Si la fortune de la philosophie de Descartes a été abondamment étudiée, celle de Gassendi, l’autre phare de la philosophie française de l’Âge classique, reste mal connue, et l’on se contente ordinairement de répéter avec Francisque Bouillier qu’elle “n’a fait, au XVIIe siècle, qu’une bien petite école, elle n’a régné que dans quelques salons suspects de libertinage d’esprit et de mœurs”. Rédigée au début des années 1670 par un partisan du chanoine de Digne, probablement un médecin catholique de Provence, l’anonyme Hypothèse de la nouvelle philosophie, éditée ici pour la première fois, invite à réviser ce jugement comme à comprendre ce qui constituait la posture philosophique essentielle du gassendisme : la liberté de philosopher. Car tout en adhérant à un atomisme conforme jusque dans le détail à celui de Gassendi, l’auteur de Hypothèse de la nouvelle philosophie se place aussi sous l’égide d’autres grandes figures de la “nouvelle philosophie” qui ont toutes en commun d’avoir rompu avec la scolastique et d’avoir adopté, chacune à sa façon, une conception atomistique ou corpusculaire de la nature, à savoir Descartes, Mersenne, Regius, Rohault, Maignan, Kircher, Van Helmont, Digby, et il le fait en avertissant qu’“il ne les suivra pas en disciple, c’est-à-dire en aveugle, mais en maître, examinant leur raisonnement et leurs expériences par les siennes”. L’Hypothèse de la nouvelle philosophie nous offre ainsi une description précise des avancées et des difficultés des sciences dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Édition
Nouvelle parution
Publié le par Esther Demoulin (Source : Sylvain Matton)