Un ouvrage à part, une œuvre à part, un auteur à part = Daniel Fabre, ethnologue et anthropologue, était un homme d’une activité débordante, de curiosités sans frontières et d’une érudition insatiable. Il a laissé, en disparaissant brutalement en 2016, à soixante-huit ans, une œuvre dispersée en une quantité d’articles et d’essais que sa soif d’enrichissement et de perfectionnement perpétuels condamnait à un éternel inachèvement.
De cet ensemble foisonnant se détachent deux axes principaux. D’une part, l’« invisible initiation » à la maturité masculine, spécialement dans les sociétés paysannes et méditerranéennes. D’autre part, l’attention au statut de l’écrivain et de l’artiste, les formes et les pratiques de l’expression littéraire.
Chacun de ces centres d’intérêt fera, dans cette collection, l’objet d’un ouvrage. Voici le premier avec une présentation de l’auteur par Pierre Nora.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr deux articles sur cet ouvrage :
"Daniel Fabre, l’amour des commencements", par Emmanuelle Loyer (en ligne le 16 avril 2022)
Le fantôme de Daniel Fabre, décédé brutalement à l’âge de 68 ans en janvier 2016, plane sur les sciences sociales françaises. L’anthropologue s’était intéressé aux liens structurels entre la juvénilité masculine et les revenants ; le voici qui revient à son tour sous la forme d’un livre posthume, médité depuis longtemps, forme conjoncturelle d’un « chantier infini [1]», jamais clos : celui des franchissements, des initiations qui assurent la « production sociale des identités sexuelles, en particulier, de la virilité ». Car grandir n’est jamais une pure affaire de physiologie, il faut encore donner du sens à ce nouveau corps, à ces nouveaux désirs et « passer à l’âge d’homme », titre en forme d’hommage à Michel Leiris, écrivain et ethnologue admiré.
"La bibliothèque infinie de Daniel Fabre", par Philippe Artières (en ligne le 16 avril 2022)
Ce volume posthume qui rassemble une série d’articles publiés de son vivant par Daniel Fabre et plusieurs textes inédits sur la construction de la masculinité dans les sociétés méditerranéennes est une formidable leçon de lecture. Passer à l’âge d’homme révèle en creux le portrait de l’ethnologue en lecteur, dévoilant au fil des chapitres, par la traversée de sa très riche bibliothèque, le rapport singulier que ce chercheur entretenait à la littérature.