Dans les années 1970, lorsqu’on demandait « qui parle ? », il s’agissait de questionner les sciences et leurs procédures, la légitimité des autorités, le fondement des identités, les institutions représentatives et jusqu’à l’histoire du cinéma ou de la littérature. Mais aujourd’hui, à l’âge de l’Anthropocène, la voix silencieuse du monde a rattrapé les humains.
Poser la question « Qui parle ? » signifie désormais élargir la scène des savoirs et de la politique à tous ceux qui, parce qu’ils ne disposaient pas de la parole, ne pouvaient y être inclus – animaux, végétaux, objets ou machines. Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós répondent à cette question par un manifeste pour une politique du silence qui est aussi bien une cartographie de ses moyens possibles : celle des procédés de traduction, des formes nouvelles de citoyenneté, d’écodiplomatie, d’attention ou de porte-parolat avec lesquels militants, artistes et penseurs cherchent à donner une voix à ce qui n’en a pas.
SOMMAIRE
Introduction
« D’où tu parles, camarade ? »
Le cinéma comme agonisme
Retourner le dispositif
Peuvent-ils parler ?
Une seconde vie
Silences
Refaire la boucle
Ghost in the machine
Pratiques cosmomorphes de l’art
Un tournant assembléiste
Figures des relations
La transparence
Une attention retrouvée
Traduire
Témoigner
Ester (en justice)
Représenter
Vers une Gaïacratie
Vers une démocratie plus qu’humaine
Only Paradoxes to Offer
Homothétie
Pour une politique du silence
D’une morale du minoritaire …
… à une politique du silence
Aliocha Imhoff est maître de conférences en arts plastiques à l’université Paris 8.
Kantuta Quirós est professeure de théorie de l’art à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne.
Ensemble, ils sont curateurs, théoriciens de l’art, cinéastes, directeurs de la plateforme « le peuple qui manque » œuvrant entre art et recherche.