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Appels à contributions
Photographie, perceptions visuelles et esthétique (Revue Sēmēion Med)

Photographie, perceptions visuelles et esthétique (Revue Sēmēion Med)

Publié le par Marc Escola (Source : Abdellah ROMLI)

Appel à contribution au numéro 8 (Février 2023) de la Revue Sēmēion Med :

"Photographie, perceptions visuelles et esthétique"

 
Il est certain que l’invention de la photographie a enclenché un processus de profonde remise en question des modes de création visuelle. Face à cette émergence, les peintres ont adopté une double posture : celle de l’éloignement progressif de la réalité d’un côté et de l’autre, celle de la recherche d’un réalisme absolu. Alors que dans le même temps, la photographie a, patiemment, posé les marques de son statut de médium artistique par des recherches visuelles inédites. Aussi photographes et peintres ont-ils cessé de perpétuer la tradition de la figuration, pour se lancer joliment dans le domaine de l’expérimentation et de l’abstraction. Dans les deux domaines, le principe moteur a été de mobiliser la technique pour présenter des visuels nouveaux.

En photographie, cela s’est traduit par des altérations chimiques, la recherche des hasards et de l’imprévu, à l’instar des réalisations du peintre et graveur expressionniste norvégien Edvard Munch (1863-1944). La photographie s’ouvrait, de ce fait, sur les moments décisifs de l’art moderne, comme l’abstraction et la conceptualisation. La première technique phare en est le photogramme, qui est la simple empreinte d’un objet sur une surface sensible exposée. Les réalisations d’artistes comme Raoul Hausmann (1886-1971), photographe et plasticien dadaïste autrichien ou Luigi Veronesi (1908-1998), peintre, photographe et scénographe italien, dont les travaux sont en résonnance avec les tableaux, de la même époque, de Lioubov Popova (1889-1924), styliste et peintre constructiviste et cubo-futuriste de l’avant-garde picturale russe ou d’Olga Rozanova (1886-1918), peintre et sculptrice russe, membre du mouvement avant-gardiste ‘’suprématiste’’.

Dès lors, il n’était plus possible de considérer la photographie comme un art mineur ou secondaire par rapport aux arts plastiques et au cinéma. Elle avait, depuis longtemps, acquis ses lettres de noblesse avec les pionniers de la photo, tels que Edward Steichen (1879-1973), Man Ray (1890-1976), André Kertész (1894-1985), Henri Cartier-Bresson (1908-2004), Robert Doisneau (1912-1994), Robert Capa (1913-1954), Elliot Erwitt (né en1928) et bien d’autres encore.

L’image photographique est tout-à-la fois une technique et un langage. Ce langage possède sa propre syntaxe, ses éléments de vocabulaire et ses figures de style. A l’instar du langage parlé, celui de l’image photographique a bien évolué avec le temps puisque de simple instantané de la réalité (genre album familial), il en est devenu le miroir puis l’expression d’une certaine modernité ; et enfin, volant de ses propres ailes, loin des influences de la peinture, avec le mouvement pictorialiste, il a développé ses propres codes herméneutiques de saisie et de compréhension du monde.

C’est pourquoi, dans le décryptage sémiologique ou rhétorique de la photographie, il est important de considérer, parallèlement à la production et à la réception, les contextes socioéconomique, culturel et politique dans lesquels se situe l’oeuvre au moment de sa création puis de sa diffusion. Avec le recul, il est alors possible d’observer cette évolution et d’en distinguer la construction figurative et sous-jacente.

En définitive, quelle que soit sa fonction, comme témoignage, argument, allégorie ou expression poétique, l’image photographique recèle un message qui doit être saisi, via les sens ou l’intellect, par le récepteur. Sens caché derrière le symbolisme, simple ou sophistiqué, d’un cliché ou alors lecture évidente et inhérente de l’argumentation publicitaire moderne, les créateurs d’images n’hésitent pas à recourir aux procédés et figures de la rhétorique pour atteindre leur objectif, celui d’étonner, de questionner ou d’émouvoir.

Aussi, peut-on proposer à la réflexion des chercheurs les axes suivants : 

1. Quels rapports la photographie entretient-elle avec le réel ? 

2. Comment la photographie arrive-t-elle à sublimer la réalité, voire à la transfigurer ? 

3. Quelle est la spécificité d’une œuvre photographique ? 

4. Quel impact pourrait avoir le numérique sur l’esthétique photographique ? 

5. En quoi l’art photographique est-il au cœur de l’art contemporain ? 

6. Que type de modernité, la photographie entend-elle incarner ? 

 Délais de soumission : 

- Le 30 octobre 2022 : Soumettre Titre + Abstracts + Mots-clés (en Français et en Anglais) + Bibliographie succincte. 

- Le 30 novembre 2022 : Soumettre Texte intégral, après approbation du Comité éditorial de la revue.

- Adresses à contacter : 

El Mostafa Chadli : chadli_elmostafa@yahoo.fr 

Abdellah Romli : abdellah.romli@uit.ac.ma