Dit de la force de la poésie. 100 poèmes de Paul Éluard (éd. M. Leroux, J. Pinguet, Ch. Vulliard)
À l’occasion de l’entrée dans le domaine public des œuvres d’Éluard publiées de son vivant, une anthologie pour parcourir l'ensemble de son univers poétique.
Amour, espoir et liberté : par son engagement littéraire et politique, Paul Éluard (1895-1952) s’est imposé comme l’une des grandes voix du XXe siècle. Ami de Breton et de Picasso, il a publié plus de quarante recueils poétiques, dont plusieurs témoignent de son dialogue constant avec d’autres arts. Si l’on retient souvent de lui les vers évoquant la figure de l’aimée, derrière laquelle se dessinent Gala, Nusch et Dominique, les écrits de cet éminent représentant du dadaïsme et du surréalisme dépassent largement ces étiquettes, car il a su trouver sa propre voie et son propre style. Rebelle face à toutes les oppressions et capable de retrouver sa confiance en l’avenir malgré les épreuves qu’il a subies, Éluard a été un ardent défenseur des beautés de la langue. Cette anthologie propose un choix subjectif de cent poèmes et se veut l’occasion de (re)découvrir une œuvre d’une infinie richesse et d’une force toujours vive.
Marjolaine Leroux (née en 1980), agrégée de Lettres modernes, est enseignante dans le secondaire. Passionnée de poésie et d’histoire de l’art, elle participe ici à sa première aventure éditoriale.
Jérémie Pinguet (né en 1993) est normalien et agrégé de Lettres classiques. Amoureux de tous les horizons de l’univers poétique, il est à l’origine du projet collectif de la « Bibliothèque poétique des femmes ».
Christine Vulliard (née en 1959), normalienne, agrégée de Lettres classiques et professeur en CPGE littéraires au lycée Édouard Herriot à Lyon, a publié divers ouvrages sur la littérature française.
Le titre de l’anthologie est un hommage au poème « Dit de la force de l’amour », l’un de nos préférés, que nous reproduisons ici :
Dit de la force de l’amour
Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l’injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d’Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l’espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s’éteindre
La vie toujours s’apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s’installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas
J’entends le feu parler en riant de tiédeur
J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé
Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d’être libre et je te continue.
13 avril 1947
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