Essai
Nouvelle parution
Marie-Paule Farina,

Marie-Paule Farina, "Voilà comme j'étais". Autobiographie posthume de Sade

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Editions des instants)

Avec cette autobiographie fictive, vivante et documentée, Marie-Paule Farina offre, « de l’intérieur », des perspectives originales sur la vie, la pensée et l’écriture de Sade. Elle souligne notamment l’importance du théâtre, des origines de noble provençal de Sade et de ses enfermements successifs, pour la plupart illégaux, pour saisir son écriture et sa trajectoire singulière. En prenant la plume à la place de Sade, l’auteur donne un portrait particulièrement incarné d’un Sade traversant l’histoire (de la royauté à l’empire, en passant par la révolution), le peignant en ayant constamment en tête la phrase de Vauvenargues : « A quoi bon rendre malheureux ceux qu’on ne peut rendre bons. »

AUTEUR : Marie-Paule FARINA est philosophe et essayiste. Elle a écrit, sur Sade : Le Rire de Sade. Essai de sadothérapie joyeuse (Coédition Institut Charles Cros/l’Harmattan, 2019), Sade et ses femmes. Correspondance et Journal (Éd. François Bourin, 2016), Comprendre Sade (Éd. Max Milo, 2012).

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Christian Lacombe a fait parvenir à Fabula cette note de lecture à propos de ce livre : 

Voilà, comme j’étais

Je pourrais débuter cette page en annonçant que nous venons de retrouver un manuscrit inédit du Marquis de Sade, celui de ses mémoires ! Et dans le même élan, je me ferais un plaisir d’annoncer que dès les premières lignes, j’ai été ravie de trouver la confirmation de ce que j’avais imaginé être la vie de cet homme. Nous avons tous, lecteurs et lectrices de Sade, espéré assister à une telle découverte, évidemment… Eh bien, dans l’attente de cet évènement, en écrivant cette autobiographie fictive, Marie-Paule Farina a répondu à notre espoir !

On croit tout savoir de Sade, par réaction automatique au nombre de publications à son sujet. Mais le temps fait son œuvre, les découvertes concrètes s’accumulent, l’histoire dissout les fantasmagories et certaines lectures le révèlent plus que d’autres. Longtemps, le marquis de Sade est demeuré prisonnier de sa propre légende. Sujet d’horreur pour les uns et d’idolâtrie pour les autres, il apparaît à tous comme un cas unique, un auteur « illisible » et un individu sulfureux. Sauf, qu’à trop vouloir l’entourer de mystère et poursuivre la construction d’une légende, les idolâtres (suiveurs des surréalistes) ont réussi à entraver l’approche de cet homme en croyant pourtant le réhabiliter. Quant aux censeurs implacables, qui se relaient maintenant depuis plus de deux siècles, désolé, mais vous l’avez enfermé de son vivant pendant près de trente ans, et maintenu dans l’ombre le siècle suivant, alors maintenant qu’il est libéré, vous allez avoir du mal à le faire taire ! Marie-Paule Farina est sans doute la seule spécialiste de Sade (A ce niveau de connaissance, le nom de spécialiste n’a rien de pompeux) qui n’utilise pas l’œuvre et la vie romanesque du marquis pour projeter ses désirs ou ses convictions politiques ou morales. Et c’est là que sa lecture prend toute sa pertinence. Marie-Paule Farina a lu l’œuvre de Sade, la correspondance, le journal et toutes les archives qui entourent la vie de cet homme, pour nous donner une histoire de son existence ou le moindre détail correspond à la réalité d’un dire ou d’un fait. Pour la première fois depuis la grande biographie de Maurice Lever, Marie-Paule Farina propose un livre qui considère Sade sous l’angle de la recherche historique, sans fausse pudeur, mais également sans complaisance. En s’insérant toute entière dans la peau et dans la tête de Sade, elle ne peut ni condamner ni absoudre, pas plus qu’elle ne cherche à le faire se justifier. Elle présente un marquis de Sade homme de lettres qui décide de raconter sa vie d’abord pour lui, pour que les choses soient plus claires. Comme une façon de revivre son existence et d’envisager ce qu’il peut encore écrire (les notes sur La Marquise de Gange, Adelaïde de Brunswick et Isabelle de Bavière comme futurs projets littéraires, sont savoureuses !) pour achever son œuvre et s’apercevoir qu’il finira ses jours, certes encore enfermé, mais « entouré de deux reines, mon amie [Constance Quesnet] et la petite Madeleine[1]. »

Le titre, Voilà, comme j’étais est d’une grande justesse, car on trouve un homme qui défend ses idées et ses passions. Une plus particulièrement, celle du corps humain, celui des autres et le sien. Les romans de Sade sont les livres les plus intraitables et les plus inspirés jamais écrits sur la jouissance que peut provoquer cette substance. Le corps de Sade est lui-même une aventure permanente où rien n’est jamais arrêté ni acquis, mais toujours à l’étude, surtout lorsque le politique s’attaque à lui, comme le remarque finement Marie-Paule Farina : « Tous ceux qui ont tourné notre regard vers le haut, le loin, ont profité du détournement de notre attention pour s’emparer de notre corps oublié, dénigré, abandonné aux aiguilles de tous les bourreaux y cherchant avec délectation une quelconque marque du diable[2]. » L’auteure du Rire de Sade[3] accorde une grande attention aux valeurs que le marquis a défendues, comme celles du plaisir, de la liberté et du jeu de la comédie : « Je n’aimais rien de plus au théâtre que les grandes tirades amoureuses, et il suffisait à une actrice de bien jouer son rôle, pour que j’en tombe immédiatement amoureux[4]. » En se mettant dans son esprit avec pour bagage toute sa correspondance, Marie-Paule Farina montre un homme profondément ancré dans son siècle, qui garde les manières de son milieu, c’est-à-dire de grand seigneur, mais qui devient irascible dès que l’on contraint sa liberté de pensée ou de mouvement : « Enfin, je voulais quel que soit le risque rentrer chez moi et le dimanche 23, comme poussé par une main plus forte que moi, tant il est vrai qu’il est impossible d’échapper à son sort, je tombai dans une espèce d’agitation si violente qu’il n’y eu personne d’un peu connaisseur qui n’eût vu dans cet état cruel le tombeau de ma malheureuse liberté[5]. »

 

C’est des femmes que tout dépend

En décrivant de l’intérieur les réactions aux frustrations qui lui sont infligées, Marie-Paule Farina révèle un personnage à la personnalité complexe, où la sensualité se dispute avec la révolte, tout cela s’expliquant par le vaste sentiment de solitude d’un homme qui aime plus que tout le rire. La question qui demeure à l’origine de cet ouvrage est de savoir qui est Donatien Alphonse François de Sade ? Parce que savoir qui est vraiment cet homme change beaucoup de choses. Et pour le savoir, rien de mieux que de se pencher dans la correspondance avec les femmes de sa vie qui est présente dans toute cette autobiographie. Il est temps de rappeler qu’avant de se mettre dans la tête de Sade, Marie-Paule Farina a scrupuleusement lu la correspondance de Sade avec ses femmes, au point d’en faire un livre[6]. À partir du moment où l’on découvre quel type de relation il a entretenu avec chacune d’elles, plusieurs fantasmes sont balayés. Et sur ce point précis, on peut dire qu’elle s’est sérieusement penchée sur la question. Désolé pour ceux et celles qui voulaient absolument voir en Sade un tordu (un de plus !), un pervers à la sexualité débridée, un pornographe irrespectueux avec la gent féminine, mais en dehors des prostitués avec qui il s’est permis quelques libertés qui ne correspondent pas à une sexualité normalisée et aseptisée, Marie-Paule Farina présente simplement un homme qui aime les plaisirs : « J’aime le sucré, les laitages, les fruits et toutes les douceurs de l’existence[7]. » Elle n’oublie pas les affaires avec Jeanne Testard, ou Rose Keller, ni l’orgie de Marseille, elle relate justement les faits avec ce que nous possédons d’archives, sans tirer la couverture du côté d’une quelconque morale. La lecture de ces lettres a surtout servi à montrer de quelle manière chacune fut amoureuse de lui. Et lorsqu’il n’y a pas eu de relation charnelle, comme avec Milli Rousset ou avec sa belle-mère, Mme de Montreuil, par exemple, une relation de séduction s’est alors construite grâce au langage où le désir se manifeste dans chaque phrase, au point de devenir littérature. Mais, ce que Marie-Paule Farina montre dans Voilà, comme j’étais c’est surtout la manière dont lui, le marquis de Sade pouvait être amoureux, même chastement : « Elle n’était pas prude et avait, au contraire, la langue bien pendue. C’était une vraie provençale qui m’appelait Parisien et tentait de m’apprendre ce dont, disait-elle, j’avais été privé […] Elle m’envoya, à Vincennes, pour me distraire, les lettres les plus folles et les plus gaies que l’on puisse imaginer[8]. » Marie-Paule Farina vise la justesse du ton, autant que la justesse du propos, c’est la raison pour laquelle on se laisse porter par cette autobiographie, parce qu’elle n’invente rien ! Elle est juste à propos de Renée Pélagie, à qui elle rend ce qui lui revient. Elle dit lorsqu’elle est là physiquement ou mentalement, elle souligne les moments où elle assure son rôle d’épouse, mais elle dénonce également les moments où elle aura été absente alors qu’il avait besoin d’elle : « Sans elle, je n’aurais pas survécu à Vincennes et à la Bastille, mais sans elle et sa famille je n’y serais jamais entré. Elle disait m’aimer et tenir à moi et je crois qu’elle disait vrai, mais soufflée par sa mère, soufflée par ses fils, elle m’a sacrifié puis ruiné[9]. »

Dans, Voilà comme j’étais, chaque épisode où les femmes déterminent l’existence de Sade est présent. Elevé par les maîtresses de son père, Donatien apparaît d’emblée à ces femmes vives et spirituelles comme un « singulier enfant » ou un « drôle d’enfant ! » Sous la plume de Marie-Paule Farina, Sade se remémore son père et ces femmes qui ont été si importantes pour son éducation : « Il aimait lui aussi, la poésie, le théâtre, les spectacles, les bals et les femmes. […] Infidèles en amour, fidèles en amitié, ils riaient de tout et de tous et n'aimaient rien tant qu’être distraits par des anecdotes venues de la ville[10]. » Tout est présent dans cette autobiographie, parfois de manière subtile ou indirecte, telle l’expression amoureuse spontanée de sa belle-mère, celle qui deviendra bientôt sa grande persécutrice. La présidente a-t-elle désiré sourdement son « petit gendre » ? On ne peut s’empêcher de le penser devant un tel déploiement d’énergie face à un homme qui non seulement, malgré ses débordements, se fait aimer de sa fille René-Pélagie qui écrit à son polisson de mari, « Mon bon petit ami que j’adore mille fois », mais qui, en plus, lui emprunte son autre fille, Anne-Prospère, chanoinesse de vingt ans, pour un voyage en Italie ! Des aventures avec des actrices, des bordels, des débauches cruelles à blasphèmes, soit : cela peut toujours s’étouffer. Mais deux filles, deux sœurs ! Quelle mère s’y résoudrait ? Et Marie-Paule Farina pousse l’ironie de la situation suite à l’affaire des Bonbons : « Comment imaginer sans rougir ma petite Anne-Prospère et ma femme courant à Marseille négocier avec maquerelles et putains le prix de ma liberté[11] ? »

 

Révolution

La libération de Sade après douze années de détention coïncide avec le début des grandes heures de la Révolution française. La participation de Sade à la Révolution est on ne peut plus ambiguë, pour ne pas dire comique. Il se mêle étroitement aux événements, il agit, il parle, en bon provençal il en rajoute évidemment. La célébration des mânes de Marat et de Le Peletier est une farce, comme il les aime : « Le style guillotine, ce n’est pas le mien, c’est celui du jeune, beau et si sérieux Saint-Just, c’est celui de l’incorruptible Robespierre[12]. » Personne ne nous renseigne mieux que Sade sur les péripéties sous-jacentes et l’envers de cette époque. Avec ce qu’il appelait le « courage d’esprit », même s’il en a payé cher les conséquences, c’est lui le révolutionnaire, plus que Marat et Le Peletier ! Et Marie-Paule Farina ne s’y trompe pas : « J’étais heureux, parfois, de pouvoir aussi glisser un petit pied de nez dans des textes que je leur faisais si sérieusement applaudir […] Homme de lettres, rédacteur, secrétaire prêtant sa plume, qu’étais-je d’autre qu’un gâte-sauce dans la grande cuisine révolutionnaire[13] ? » C’est l’évidence, l’auteur des Cent Vingt Journées n’a pu prononcer de telles inepties sur Marat et Le Peletier, sans un ricanement, sans une ironie qui n’appartient qu’à lui. Un point capital est soulevé par Marie-Paule Farina, c’est qu’il n’est plus possible de faire de Sade, pendant la Terreur, un militant enragé, ultra révolutionnaire. Sade veut bien faire semblant de croire à la volonté de plus d’égalité, mais on ne lui fera pas croire que la sexualité puisse être démocratique ! Rien ne lui répugne davantage que l’égalité des jouissances. Avec raison, car si cela était le cas on ne baignerait pas dans cette actuelle misérable pornographie. La Révolution qu’il a mise en marche ne peut être égalée et qui, contrairement à ce que tout le monde croit, continue sans qu’il y paraisse. La pensée de Sade continue la Révolution française en dégageant les dévots de son passage. Lui seul, dans son cheminement, nous dit de quelle manière la Révolution a été bloquée par la Terreur. La Présidente de Montreuil, Robespierre, Napoléon, voilà la trinité meurtrière qui existe en tout temps. Leurs disciples et employés sont les fonctionnaires de la censure, tels, ceux qui font de Sade un précurseur de l’économie libérale, ou une victime éternelle du milieu carcéral. Ou, telles autres, qui, après avoir fait de Sade un bourreau insensible et inhumain, tentent aujourd’hui d’en faire un pantouflard avec des jouissances modérées. On peut rire de ces contresens, mais ils dissimulent mal une volonté de le condamner encore. Dans Voilà comme j’étais, Marie-Paule Farina fait voler en éclat ces bigoteries, car non, Sade n’est pas un petit jouisseur pantouflard qui est devenu chaste grâce à la prison et à sa femme ! Et non, il n’est pas non plus un précurseur du système néolibéral, ni un prisonnier qui devrait remercier ses bourreaux de lui avoir donné la possibilité de devenir écrivain ! Bien sûr que les premières années de prison, après l’avoir révolté, l’ont obligé à se repenser, à reconsidérer sa vie et le sens à lui donner, mais il ne faut pas oublier que ses plus grandes œuvres (en dehors des Cent vingt journées, ce qui se comprend) ont été écrites alors qu’il était libre. Tous ces « spécialistes » censurent le libertinage à leur manière, atténuent, tamisent, filtrent, normalisent, s’évadent dans l’abstraction, pour encore mieux écarter cet homme qui, de fait, ne peut pas avoir sa place dans l’actuelle pudibonderie universitaire. Marie-Paule Farina, elle, se met dans sa peau et dans sa tête pour rire avec lui de ces instants de liberté que lui procure l’écriture : « Pas un de mes romans obscènes, de mes livres de Bastille, n’a servi de simple secours à une existence étroite et triste, pas un n’a la couleur de ma faim ou de mon ressentiment ; ils sont tous le produit d’un trop plein de joie, de gaité, que j’étais allé puiser dans mes souvenirs et dans le bas comique bu avec le provençal des paysans de Mazan, de La Coste et de Saumane[14]. »

 

 

L’amusement 

Sade semble avoir pris à la lettre la fameuse déclaration de Mme Du Châtelet disant : « Nous n’avons rien à faire dans ce monde qu’à nous procurer des sensations et des sentiments agréables. » Si on lit sa correspondance d’avant son entrée à Vincennes, celle d’Italie par exemple, bien qu’en fuite, il n’est question que d’amusement et de plaisir. Ce que montre Marie-Paule Farina dans Voila comme j’étais, c’est que toute l’organisation de la vie de Sade était orientée vers le jeu et la comédie et ce, même enfermé. Alors, bien sûr, ça dérangeait ses proches, mais ça dérange également nombre de lecteurs d’aujourd’hui. Les gens trop heureux, qui « vivent trop » et qui ne s’en cachent pas ou qui ne savent pas mentir, (comme c’est le cas de Sade) ceux-là se font persécuter par les puritains, les tenants de l’ordre, les faiseurs de loi, ceux qui prônent sans cesse la vertu pour mieux dissimuler leurs propres vices qui, eux, malheureusement, ne ressemblent en rien à de l’amusement. Marie-Paule Farina s’immerge dans l’instant du mémorialiste, passe de la grande à la petite histoire. Elle utilise tout le corpus sadien pour nous faire revivre, avec émotions, des informations qui paraissent inédites tant la vivacité de son texte nous donne le sentiment que tous ces documents semblent n’avoir jamais été explorés avant elle. Il en résulte un portrait démythifié de celui qu’on ne voulait voir que scandaleux.

Le plus étonnant, avec l’autobiographie de Sade que nous propose Marie-Paule Farina, c’est la sensation de présence intense et mouvante du marquis, comme si sa voix continuait de nous éclairer. Par son art du récit concentré et de la maxime, et avec son style vif et la richesse de chacune de ses phrases, Marie-Paule Farina nous fait sentir l’immédiateté, la netteté, la simplicité et par-dessus tout, la drôlerie. Même en prison, elle est tellement dans sa tête qu’elle nous pose devant un corps et sa pensée en action. On y croit ! Le livre est beau, en lisant Voilà comme j’étais, j’entends : « Voilà mes vertus. Pour quant à mes vices – impérieux, colère, emporté, extrême en tout, d’un dérèglement d’imagination sur les mœurs qui de la vie n’a eu son pareil, athée jusqu’au fanatisme, en deux mots me voilà, et encor un coup tuez-moi ou prenez-moi comme cela, car je ne changerai pas[15]. »

 

Christian Lacombe

[1] Marie-Paule Farina, Voilà comme j’étais, p. 271.

[2] Ibid, p. 168.

[3] Marie-Paule Farina, Le rire de Sade, Essai de sadothérapie joyeuse, coll. Ethique de la création, Paris, L’Harmattan, 2019.

[4] Ibid, p. 45.

[5] Ibid, p. 210.

[6] Marie-Paule Farina, Sade et ses femmes, correspondance et journal, Editions François Bourin, 2016.

[7] Ibid, p. 16.

[8] Ibid. p. 201.

[9] Ibid, p. 222.

[10] Ibid, p. 25.

[11] Ibid, p. 69.

[12] Ibid, p. 112.

[13] Ibid, p. 114.

[14] Ibid, p. 33.

[15] Sade, Correspondance, lettre de Sade à Pélagie, fin de novembre 1783, Œuvres complètes, tome 12, Paris, Cercle du livres précieux. p. 419.