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Anonyme, Hypothèse de la nouvelle philosophie, éd. Sylvain Matton

Anonyme, Hypothèse de la nouvelle philosophie, éd. Sylvain Matton

Publié le par Esther Demoulin (Source : Sylvain Matton)

Si la fortune de la philosophie de Descartes a été abon­dam­ment étudiée, celle de Gassendi, l’autre phare de la philosophie française de l’Âge classique, reste mal con­nue, et l’on se contente ordinairement de répéter avec Francisque Bouillier qu’elle “n’a fait, au XVIIe siècle, qu’une bien petite école, elle n’a régné que dans quelques salons suspects de libertinage d’esprit et de mœurs”. Rédigée au début des années 1670 par un partisan du chanoine de Digne, probablement un médecin catholique de Provence, l’anonyme Hypothèse de la nou­velle philosophie, éditée ici pour la première fois, invite à réviser ce jugement comme à comprendre ce qui cons­tituait la posture philosophique essen­tielle du gassen­disme : la liberté de philo­so­pher. Car tout en ad­hé­rant à un atomisme conforme jusque dans le détail à celui de Gassendi, l’auteur de Hypothèse de la nouvelle philosophie se place aussi sous l’égide d’autres grandes figures de la “nouvelle phi­losophie” qui ont toutes en com­mun d’avoir rompu avec la scolastique et d’avoir adop­té, cha­cune à sa façon, une concep­tion atomistique ou corpuscu­laire de la nature, à savoir Des­cartes, Mersenne, Regius, Rohault, Mai­gnan, Kircher, Van Hel­mont, Digby, et il le fait en aver­tis­sant qu’“il ne les suivra pas en disciple, c’est-à-dire en aveugle, mais en maître, exami­nant leur raisonnement et leurs expé­rien­ces par les siennes”. L’Hypo­thèse de la nouvelle philo­so­phie nous offre ainsi une des­cription précise des avancées et des dif­ficultés des sciences dans la seconde moitié du XVIIe siècle.