l’énoncé des questions de recherche et des hypothèses, de la méthode employée, l’inscription de la proposition dans une démarche comparatiste et sa justification.
  • Les articles en eux-mêmes devront compter entre 7 000 et 10 000 mots maximum. Les étudiants de la licence/baccalauréat au mastère/maîtrise peuvent bénéficier d’un format spécifique, compris entre 3 000 et 6 000 mots.
  • Aucune publication ou expérience préalable n’est demandée.
  • La proposition doit être accompagnée de votre nom complet, de la ou les disciplines dans laquelle/lesquelles vous êtes inscrit ou diplômé, du nom de l’Université d’accueil et du laboratoire de rattachement, le cas échéant.
  • Les propositions acceptées seront réputées retenues en vue du numéro thématique des Cahiers Tocqueville des Jeunes Chercheurs, et donneront lieu à des articles soumis à la révision par les pairs.
    Une fois transmis, les articles seront anonymisés et transférés à un comité de relecture composé de jeunes chercheurs et/ou d’enseignants-chercheurs en exercice qui disposent des compétences nécessaires à son examen. Comme d’usage, ce comité émettra un avis et proposera des corrections s’il y a lieu.
  • L’article sera consultable en libre-accès sur notre site, sous licence Creative Commons BY-NC-SA. Cela signifie que l’article pourra être partagé et réutilisé, en partie ou en intégralité, à condition qu’il soit fait crédit de son auteur, de la source originale, et que les règles d’accessibilité correspondent à celles de notre revue: pour toutes et tous, gratuitement, et sans générer aucun profit. Il pourra être immédiatement publié sur les plateformes de science ouverte.
     

Cet appel est ouvert jusqu’au 15 avril 2023, et la publication est prévue en 2024.
Pour tout renseignement, contactez-nous à l’adresse ajcc.ctjc@gmail.com.