À une époque où la monotonie de la conformité apparaît particulièrement diffuse, l’anomalie se trace un chemin le long duquel elle engendre de multiples formes de déplacement, remodelant la résistance à/de l’unicité et remettant en jeu écarts et oppositions dans tous les domaines, littérature incluse. S’y installant, de manière plus ou moins discrète, ce dispositif met à l’épreuve la littérarité du texte : il interroge de près la manière de bâtir un réseau référentiel, perturbe identités et fonctions, décentre les narrations, prêt à faire dérailler les équilibres propres à la phrase. Ce point de détour prend ainsi en charge l’entrelacs construit par la page et explore jusqu’au pouvoir des marges d’où il provient, en assurant la survie du système lui-même. L’anomalie semble donc en mesure de narrer toutes les expériences possibles et de rendre évidente la pulsation de la création au cœur de l’entropie. À nous de savoir où, comment, pourquoi sa démarche risquée épouse la force des troubles et l’apparence des agencements qui amplifient la singularité de la littérature et assurent son renouvellement au cours de son indispensable accompagnement de l’homme.
Inédits de Pierre Bergounioux et Pierre Senges
Analyses critiques d’Isabelle Boisclair, Maxime Decout, Laurent Demanze, Camille Fallen, Christophe Reig, Marinella Termite
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Table des matières
Marinella Termite, L’art des anomalies
Pierre Bergounioux, De te fabula narratur
Camille Fallen, Littérature contemporaine et nouveaux anomalistes
Maxime Decout, Anomalies de lecture
Pierre Senges, Ordinaire infraction à l’ordinaire
Laurent Demanze, Idioties de Marcel Cohen
Christophe Reig, Turbulences : les programmes romanesques de L’Anomalie
Isabelle Boisclair, Femmes avec pénis
Marinella Termite, Les fils invisibles des existences : Camille de Toledo et les anomalies du quotidien
Résumés des contributions et notices sur les auteurs
Index des noms