Écrire en petit, jouer en mineur. Marginalités littéraires, scéniques et médiatiques (1880-1914)
Écrire en petit, jouer en mineur. Marginalités littéraires, scéniques et médiatiques (1880-1914)
Colloque organisé par Marie-Astrid Charlier (UPVM3-RiRRa21-IUF) et Florence Thérond (UPVM3-IRIEC)
En partenariat avec La Baignoire
12-13-14 octobre 2022 – Université Paul-Valéry Montpellier 3
Site Saint-Charles 2 – Auditorium et salle 003-Caryatides
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Entre 1880 et 1914, nombreux sont les écrivain·e·s et les artistes à développer des pratiques et des postures que l’on qualifiera de mineures, parfois revendiquées comme telles, parfois subies parce qu’imposées par les rapports de force du champ littéraire.
Ces postures et ces discours s’articulent bien souvent à la promotion des « petits » genres et des petits formats qui circulent dans les cercles parisiens mais aussi dans les capitales euopéennes : nouvelle, conte, chanson, pièce en un acte, pantomime, monologue fumiste... Toutes ces petites formes développent des poétiques contre-panoramiques : écriture du détail, de la miniature, du « petit fait » vrai ou fantaisiste. Les poétiques du bref ont tantôt visé une représentation vraie du réel, avec un objectif de production de savoirs – historiques, ethnographiques, sociographiques, psychologiques, phénoménologiques – tantôt pratiqué une écriture autotélique. Mais qu’ils s’inscrivent dans un « réalisme sérieux » (Auerbach) ou qu’ils revendiquent un ludisme léger, les petits écrivains et artistes du tournant des XIXe et XXe siècles ont érigé le petit en attitude, en style de vie et en écriture.
Cependant, à mesure que l’espace public se libéralise, le sens de ces postures et poétiques en mineur se modifie : se situer en marge (contrainte ou choisie), se replier sur des logiques de groupes restreints, pratiquer des genres brefs, tous ces positionnements n’ont pas la même signification au début des années 1880, marquées encore par une forte censure en France, ou à la Belle Époque, quand libéralisation et liberté d’expression gagnent du terrain et que les circulations à l’échelle européenne s’intensifient.
Le colloque propose ainsi de réfléchir aux liens entre littérature, presse et scène pour apporter à l’histoire culturelle et théâtrale et y réévaluer la place des petits écrivain·e·s, des artistes en marge, des genres mineurs – souvent minorés – et des écritures de la brièveté qui ont été largement invisibilisées.
Programme
Mercredi 12 octobre 2022 (Auditorium)
9h : Accueil des participant·e·s
9h15 : Mot d’accueil de Marie-Ève Thérenty, directrice du RiRRa21, et de Michel Boeglin, directeur de l’IRIEC
9h30-9h45 : Introduction, par Marie-Astrid Charlier et Florence Thérond
9h45-10h30 : Conférence inaugurale de Jean-Claude Yon (EPHE)
Pause
Session 1 : Jouer et écrire « à côté »
Présidence : Corinne Saminadayar-Perrin, Université Paul-Valéry Montpellier 3
11h-11h30 : Olivier Bara (Université Lyon 2), « Un “théâtre à côté” : le Cercle des arts intimes (1880-1884) »
11h30-12h : Marianne Bouchardon (Sorbonne Université), « Les marges de la critique dramatique dans les revues théâtrales de la Belle-Époque »
12h-12h30 : Didier Plassard (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Quand le majeur devient mineur : marionnettes et drame religieux dans les cercles littéraires et artistiques de la fin du XIXe siècle »
Buffet
Session 2 : En piste !
Présidence : Marie-Astrid Charlier, Université Paul-Valéry Montpellier 3 / IUF
14h30-15h : Ariane Martinez (Université de Lille), « « Clownesse(s) fin de siècle : sur les traces d’une actrice mineure devenue personnage mythique »
15h-15h30 : Alix de Morant (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Boum Boum. Le rire médecin »
15h30-16h : Agathe Giraud (Université de Franche-Comté), « Le saltimbanque, petit artiste ou grand esprit ? »
16h-16h15 : Discussion
Pause
Session 3 : De vive voix
Présidence : Clément Dessy, (FNRS/Université Libre de Bruxelles)
16h30-17h : Agnès Curel (Université Lyon 3), « Bonimenter : parole mineure, effet majeur ? Sur l’art du boniment forain dans la deuxième moitié du XIXe siècle »
17h-17h30 : Violaine François (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Petits genres et paroles vives : Jules Jouy, un transfuge exemplaire des petites scènes parisiennes de la fin du siècle »
17h30-17h45 : Discussion
Dîner en ville à 20h
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Jeudi 13 octobre 2022 (003 Caryatides)
Session 4 : Formes illégitimes et stratégies de légitimation I
Présidence : Pénélope Dechaufour, Université Paul-Valéry Montpellier 3
9h-9h30 : Nathalie Coutelet (Université Paris 8), « Quatre mains pour un acte : les pièces co-écrites par des femmes à la Belle Époque »
9h30-10h : Sophie Courtade (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « L'art des ombres au Théâtre du Chat Noir : du scénario fumiste au récit épique »
10h-10h30 : Elisabeth Le Corre (Université Paris-Est Créteil), « Le monologue téléphonique : une invention mineure ? »
10h30-10h45 : Discussion
Pause
Session 5 : Formes illégitimes et stratégies de légitimation II
Présidence : Marie-Ève Thérenty, Université Paul-Valéry Montpellier 3
11h-11h30 : Julien Schuh (Université Paris Ouest Nanterre), « Une culture “à côté”. L’écosystème avant-gardiste fin de siècle »
11h30-12h : Marie-Cécile Schang-Norbelly (Université de Bretagne-Sud), « L’artifice au secours de la nature : l’idylle dans quelques formes scéniques mineures (1898-1918) »
12h-12h30 : Corinne François-Denève (Université de Haute Alsace), « Jacques Lemaire, le faiseur de théâtre »
12h30-12h45 : Discussion
Buffet
Session 6 : Au Théâtre-Libre
Présidence : Florence Thérond, Université Paul-Valéry Montpellier 3
14h30-15h : Marie-Astrid Charlier (Université Paul-Valéry Montpellier 3 / IUF), « La scène des refusés. L’avant-garde naturaliste au théâtre »
15h-15h30 : Marthe Segrestin (Sorbonne Université), « Les Quarts d’heure de Guiches et Lavedan: bluettes ou révolution ? »
15h30-15h45 : Discussion
Pause
Session 7 : Échelles naturalistes
Présidence : Paul Aron, Université Libre de Bruxelles
16h-16h30 : Corinne Saminadayar-Perrin (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Terrains à vendre au bord de la mer : grand art, petits spectacles »
16h30-17h : Eva Le Saux (Université Sorbonne Nouvelle), « Du monde en miniature à la miniaturisation du monde : les figurants dans les œuvres des “petits” naturalistes »
17h-17h15 : Discussion
Soirée « Cabaret » à La Baignoire à partir de 19h30 / Spectacle des étudiant·e·s du Master Lettres sous la houlette de Béla Czuppon
(7, rue Brueys, Montpellier)
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Vendredi 14 octobre 2022 (003 Caryatides)
Session 8 : Circulations des petites formes en Europe I
Présidence : Julien Schuh, Université Paris Ouest Nanterre
9h30-10h : Florence Thérond (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Peter Altenberg et le cabaret viennois Fledermaus »
10h-10h30 : Evanghelia Stead (Université Versailles Saint-Quentin), « Les petits Faust, une marge de revalorisation ? »
10h30-11h : Philippe Wellnitz (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Les pièces en un acte d’Arthur Schnitzler, un tournant vers la modernité engagée »
11h-11h15 : Discussion
Pause
Session 9 : Circulations des petites formes en Europe II
Présidence : Marie Bourjea, Université Paul-Valéry Montpellier 3
11h30-12h : Philippe Marty (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Sonnéant (petite forme : Jules Laforgue) »
12h-12h30 : Clément Dessy (FNRS/Université Libre de Bruxelles) : « La traduction chez les symbolistes : une pratique d’écriture en mode mineur ? Les cas d’Alfred Jarry et de Marcel Schwob »
12h30-12h45 : Discussion
Buffet
Session 10 : Marges et petites formes médiatiques
Présidence : Amélie Chabrier, Université de Nîmes
14h30-15h : Yoan Vérilhac (Université de Nîmes), « Taille S des produits culturels fin-de-siècle : quelle reconfiguration des formats de fictions à la Belle Époque ? »
15h-15h30 : Jade Pétrault (Université Paul-Valéry Montpellier 3), « Gustave Téraube, un élu local en quête de notoriété médiatique et littéraire »
15h30-15h45 : Discussion
Pause
16h-16h30 : Paul Aron (Université Libre de Bruxelles) : « Le théâtre du Gardenia: quinze années au service d’un théâtre en mode mineur (mais international) »
16h30-17h : Leïla de Vicente (Université Paul-Valéry Montpellier 3 / Université Laval), « “C’est une bien petite histoire, mais c’est de l’histoire”. Contes des marginaux dans les journaux (1906-1913) »
17h : Discussion et fin du colloque.