Editos
Actualités
Un tréma d'union : Francis et Gabriële

Un tréma d'union : Francis et Gabriële

Publié le par Marc Escola

Artiste protéiforme, inclassable, cherchant à fuir les positions arrêtées, toute école et tout dogme, Francis Picabia (1879-1953) fut poète et écrivain comme il fut peintre, c’est-à-dire entièrement, librement, et éprouvant pour ses deux activités majeures la même attraction mêlée de rejet : "Je suis Picabia et c’est mon infirmité". Les éditions Seghers révèlent aujourd'hui ses Lettres et poèmes à Gabriële. Quand ils se rencontrent en 1908, Picabia a trente ans. Il éprouve un coup de foudre pour cette musicienne supérieurement intelligente. Elève de Vincent d’Indy, de Busoni, amie du jeune Varèse, Gabriële est une audacieuse, passionnée de théorie, tournée vers la modernité et l’esprit d’un temps marqué par les découvertes scientifiques, mais elle ne s’intéresse pas particulièrement à la peinture. C’est en elle pourtant que Picabia, aspirant au changement, mais encore peintre impressionniste à succès, trouvera l’interlocutrice idéale, celle qui lui permettra de se libérer des conventions, d’opérer sa mue artistique et de devenir bientôt l’auteur de la première toile considérée comme abstraite (Caoutchouc, 1909). Picabia se cherche. Gabriële envisage le pictural sous l’angle musical, comme une pure création de l’esprit, éloignée de toute représentation figurative. Picabia et Gabriële vivront ensemble près de quinze ans avant de divorcer en 1931, mais le lien ne s’interrompra jamais. Fabula vous invite à lire un extrait…