On dit souvent que notre époque est placée sous le signe de la crise : crises sanitaire, économique, sociale, épistémique mais aussi (et surtout) écologique et climatique. À ces deux dernières correspondrait une « crise de l’imagination », identifiée dès 1995 par Lawrence Buell. Crise irrésolue qui, deux décennies plus tard, préoccupe toujours l’écrivain Amitav Gosh (2016) : « the climate crisis is a crisis of culture, thus of the imagination ». Nous n’arriverions toujours pas à nous figurer, à penser, à rendre sensible la catastrophe en cours, dont les échelles biologique, géologique, planétaire nous confondent.
Face à ce prolongement des situations de crise, ce numéro d’Épistémocritique nous invite à remettre en question – ou en tout cas à compliquer – l’usage même de ce terme, qui par définition, désigne une situation passagère, vouée à se résoudre.
Crises : climat et critique, une introduction – Sarah Bouttier, Theo Mantion, Sarah Montin et Pierre-Louis Patoine
La critique saisie par les crises climatique et écologiques : l’écocritique comme remède, comme modèle, comme arme – Julie Sermon
Faire une littérature environnementale. Le pragmatisme à l’essai – Jonathan Hope
Géopoétique de la catastrophe. The Book of the Dead de Muriel Rukeyser – Elvina LePoul
Vivid Entanglements: Materializing Climate Crisis in Mainstream Poetry – Sarah Montin
“Infamy in the Air”: Toxic Climate, Racial Atmospherics, and the Politics of Contagion in the Literature of the Nineteenth-Century United States – Thomas Constantinesco
A Martial Meteorology: Carceral Ecology in Jesmyn Ward’s Sing, Unburied, Sing – Savannah DiGregorio
Du “Storm Cloud” à Vertigo Sea. L’art britannique au prisme de l’“angloseen” – Charlotte Gould et Sophie Mesplède
Jonathan Franzen: His Bird Solution – Béatrice Pire
William Golding, Gaia, and the Crisis Ecology of Lord of the Flies – Theo Mantion
« Quelque chose qui flotte, qui bouge… qui grouille… » Some Flows of the Formless in Late Anthropocene Fiction – Terry Harpold