Si ce dictionnaire peut apporter quelque chose, pourvu que ce soit cela : faire vaciller quelques certitudes et bousculer quelques a priori pour rendre à l’éloquence la grandeur qui est la sienne – celle du cœur. « C’est en commençant à écrire ce livre que j’ai compris à quel point mon sujet, que je croyais avoir circonscrit par des années d’études, était en réalité infini.
Je suis tombée dans l’éloquence comme d’autres dans la marmite. Très tôt, j’ai éprouvé le besoin de prendre la parole pour ceux que la société laissait de côté : le temps du journal du lycée est un peu loin, mais je le garde toujours dans un coin de mon cœur, comme le premier qui m’a permis de sortir de l’intimité de mes cahiers de poèmes.
Et puis il y a eu les premiers pas dans mon métier. Mutée il y a dix ans en Seine-Saint-Denis, je ne savais à quoi m’attendre, et j’ai découvert une tout autre éloquence que celle, académique, de mes années de formation.
C’est pourquoi vous trouverez dans ce dictionnaire plusieurs types d’entrées, qui tentent d’illustrer la plasticité de la notion.
Il était difficile de faire l’impasse sur les fondations antiques de l’éloquence, et sur leur résurrection au siècle classique : il faut rendre à César ce qui lui appartient.
Mais à ces entrées académiques répondent aussi les portraits de certains de mes élèves, ou de quelques proches qui incarnent à mes yeux l’un des visages de l’éloquence.
Il y a aussi dans ce livre un peu de notre monde actuel – celui qui fait réfléchir et avancer, pas celui qui périme en même temps que la polémique qu’il a instaurée.
D’autres entrées vous surprendront sans doute, ou vous sembleront à première vue hermétiques et, en l’occurrence, peu éloquentes. Ne les fuyez pas : volontairement mystérieuses, elles sont des portes d’entrée vers d’autres mondes qui vous seront sans doute plus familiers. C’est de cette manière que j’ai à mon tour cherché à gommer les frontières entre les multiples univers de l’éloquence.
Si ce dictionnaire peut apporter quelque chose, pourvu que ce soit cela : faire vaciller quelques certitudes et bousculer quelques a priori pour rendre à l’éloquence la grandeur qui est la sienne – celle du cœur. »
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