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Appel à contributions pour ouvrage collectif sur la poétique des lieux imaginaires (revue Akofena)

Appel à contributions pour ouvrage collectif sur la poétique des lieux imaginaires (revue Akofena)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Escoffier-Ulrich KOUASSI)

Appel à contributions pour un livre collectif

sur la

Poétique des lieux imaginaires 


   L’histoire de la littérature regorge de nombreux écrivains dont les œuvres de création procèdent de lieux géographiques montés de toutes pièces. La pratique littéraire est asservie à une inventivité à grande échelle où le réel cède le pas aux largesses d’un imaginaire qui ne se soucie guère des franchises de la logique. Michel Raimond (1988 : p.8) parle de « pays de Romancie » et formalise sous cette concepture du tout possibilisable les effets d’une permissivité créationnelle agressive. Cette praxis est si courante qu’une pléthore d'espaces fabuleux, de contrées magiques, de sites chimériques et de lieux mythiques informent une topostructure originale et fascinante. 

   Depuis l’Antiquité, en effet, certains auteurs inventent des mondes imaginaires, comme ce fut le cas avec Homère dans L’Odyssée. Dans cette œuvre qui fait partie des premiers récits de voyage, l’auteur fait mention de territoires labyrinthiques, de dédales et souvent d’îles merveilleuses. Les textes de Calypso ou de Sindbad mêlent des lieux réels tels l’Inde et le Ceylan à plusieurs endroits imaginaires. De la Renaissance au XXIe siècle, le thème de l’ailleurs, du monde imaginaire, dantesque, fantasmagorique est une inépuisable source d’inspiration pour les auteurs. 

   Ainsi, au XVIe siècle, dans Pantagruel, Rabelais fait habiter quelques-uns de ses personnages, en l’occurrence Pantagruel et Panurge ainsi qu’un certain Xénomanès « grand voyagier et traverseur de voyes périlleuses », dans un espace réservé, voire insolite, auquel il donne le nom d’Utopie. Ainsi, lorsqu’ils vont consulter l’Oracle de la Dive Bouteille, ces héros quittent ce lieu de nulle part pour son annexe légendaire, le « pays des Phées ». À côté de cet écrivain, de nombreux autres font mention de lieux fictifs et de régions chimériques dans leurs œuvres. 

     Au XVIIIe siècle, l’on assiste à une floraison de textes organisés autour d’espaces imaginaires opulents et idylliques comme c’est le cas dans Candide où Voltaire évoque le pays d’Eldorado dont le nom exprime l’intérêt porté à ce qui est étranger, insolite et symbolise un pays merveilleux d'abondance et de délices. Montesquieu dans ses Lettres persanes, Marivaux et Lesage s’inspirent de cette essence et de cette fabrique des espaces paralogiques dont l’intelligence et le fonctionnement s’adossent, soit à une topographie déroutante, soit à une topotésie éclairée. Après l’époque des grandes découvertes et surtout avec la colonisation des territoires inexplorés, la littérature - préromantique et romantique - introduit, avec des auteurs comme Tavernier, Chateaubriand, Bernardin de Saint-Pierre et autres, des récits de voyages et décrit des territoires lointains voire méconnus où la fascination le dispute à la tératologie et à l’eschatologie. C’est bien au XVIIIe siècle que les manuscrits des Mille et une nuits sont ramenés pour la première fois en Occident ; ces contes orientaux condensant tout un univers magique et donnant forme à une cartographie prodigieuse. 

       Le XIXsiècle consacre littéralement l’explosion de cette tendance littéraire. L’invention de mondes parallèles devient monnaie courante pour fustiger les travers de la société. Les univers imaginaires en tous genres - et trans-genres - prolifèrent et se multiplient au regard d’un certain nombre de principes nouveaux : "Les règles fondées sur l’usage et sur l’autorité des Anciens cessent de s’imposer. La doctrine de Boileau, les théories sur la distinction des genres et la noblesse du style sont rejetées. On attache désormais du prix à l’originalité qu’à la recherche du beau et de la perfection. L’imagination évince la raison ; aucun motif n’est exclu de l’esthétique moderne : on admet le grotesque, le trivial, même le laid" (G. De Plinval, 1984 : p. 156). C’est dire alors que l’intérêt du récit tient désormais, pour une part importante, à l’originalité, à l’imagination descriptive, exotique, historique, visionnaire, fantastique. Dans la même dynamique, les espaces géographiques - dans toutes littératures - apparaissent comme facteur incontournable, inévitable parce que l’imaginaire spatial correspond « à la nature terrestre et empirique telle qu’elle prenait forme dans nos représentations grâce à notre intuition spatiale » (Berdoulay V., 1988 : p. 51). 

       En 1998, un ouvrage collectif apparaît et son titre est fort significatif : Les mots de la terre. Géographie et littératures francophones. Il démontre que la question des lieux imaginaires n’est pas spécifique à des écrivains d’une seule littérature ou d’une seule époque ; elle est, pour ainsi dire, le propre de la création littéraire et artistique. Les chefs d’oeuvre du XXIe siècle se situent dans la continuité du siècle précédent avant d'être marqué par un désir poignant de remise en cause du genre. Ils se métamorphosent et empruntent des voies certes différentes, mais la place des géographies imaginaires demeure incontournable même si le Nouveau Roman et le roman postmoderne ne se soumettent à aucune norme. D’ailleurs, convaincus que les espaces inventés de la fiction ont une part de réalité, Alberto Manguel et Gianni Guadalupi ont publié un Dictionnaire des lieux imaginaires en 2001. Ils y répertorient bon nombre de pays nés de l’imaginaire, de mondes inventés par les artistes. Élaborée avec minutie, cette riche encyclopédie, non exhaustive, est également prétexte à découvrir – ou redécouvrir –, comme autant d’îles au trésor, des œuvres et des auteurs illustres ou plus secrets.

        L’objectif de ce livre collectif est de croiser les regards transitoires de plusieurs spécialistes sur des fondements sociologique, politique, philosophique, historique, juridique, géographique, littéraire, culturel et esthétique des lieux imaginaires. Lieux qui continuent d’être imaginés au gré des productions tous azimuts.

        Les axes de réflexion non exhaustifs sont les suivants : 

-   AXE 1 : Les lieux inventés (les décors imaginaires)

-   AXE 2 : Approches sémiotiques des lieux imaginaires ;

-   AXE 3 : Esthétique des espaces imaginaires

-  AXE 4 : Espaces génériques (plastique, musique, sculpture, peinture,  etc.) 

-   AXE 5 : Les lieux imaginaires de la représentation scénique  (théâtre)

-  AXE 6 : Utopies, dystopies, uchronies ;

-  AXE 7 : Espaces de l’ut pictura poesis ;

-  AXE 8 : Les sémiosphères ;

-  AXE 9 : L’absence de lieu et/ou les non-lieux

-  AXE 10 : gigantisme des topoï, futurisme fictionnel, tératologie et eschatologie

NB : Ces axes sont indicatifs ; toute proposition en rapport avec le thème du lieu imaginaire et de son inscription dans un courant de pensée artistique ou philosophique, de même que dans une historicité ou une thématologie spécifique sera appréciée.

Les propositions de texte doivent être rédigées en français et sont à envoyer à l’adresse électronique suivante : ulrichkouassi@yahoo.fr d’ici au 15 novembre 2022.

Dans le cas où la proposition est retenue, l’article sera à remettre impérativement avant le 30 novembre 2022 pour une publication fin décembre 2022.

Responsable : Escoffier-Ulrich KOUASSI 

https://www.revue-akofena.com/ouvrage-collectif/

Adresse : Korhogo, Côte d’Ivoire

Comité scientifique 

Pierre N’DA, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan 
Adama COULIBALY, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny
Jean-Marie KOUAKOU, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny
Roger Dého TRO, Professeur Titulaire, Université Alassane Ouattara 
AMANGOUA Philip, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny
Pascal MINDIÉ, Professeur Titulaire, Université Alassane Ouattara 
Claude DÉDOMON, Professeur Titulaire, Université Alassane Ouattara 
Amara COULIBALY, Professeur Titulaire, Université Alassane Ouattara 
Ano BOADI, Maître de Conférences, Université Alassane Ouattara 
Raphaël Yao KOUASSI, Maître de Conférences, Université Peleforo Gon Coulibaly
Assanvo  DYHIE, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët-Boigny
Antonin ZIGOLI, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan
Saty Dorcas DIOMANDÉ, Maître de Conférences, Université Peleforo Gon Coulibaly
Edmond N’Guetta KESSE, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët-Boigny
Escoffier-Ulrich KOUASSI, Maître-Assistant, Université Peleforo Gon Coulibaly
Didier Ano BROU, Maître-Assistant, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan
Rosine GNAMIEN, Maître-Assistant, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan
Anicette ASSI, Maître-Assistant, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.