On a souvent confronté la tradition critique issue de l’École de Francfort (incarnée notamment par Habermas) et la pensée critique de Foucault, autour de la problématique de la modernité et de la rationalité. Ce volume prend un autre chemin pour proposer des croisements entre les « pensées critiques ». Il met en dialogue l’École de Francfort, entendue dans la pluralité de ses courants, depuis le projet d’Adorno et Horkheimer jusqu’à son renouvellement par Habermas et Honneth, avec d’autres pensées qui ont émergé en France, issue de Foucault et d’Althusser, du poststructuralisme et de la déconstruction, mais aussi des penseurs défendant un « retour au politique » (Lefort, Castoriadis et Rancière). Il rend compte de la recherche en train de se faire sur la pensée critique, par des chercheuses et chercheurs de renoms (Oliver Marchart, Harmut Rosa, Axel Honneth, Daniel Loick et Eva von Redecker) mais aussi par de jeunes chercheurs développant des problématiques nouvelles.
Il résulte de ces perspectives franco-allemandes une interrogation sur le sens et l’efficace politique de la théorie critique. Souvent accusée de délaisser le politique, la théorie critique est analysée ici dans sa capacité à élaborer une critique de la démocratie mais aussi à prendre en charge une réflexion sur l’articulation de la théorie avec les conflits et luttes sociales ainsi que sur les enjeux institutionnels des démocraties contemporaines. Sous ce prisme, ce sont les catégories de la théorie critique (la solidarité, la coopération, mais aussi la critique) qui se trouvent reconsidérées et renouvelées.
Avec les contributions de : Atticus Carnell, Marcus Döller, Leonie Hunter, Oliver Marchart, Harmut Rosa, Axel Honneth, Daniel Loick et Eva von Redecker, Thor Veras.
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Katia Genel est maîtresse de conférences en philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directrice adjointe du Centre Marc Bloch à Berlin. Elle a publié Autorité et émancipation. Horkheimer et la Théorie critique, Payot, 2013 et Hannah Arendt. L’expérience de la liberté, Belin, 2016 ; ses recherches portent sur la sociologie et la philosophie françaises et allemandes contemporaines.
Niklas Plaetzer est doctorant en théorie politique à l’université de Chicago et à Sciences Po Paris. Il travaille sur la théorie politique contemporaine et l’histoire des idées. Ses recherches actuelles portent sur la tradition cachée d’un « internationalisme plébéien » au XIXe siècle, s’inspirant de la méthode critique de Miguel Abensour.