Isolée dans maternité déserte, en pleine épidémie de Covid, Claire Richard s'est demandé si son fils allait "naître dans un monde irrémédiablement appauvri, sans le droit de se toucher ni de se rencontrer". Le confinement a été levé, mais les "gestes barrières" sont restés, et la jeune mère a découvert l’immense continent des gestes de la maternité, tour à tour libérateurs et aliénants… Dans Des mains heureuses. Une archéologie du toucher (Seuil), l'écrivaine et documentariste livre ses réflexions sur ce qu'elle nomme les "architectures tactiles, celles qui nous entravent et celles qui nous portent". L’amour et la perte, la tendresse et la violence, la transmission et la rupture, la naissance et la mort : "et si l’on racontait notre vie sous l’angle des gestes qui la composent ? Des mains heureuses qui nous font et nous défont ?" Fabula vous invite à lire un extrait de l'ouvrage…
Rappelons le récent essai d'Herman Parret, La main et la matière. Jalons d'une haptologie de l'œuvre d'art (Hermann), qui s'interroge sur la mnière : comment la main donne-t-elle forme à la matière dans la pratique artistique ? Comment concevoir leur rapport dans la genèse d’une œuvre d’art ? H. Parret propose une relecture de la pensée esthétique à partir de questions durablement escamotées par ses historiens : au revers de l’oculocentrisme dominant s’est développée en effet, dès la naissance de l’esthétique au XVIIIe siècle, comme la face occulte d’un Janus, une haptologie de l’œuvre d’art qui détermine l’expérience esthétique comme essentiellement sensorielle et corporelle, et la pratique artistique comme le cheminement de la main trouvant son chemin au cœur de la matière. On peut lire dans Acta fabula un compte rendu donné par Florence Baillet, "À rebours de l’oculocentrisme : le toucher en esthétique".
La revue L'Atelier projette un numéro sur "Le Toucher", dont l'appel à contributions court jusqu'au 17 mars 2023.