Essai
Nouvelle parution
Xavier Garnier, Écopoétiques africaines. Une expérience décoloniale des lieux

Xavier Garnier, Écopoétiques africaines. Une expérience décoloniale des lieux

Publié le par Nicolas Geneix

Compte rendu publié sur Acta fabula (vol. 24, n° 7) : « Résistances écopoétiques dans les littératures africaines », par Eloïse Brezault

La lecture écopoétique des littératures africaines s’intéresse aux moments où des textes se nouent à des lieux pour lancer l’alerte sur un état du monde menacé par une catastrophe écologique dont la genèse coloniale reste encore peu explorée.

Parce que l’extractivisme qui a présidé à l’aventure coloniale a soumis le continent à une gigantesque opération de zonage dont il souffre encore aujourd’hui, se réclamer des lieux est un enjeu important pour les littératures africaines.

Dès la première moitié du XXe siècle, des écrivains anticolonialistes ont cherché à capter la puissance des lieux pour mener leur combat contre l’exploitation économique et la réification culturelle. Les trois poétiques présentées dans cet ouvrage sont les phases d’un même processus décolonial qui affirme une expérience des lieux : donner corps aux lieux pour défaire les territorialités impériales ; détourner les hyper-lieux pour enrayer la fluidité du marché global de l’image ; laisser résonner les hypo-lieux pour rompre le silence du déni.

Revisitant l’histoire littéraire africaine, Xavier Garnier livre une lecture écopoétique d’auteurs aussi divers que Senghor, Ahmadou Kourouma, Ben Okri, Yvonne Vera, Ngugi wa Thiong’o ou encore Sinzo Aanza et Abdourahman Waberi.

 Xavier Garnier est professeur de littérature à l’université Sorbonne Nouvelle et membre senior de l’Institut universitaire de France (IUF). Ses recherches portent sur les littératures africaines, la théorie du roman, la géocritique et l’écopoétique. Il est l’auteur notamment du Roman swahili (Karthala, 2006) et de Sony Labou Tansi. Une écriture de la décomposition impériale (Karthala, 2015).

Table des matières :

Introduction 

Première partie. Toucher les lieux

1898 – Fachoda

Chapitre 1. La morsure des lieux

Chapitre 2. Trois écopoétiques du natal

Chapitre 3. Construire le pays à partir des lieux

Deuxième partie. Voir les hyper-lieux

1984 – Korem

Chapitre 4. Les lieux visibles de l’Afrique globale

Chapitre 5. L’oralité sous la focale de la tradition

Chapitre 6. L’hyper-visibilité des villes africaines

Troisième partie. Entendre les hypo-lieux

2019 – Nouadhibou

Chapitre 7. Résonance des disparus

Chapitre 8. Contrer la sorcellerie extractiviste

Chapitre 9. Sous le couvert de la forêt

Conclusion

Index des écrivains

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Ce que l’Afrique apporte à l’écopoétique", par Ninon Chavoz (en ligne le 17 septembre 2022)

L’essor des études écopoétiques n’est plus à démontrer : leur émergence et leur développement contribuent, selon les termes de Pierre Schoentjes, à « répondre à la place toujours grandissante que les problématiques liées à la nature et à sa préservation occupent dans la littérature des dernières années » (Ce qui a lieu. Essai d’écopoétique, 2015). L’essai de Xavier Garnier croise ces préoccupations avec les théories postcoloniales et décoloniales volontiers sollicitées, depuis les années 1980, pour lire les littératures non occidentales. Le résultat est une histoire littéraire africaine d’un nouveau genre, qui dépasse les frontières nationales et linguistiques pour mieux s’insérer dans la réalité des lieux.