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Roman 20-50, n° 74, décembre 2023 : Christiane Rochefort

Roman 20-50, n° 74, décembre 2023 : Christiane Rochefort

Publié le par Vincent Ferré (Source : Florence de Chalonge)

Roman 20-50, n° 74, décembre 2023 :

Dossier critique : Christiane Rochefort

Christiane Rochefort (Le Repos du guerrier, Les Petits Enfants du siècle, Les Stances à Sophie)

Études réunies par Florence de Chalonge et Anne Wattel

Que s’est-il passé pour qu’on oublie Christiane Rochefort ? s’interroge Geneviève Brisac. Est-ce parce qu’elle a eu à cœur « de ne pas jouer au grantécrivain » (1), n’a eu de cesse de « tuer l’ego, le narcisse, [son] ennemi » (2) ? Est-ce parce qu’elle « échappe, ne se laisse pas catégoriser » (3) ? L’oublier, c’est faire fi d’une œuvre qui, dès son premier roman, fit mouche… et scandale !
Celle qui deviendra une grande figure du féminisme français ne voulait pas se dire « écrivaine » (pour le « vaine ») et se désignait « écrevisse » (pour le « vice » ?!). Clamant qu’« on n’écrit pas avec son sexe » (4), Christiane Rochefort affirmait vouloir se libérer d’une « littérature de colonisés » (5). Elle nourrit ses œuvres de colère et de rage, mais aussi d’une ironie mordante, et joyeuse, où la vie du corps est également celle qui remet profondément en cause l’ordre (qui pour elle est mortel).

Pour mener une lutte contre toutes les formes de domination, pour contrer l’aliénation, encore fallait-il trouver un langage qui ne fût pas celui de l’oppresseur (Les Petits Enfants du siècle reçut le prix Populiste). Ainsi l’autrice s’employa-t-elle à « désapprendre, […] désécrire, retirer toute l’éducation littéraire, tout le poids des autres écrivains », pour « s’extirper du « langage poli ; policé ; de la cité, ou même […], disait-elle par provocation, de la police » (6). Pour lutter contre ce langage cliché, et la langue sexiste, elle inventa une prose coulée aux accents parlés, œuvrant à sa manière dans les années 1960 à la rénovation du langage romanesque.

Ce sont les trois premiers romans qui prennent place dans une France qui sort de l’après-guerre pour entrer dans la société de consommation, Le Repos du guerrier (1958), Les Petits Enfants du siècle (1961) et Les Stances à Sophie (1963) (7), que nous choisissons d’étudier ici. De l’intérieur, par les voix des héroïnes, ces romans nous installent au cœur des réalités familiales, du couple, du mariage, et de leurs vicissitudes.

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Les propositions d’articles sur un ou plusieurs textes du corpus, ou sur l’ensemble, sont à envoyer jusqu’au 10 juillet 2022 à anne.wattel@univ-lille.fr et/ou florence.de-chalonge@univ-lille.fr avec une courte biographie de l’auteur ou l’autrice de l’article, un titre et un résumé (environ 1500 signes). 

Les propositions acceptées seront à rendre pour le 30 décembre 2022. 

L’acceptation définitive se fera après l’évaluation de l’article selon le protocole de la revue (https://www.septentrion.com/revues/roman20-50).



 (1) Geneviève Brisac, « Christiane Rochefort : et s’il n’en reste qu’une », dans :  Ce que Mai 68 a fait à la littérature, Villeneuve d’Ascq, Presses univ. du Septentrion, 2020, p. 97.

(2) Dactylogramme (inédit), p. 17, cité par Catherine Viollet, « Christiane Rochefort : la fabrique d’une autobiographie rebelle », in Manuscrits littéraires du XXe siècle : conservation, valorisation, interprétation, édition, dir. par Martine Sagaert, Pessac, Presses univ. de Bordeaux, 2005, p. 102.

(3) Claire Blandin, « Les visages de l’ “écrevisse” : Christiane Rochefort dans la presse française », in Les Féministes de la deuxième vague, dir. par Christine Bard, Rennes, PUR, 2012, p. 209.

(4) Christiane Rochefort (1976), Liberté, vol. 18, n° 4-5, p. 114.
https://www.erudit.org/fr/revues/liberte/1976-v18-n4-5-liberte1030554/30905ac.pdf.

(5) Ibid., p. 116.

(6) Christiane Rochefort, C’est bizarre l’écriture, Paris, Grasset, 1970, p. 51.

(7) Avec pour édition de référence : Christiane Rochefort, Œuvres romanesques, Paris, Grasset & Fasquelle, « Bibliothèque Grasset », 2004.