Nous voilà dégrisés. Non, Rosario n’est pas mort et ressuscité comme le laissait entendre la fin de Joyeux animaux de la misère II : l’étranglement n’est pas allé à son terme et la vie continue.
Rosario est-il tenté d’abandonner sa défroque de putain ? Toujours est-il qu’il semble bien décidé à fuguer, moto enfourchée entre le fils devant et le père derrière, vers ce monde des humains qui l’attire.
Et ce que Pierre Guyotat nous a laissé du troisième volume, inachevé, de Joyeux animaux de la misère (cinq fragments posthumes) se continue avec ce qu’on voit « depuis une fenêtre » des environs du bordel et que décrit un putain à son maître, tandis qu’il se laisse aller au souvenir de son affranchissement.
Ce bordel est un théâtre qui ne fait jamais relâche.
Premier inédit de l’auteur à paraître depuis sa mort le 7 février 2020, Depuis une fenêtre offre l’occasion de redécouvrir l’ampleur des mondes fictionnels et l’intensité poétique de Pierre Guyotat.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr :
"La troisième fenêtre du bestiaire", par Stéphane Massonet (en ligne le 27 avril 2022)
Deux ans après la disparition de Pierre Guyotat, les éditions Gallimard entament la publication posthume des écrits du poète, en livrant aujourd’hui le dernier pan du triptyque Joyeux animaux de la misère. Le premier livre est sorti en 2014, suivi en 2016 par une seconde partie intitulée Par la main dans les Enfers. Avec Depuis une fenêtre, nous retrouvons un texte publié par Michel Surya dans Lignes à l’occasion du trentième anniversaire de la revue, augmenté de deux autres chapitres et de deux ébauches. Bien qu’inachevées, ces pages reprennent cette fable chantée neuf mois après que Rosario eut été laissé pour mort à la suite d’une altercation. C’est donc par un chant de résurrection que s’ouvre la publication des textes posthumes de Guyotat.