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Barthes et la tragédie grecque

Barthes et la tragédie grecque

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

"Il n'y a pas d'œuvre complète", déclarait naguère Pierre Bayard, qui s'y connaissait. Roland Barthes souscrirait sans nul doute post mortem à l'adage : chaque année ou presque nous vaut quelques pages inédites. Christophe Corbier et Claude Coste donnent ainsi à lire, non pas au Seuil mais aux Classiques Garnier, son diplôme d’études supérieures, soutenu en 1941 à la Sorbonne sur les Évocations et incantations dans la tragédie grecque. Le futur théoricien y analyse les passages où les hommes grâce au chant appellent les dieux et les morts à se manifester. Resté enfoui dans un tiroir, cet opus de jeunesse dialogue désormais avec la totalité de l’œuvre de Barthes dont il révèle à la fois les permanences et les métamorphoses.

Christophe Corbier fait paraître dans le même temps, La coïncidence. Barthes, la Grèce, la Musique (Hermann). Il y montre comment un fantasme grec et méditerranéen a poussé dès 1936 à mettre en scène et à jouer Les Perses d’Eschyle à Paris et à Athènes. Très tôt, Barthes a uni sa passion pour la musique et son goût pour les auteurs anciens, pour Nietzsche, pour Gide, dans une pratique du théâtre originale. Dès lors, et pendant plus de quarante ans, il se tournera vers Platon, Aristote, Eschyle, Sophocle, Pyrrhon, vers Bach, Beethoven, Schumann, Webern, Cage, pour critiquer radicalement la civilisation "gréco-occidentale" au nom de la modernité.

Rappeler aussi l'édition séparée donnée par Laurence Bertrand Dorléac du bref essai Arcimboldo ou Rhétoriqueur et magicien, dans la précieuse collection "Tirés à part" des Éditions de la Sorbonne.

Photo : Groupe de théâtre antique de la Sorbonne, probable représentation des Perses d'Eschyle au Théâtre d'Épidaure, 1937. Coll. Leyhausen-Spiess, APGRD.