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« Le temps de la jeunesse » Dossier de la revue Romantisme (2023-3)

« Le temps de la jeunesse » Dossier de la revue Romantisme (2023-3)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Eléonore Reverzy)

« Le temps de la jeunesse »

Dossier de la revue Romantisme (2023-3)


La jeunesse, une idée neuve en France au XIXe siècle ? La jeunesse, il y en est en tout cas beaucoup question : dans la presse, le discours public ou politique, sur la scène théâtrale, dans l’iconographie ou dans la poésie, qui célèbre les « jeunes amours » (Hugo) et invite à « profiter » de « l’adolescence » (Nerval). Les romans ne sont pas en reste, qui prennent les jeunes gens pour sujet(s), au double sens du terme. Le roman de formation en plein essor ne témoigne-t-il pas de ce que « la jeunesse […] devient […], pour la culture européenne moderne, l’âge qui renferme en soi le "sens de la vie[1]" » ? Si George Sand regrette que dans le « triste monde actuel », « l’adolescent n’existe pas », son invitation à la représentation a été entendue. La jeunesse s’affiche, fait image sur la barricade – comment ne pas penser au célèbre tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple – mais aussi du côté du maintien de l’ordre – ainsi les gardes mobiles de juin 1848. Qu’on la magnifie, qu’on regrette sa disparition ou qu’on dresse le bilan de « sa » jeunesse, on la fait exister comme moment de la vie, à l’instar de Frédéric Moreau et de Deslauriers dans L’Éducation sentimentale : « Et, exhumant leur jeunesse, à chaque phrase ils se disaient : - “Te rappelles-tu ?” ». En moralisant[2] les « jeunes gens », en s’adressant à eux (voir par exemple la « lettre à la jeunesse » de Zola ou la préface du Disciple de Paul Bourget), on fait exister un groupe. Le XIXe siècle apparaît ainsi, cela a été souvent dit, comme le siècle de la valorisation de la jeunesse, du moins d'un certain type de jeunesse : celle à qui sont transmises des valeurs et promise une ascension sociale.

La « jeunesse de papier », cependant, apparaît souvent comme une (re)construction idéalisée, dans l’après-coup. Aspirant à l’action et à la parole, la jeunesse « réelle », elle, invitée à devenir ce qu'elle n'est pas, à cesser d'être ce qu'elle est, s'éprouve impuissante et déficiente. Longtemps parlée plus qu’elle ne parle, objet plus que sujet, elle est aussi instrumentalisée, et ramenée alors par les pouvoirs politiques à deux pôles contraires : soit l’héroïsation, soit la condamnation. À la célébration du pouvoir et de la beauté des commencements peut se substituer le sentiment d’une impossibilité à commencer, soit que pèse le passé (le désenchantement romantique), que s’évanouisse le présent (tout vieillit tout de suite et trop vite) ou s’imposent les contraintes sociales (qui prive de rapport à l’avenir). La catégorie même de jeunesse ne laisse d’ailleurs pas d’être problématique. Doit-elle être envisagée comme une expérience circonscrite, un simple intervalle temporel, une force dans l’Histoire, un imaginaire, un idéal, un ensemble de valeurs ? Y a-t-il un sens de parler d’une jeunesse ? 

Quoi de commun, en effet, entre les jeunes « héros » ou « héroïnes » de la littérature romantique et ceux et celles de la littérature « fin-de-siècle » ? Entre les jeunes femmes du théâtre de Musset, et les ingénues du théâtre de Victorien Sardou ? Entre la condition juvénile, masculine ou féminine, vue par Jane Austen, Honoré de Balzac, Alessandro Manzoni, Charles Dickens, George Eliot et celle décrite par les Goncourt, Henry James, Émile Zola, Jules Verne ou encore Mark Twain ? La dimension religieuse doit également être prise en compte, entre portraits de jeunes sans Dieu (voir la trilogie vallésienne) et portraits de jeunes guidés et parfois contraints par leur foi, avec une différence entre culture catholique et culture protestante. Des garçons deviennent les personnages principaux de romans initiatiques, éducatifs ou patriotiques, avec Hector Malot, Erckmann-Chatrian, France Hodgson Burnett, Selma Lagerlöf, sans oublier G. Bruno (Mme Fouillée) et son Tour de la France par deux enfants. C’est plus rarement le cas pour les filles, malgré les très jeunes « héroïnes » que révèlent tant Lewis Carroll que la comtesse de Ségur ou les jeunes femmes romantiques surgies sous la plume de Charlotte Brontë, Honoré de Balzac, George Sand, Jane Austen… La littérature naturaliste n’est pas en reste, ainsi que le démontrent les exemples, parmi d’autres, de Zola, des Goncourt ou de Maupassant. Si le XIXe siècle donne une existence à « la jeunesse », cette existence demeure incertaine et clivée : tel est le paradoxe que nous voudrions interroger, en variant les échelles d’analyse et les focales. Telle est la question que nous voudrions poser au siècle : qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Comment l’as-tu produite ? Question qui pourrait se décliner selon trois axes de réflexion :

*La double vie de la jeunesse

            Il conviendrait tout d’abord de s’interroger sur les conditions mêmes de possibilité de la « jeunesse ». Cette promotion / problématisation suppose en effet un nouveau rapport au passé, une nouvelle pensée, voire une invention, des générations. La Révolution française ayant mis en avant l’idée de rupture générationnelle, le XIXe siècle tout entier, défini par une temporalité discontinue et en perpétuelle accélération, semble traversé par les affrontements intergénérationnels[3], la lutte des « générations pures » contre les « générations corrompues[4] ». En se focalisant sur la « lutte des âges », l’intention est claire : il s’agit de gommer la notion de « lutte des classes » en établissant une solidarité générationnelle qui la dépasserait. Implicitement ou explicitement, s’affirme ou se développe (dans le champ littéraire, dans la réalité politique et sociale, dans la fiction) l’idée d’une perception, d’un destin commun et d’une solidarité liés à l’appartenance à une même génération, comme si la place dans le temps déterminait une place dans l’Histoire, comme si la différence d’âge déterminait une différence d’existence[5]. Nul hasard à ce que s’impose au XIXe siècle la notion de classes d’âge et que soit prise au sérieux, en des termes autres que philosophiques, l’idée des stades de la vie[6]. L’abaissement régulier de l’âge de l’éligibilité et de l’électorat, l’émergence de la notion de citoyenneté, l’obligation scolaire, l’importance donnée à la question de l’instruction et de la transmission des valeurs contribuent également à donner à la jeunesse une existence et une centralité incontestables.

Mais c’est alors le statut transitoire et intermédiaire de la jeunesse qui, paradoxalement, lui confère une importance dépassant le symbolique pour toucher de plain-pied au politique. Dans une France marquée par un double phénomène de détachement religieux et de progrès de la démocratie représentative, il s’agit pour la République comme pour l’Église de capter la jeunesse, considérée comme le vecteur des valeurs antithétiques qu’elles défendent. La « guerre scolaire » en témoigne, mais aussi et plus largement l’éducation des jeunes femmes, futures mères de famille. On sait combien, dans des camps opposés, tant Michelet que Mgr Dupanloup sont sensibles à la chose. La littérature de jeunesse, qui émerge alors avec des collections spécifiques pour chacun des deux genres et pour les différents milieux sociaux, témoigne de cette volonté de captation idéologique. Parmi d’autres éditeurs, Hachette (« La Bibliothèque rose »), Hetzel (« Le Magasin d’éducation et de récréation ») ou Mame (« Bibliothèque de la jeunesse chrétienne ») investissent ce secteur.

Si la jeunesse fait peur, c’est aussi parce que tout au long du siècle, jeunesse rime, au moins dans l’imaginaire social, avec engagement et rébellion. Combien d’images, chez Hugo notamment, d’une jeunesse ardente, en lutte, insurrectionnelle. Et c’est bien une certaine jeunesse bourgeoise et parfois ouvrière qu’on retrouve dans la rue, en 1830, 1832, 1834, 1848 ou encore 1871. Classes juvéniles, classes dangereuses ? La peur est politique[7] mais aussi sociale : associée à la débauche, au crime[8], cette jeunesse incontrôlée doit être encadrée, « domestiquée », responsabilisée par le pouvoir et les institutions. Dès lors, la réalité de son existence et de sa perception de soi est aussi à penser sur un mode négatif. Au XIXe siècle, sous des formes différentes, court cette idée, à interroger et à analyser, d’une jeunesse empêchée d’être, impuissante à être jeune si l’on peut dire, flottant entre un passé en ruines et un avenir confisqué, dans un présent sans contours, selon les saisissantes images du début de La Confession d’un enfant du siècle. L’« Oisive jeunesse / à tout asservie » ne peut, après 1830, agir politiquement, exercer un pouvoir dans la gérontocratie qui s’installe[9]. La thématique de la difficulté de l’entrée dans la vie fait apparaître que la jeunesse n’est pas toujours à la hauteur de ce qu’elle voudrait ou pourrait être. Les valeurs, représentations et investissements imaginaires associés à la jeunesse sont à deux versants.

*Quelle jeunesse ?

Mais de quelle jeunesse parlons-nous ? Penser la jeunesse pose immédiatement la question de ses limites temporelles et de l’unité de la « catégorie ». Les « jeunes gens » ne sont sans doute pas les « enfants », et l’adolescent doit être distingué du « gamin », en ce qu’il permet de poser directement la question de la possibilité d’une formation et dramatise l’entrée dans l’âge adulte. S’agit-il alors simplement de distinguer, philosophiquement ou socialement, celles et ceux qui apprennent de celles et ceux qui travaillent ? La « jeunesse » n’est-elle pas « qu’un mot », selon la formule quelque peu usée de Pierre Bourdieu[10], voire un « abus de langage » ? « Ô jeunesse », lance Zola dans la lettre qu’il adresse à la jeunesse au terme du siècle : peut-on ainsi la « substantialiser » et subsumer sous un terme ou un concept la diversité d’expériences, de situations, de trajectoires des « jeunes gens » ? Sans doute faut-il prendre en compte les confrontations intragénérationnelles, les frontières sociales, culturelles, géographiques, sur lesquelles l’anthropologie et la sociologie contemporaines insistent tant. Le temps de la jeunesse rurale est ainsi encore pour partie celui des travaux et des jours, de l’inscription dans une temporalité collective, réglée et ritualisée, orientée, comment l’ont bien montré l’ethnologie et l’ethnocritique, par la question de la maturation sexuelle, en passant, dans le cas des « garçons », par la découverte de la nature et de la vie animale[11]. De la même façon, la jeunesse ouvrière ou populaire n’est pas la jeunesse bourgeoise que les romans de formation aiment tant à représenter. Peut-on réellement parler de jeunesse ou d’adolescence quand l’entrée dans le monde du travail se fait si précoce ? Si les différences ethniques ou religieuses semblent moins figurées et « politisées » qu’en d’autres temps, ces formes de « séparation » hantent tout de même les consciences. Des divisions, voire des antagonismes, surgissent de toutes parts, dont il faudrait éclairer le sens et la portée. La jeunesse des uns n’est pas celle des autres. 

*Masculin, féminin

            Plus encore, la jeunesse des unes n’est pas celle des autres. Si l’impact des guerres napoléoniennes, à l’orée du siècle, semble donner à la « jeunesse » le désir d’agir, si l’adolescence, à lire certains romans d’apprentissage, apparaît comme l’âge des ruptures[12], des transformations et des élancements infinis, cette vision de la jeunesse va de pair avec une forme d’exclusion ou de mise entre parenthèses du féminin. Rien d’étonnant à ce que la Théorie de l’ambition, manuel d’Hérault de Séchelles publié anonymement en 1788, attribuant à chacun des âges de la vie distingués un caractère dominant associe le « jeune homme » au « besoin de jouer [dans le monde] un rôle actif, de s’étendre et de se multiplier par toutes ses facultés[13] ». L’absence presque totale de romans de formation au féminin dans la littérature française du XIXe siècle suffirait à signaler le poids des différences genrées. À l’instar des personnages des romans de la comtesse de Ségur, les petites filles se doivent d’être des modèles, au prix d’un véritable dressage du corps et de l’esprit. « À force de vouloir nous empêcher d’être romanesques, l’on nous rend idiotes. Le temps de notre éducation se passe non pas à nous apprendre quelque chose, mais à nous empêcher d’apprendre quelque chose », se plaint Mademoiselle de Maupin. Le regard posé sur le corps féminin, la réduction de la jeune femme et de sa psychologie à son évolution physiologique, la place qui lui est faite dans la société, les tâches qui lui sont assignées, la centralité du modèle conjugal, la temporalité de son existence : tout tend à isoler la « jeune fille », à faire relever sa socialisation d’une forme d’initiation ou plutôt de « non-initiation » bien spécifique[14]. Regrettant l’absence d’intérêt de la fiction française pour la figure de la « jeune fille » et tentant de remédier à ce déficit de représentation comme d’autres romanciers « naturalistes[15] », Maupassant avance, dans un article du Gaulois du 27 avril 1884, qu’« écrire la vie d'une jeune fille, c'est raconter l'histoire d'un être jusqu'au jour où il existe réellement ». Hommage paradoxal qui, en niant toute consistance à la jeune femme avant qu’elle ne lie son sort à celui d’un homme, dit bien sa difficile existence, avec ses embarras et ses empêchements : comme une version hyperbolique de la « jeunesse » au XIXe siècle, isolée et déniée tout à la fois, « objet » de discours, surveillée mais aspirant à la représentation et à une forme d’indépendance. 


Ce numéro de Romantisme privilégiera donc les réflexions centrées sur les contradictions qui traversent et constituent la jeunesse, comme notion et comme existence, au XIXe siècle. Les propositions d’articles pourront en particulier s'inscrire dans l'un de ces axes : 

-       L’« invention » de la jeunesse

- Quel vocabulaire au XIXe siècle pour désigner la jeunesse ?

- Comment pense-t-on la notion de génération ? 

- Pensée et représentation des « conflits » de génération.

- Quel sens donne-t-on aux « âges de la vie » ?

- « Imaginaire » de la jeunesse dans le discours social et médiatique.

- La jeunesse comme public : la constitution de la « littérature jeunesse ».

- Les « types » de jeune homme et de jeune femme : peinture, roman, roman de formation, théâtre…

-       Une jeunesse « duplex »

- Les grandes « institutions » (Église, École, État, plus globalement…) et la jeunesse : entre constitution d’un groupe autonome et volonté de contrôle.

- Des formes de « politisation » contrastées.

- Comment est pensé et représenté le rapport de l’individu à sa jeunesse et à la jeunesse ?

- Jeunesse et « modernité » : une assimilation problématique.

- Les affects suscités par la jeunesse : entre méfiance et exaltation ?

- « Valeur » et sens de la jeunesse : un moment de transition, une « entrée dans la vie », une orientation qui dure ?

-       Les divisions de la jeunesse

- Les frontières de la « jeunesse » : où commence et s’arrête la jeunesse au XIXe siècle ?

- Jeunesse des villes et jeunesse des champs.

- Jeunesse étudiante et jeunesse au travail.

- Les clivages ethniques et religieux : y a-t-il une jeunesse catholique et une jeunesse protestante ? une jeunesse sans Dieu ?

- Place du jeune homme et de la jeune femme dans l’espace social.

- Le jeune homme et la jeune femme : des apprentissages et des parcours de vie divergents.

- Les figurations et représentations de ces apprentissages.

- Dans une perspective « comparatiste », pourront être envisagées les différences de représentation en fonction des cultures et des pays, au-delà du cas français (littérature anglaise, allemande, américaine, etc.).

- Permanences et mutations de la « jeunesse » au cours du siècle : les nouveaux visages du jeune homme et de la jeune fille.

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Les propositions d'articles (titre et présentation en une page maximum) sont à adresser avant le 30 avril 2022 à Jean-Claude Caron (jean-claude.caron75@orange.fr) et à Jacques-David Ebguy (jdebguy@gmail.com).

Les articles acceptés (30 000 signes espaces comprises) seront à remettre avant le 31 octobre 2022, accompagnés d'un résumé en français de 900 signes.

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Orientations bibliographiques

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[1] Franco Moretti, Le Roman de formation [1986], Paris, CNRS éditions, 2019, p. 20.
[2] Sur ce point, voir Jean-Claude Caron, « "Et vous, jeunes gens, pour tous !" Michelet moraliste ou l'élaboration d'une morale à l'usage de la jeunesse étudiante », Annie Stora-Lamarre (dir.), Incontournable morale, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 1998, p. 15-29.
[3] Pensons aux formulations de Victor Hugo, dans Quatrevingt-treize – « Oui, c’est plus que la guerre dans la patrie, c’est la guerre dans la famille. Il le faut, et c’est bien. Les grands rajeunissements des peuples sont à ce prix » – ou à celle de Stendhal dans Paris Londres Stendhal (Paris Londres : Chroniques, robert Dénier, Stock, 1997, p. 744).
[4] Pour reprendre les expressions de Sainte-Beuve dans Volupté.
[5] En 1834, après une insurrection avortée à Paris, un jeune républicain déclara à l’assemblée plus âgée de la chambre des Pairs : « Nous ne sentons pas de même, nous ne parlons pas la même langue [...] rien de ce qui constitue une société, le ciel et la terre, rien ne nous apparaît avec les mêmes caractères. Il y a un monde entre nous » (voir S. Charléty, La Monarchie de Juillet dans Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu'à la paix de 1919, E. Lavisse, éd. Hachette, 1922, t. V, p. 118-119).
[6] Pour en rester à un exemple littéraire, rappelons que la construction de La Comédie humaine tout entière repose sur la distinction des « âges de la vie » (« Introduction aux Scènes de la vie de province » [1834], La Comédie humaine, t. III, Paris, Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1976, p. 1520-1521 ; voir également la « Préface » à Une fille d’Ève, La Comédie humaine., t. II, op. cit., p. 261-262).
[7] Sur cette peur de la jeunesse, voir Michelle Perrot, « Quand la société prend peur de sa jeunesse en France au XIXe siècle », Les Jeunes et les autres, centre de Vaucresson, 1986, t. I, p. 19-28.
[8] Voir le lien entre jeunesse et crime dans Le Rouge et le Noir ou dans Les Déracinés. 
[9] On connaît le célèbre discours de Z Marcas déplorant, dans le roman du même nom, « L’ilotisme auquel est condamné la jeunesse », dénonçant la gérontocratie au pouvoir après août 1830 et annonçant que « [l]a jeunesse éclatera comme la chaudière d'une machine à vapeur » (La Comédie humaine, t. VIII, op. cit., p. 832) , mais le même diagnostic, la même idée d’une révolution confisquée, d’une jeunesse dupée se retrouve sous la plume d’Hippolyte Castille ou de Victor Hugo : « La nouvelle génération a fait la révolution de 1830, l’ancienne génération prétend la féconder. Folie, impuissance ! Une révolution de vingt-cinq ans, un parlement de soixante, que peut-il résulter de l’accouplement ?» Victor Hugo, Choses vues, 1830-1846, Paris, Gallimard, « Folio », p. 113.
[10] Pierre Bourdieu, Questions de sociologie, Les Éditions de Minuit, Paris, 1980, p. 143-154. Pour une prise au sérieux sociologique de la « jeunesse », pensée comme « un régime de vie sous contraintes multiples », voir Bernard Lahire, La Culture des individus, Dissonances culturelles et distinction de soi. Paris, La Découverte, 2004, p. 497-498.
[11] Voir, sur ce point, les travaux de l’ethnologue Daniel Fabre et notamment son article, « La Voie des oiseaux Sur quelques récits d'apprentissage », L'Homme, 1986, tome 26 n° 99, p. 7-40.
[12] Sur ce point, voir Agnès Thiercé, Histoire de l'adolescence, 1850-1914, Paris, Belin, 1999.
[13] Marie-Jean Hérault des Séchelles, Théorie de l’Ambition [1788], Paris, Librairie Bouquet, 1802, p. 33-34.
[14] Sur ce point, voir les travaux d’ethnocritique, et notamment ceux d’Yvonne Verdier ou de Marie Scarpa (L’Éternelle jeune fille, une ethnocritique du Rêve de Zola, Honoré Champion, coll. « Romantisme et modernités », 2009).
[15] Zola avec La Joie de vivre (1884), Edmond de Goncourt avec La Faustin (ainsi présenté dans sa préface de 1882 : « Je veux faire un roman qui sera simplement une étude psychologique et physiologique de jeune fille, grandie et élevée dans la serre chaude d'une capitale ») et Chérie (1884), Maupassant avec Yvette (1884).