L’EMPIRE MATÉRIEL:
L’HÉRITAGE NAPOLÉONIEN DANS LA CULTURE, L’ART ET LE PATRIMOINE, 1821-2021
Journée d’étude en ligne, 3 Septembre 2021
Conférence inaugurale :
Dr Ruth Scurr (University of Cambridge)
‘Napoleon: A Life Told in Gardens and Shadows, in Discussion’
Il y a exactement deux cents ans, Napoléon Bonaparte mourrait sur une petite île au milieu de l'océan Atlantique. Ayant passé les six dernières années de sa vie en exil à Sainte-Hélène, à l'écart du pouvoir politique et militaire, une situation qui lui a permis, de manière relativement inhabituelle, de travailler à préserver et façonner son héritage posthume. Une entreprise couronnée de succès puisqu’il est devenu un véritable phénomène. En effet, Napoléon est aujourd’hui encore un nom rattaché à l’image d’un passé glorieux, et ce en dépit des efforts importants déployés ces dernières années pour proposer une lecture plus critique de son image et mettre en lumière son rôle dans des questions telles que le rétablissement de l'esclavage. Contrairement à celle d'autres dictateurs tristement célèbres, son image ne fait pas l’objet d’une condamnation unanime. Cela s’explique peut-être en partie par le fait que son nom soit devenu une sorte d’emblème commode et adaptable, désignant l’ensemble d’une époque et renfermant indistinctement personnes, lieux et événements, mais aussi les productions artistiques, artisanales et de biens de consommation au cours des deux siècles qui ont suivi. Il est remarquable que l’on se soit moins intéressé à son vaste héritage matériel, visuel et culturel, alors que d'autres événements marquant le bicentenaire de la mort de Napoléon ont mis en lumière ses contributions aux réformes législatives, politiques et militaires.
Pourtant, la mort de Napoléon en 1821 a déclenché une frénésie de créations et de circulations le concernant : un commerce international bouillonnant d'objets, d'images, de textes et de souvenirs qui n'a pratiquement jamais cessé depuis. Des masques mortuaires ont été fabriqués, expédiés en Europe, volés, copiés et emportés en Amérique latine par l'un de ses médecins. Des portraits ont été échangés et exposés, on a continué de faire de son personnage des caricatures, et des acteurs ont porté sur scène et sur les plateaux de cinéma le manteau de l'Empereur. Des objets personnels appartenant à Napoléon ont servi de cadeaux, ils ont été collectionnés par ses admirateurs et exposés lors d'expositions publiques dans le monde entier : son cheval, la clé de sa chambre, sa brosse à dents. Aujourd'hui encore, ces objets font la une des journaux nationaux lorsqu'ils sont redécouverts, et sont vendus pour des sommes considérables à des collectionneurs, servant les stratégies publicitaires de certains musées. Les objets napoléoniens peuvent être officiels ou intimes, sérieux ou comiques, luxueux ou jetables : l'ancien empereur peut être considéré comme une merveille néoclassique monumentale en marbre blanc incarné par Joaquin Phoenix mais aussi comme un minuscule personnage de dessin animé chevauchant un poney.
Cependant, peu de travaux ont été menés pour faire dialoguer ces diverses histoires culturelles qui manquent encore à l’historiographie. C’est pourquoi nous invitons donc les chercheur·ses de toutes les disciplines, ainsi que les professionnel·les des musées et du patrimoine, à réfléchir à l'héritage et à la postérité matérielle et visuelle de Napoléon, à sa pérennité, à l’impact sur notre compréhension du passé de l’interprétation et l’utilisation de cet héritage, dans une démarche critique. Les thèmes possibles pour les communications sont les suivants :
Napoléon au théâtre, à la télévision et au cinéma ; dans la musique ; dans la poésie ; dans l'art, la sculpture et le dessin ; dans les livres, les éphémères, l'impression, les paratextes.
Napoléon dans les expositions et les musées : histoires des musées, collections, expositions temporaires ; comment les objets sont présentés au public, y compris dans les événements passés, présents et futurs ; comment Napoléon est utilisé dans les stratégies de marketing ou l'engagement du public.
Les collections privées, les choix et l'action des collectionneurs, y compris des historiens ; le commerce des souvenirs du xixe siècle à nos jours ; le tourisme napoléonien et la création, le pillage ou l'achat de souvenirs de lieux importants.
Genre, sexualité et mémoire napoléonienne ; implication des femmes en tant que collectionneuses, conservatrices et consommatrices.
Race et empire : histoires critiques et commentaires sur les représentations napoléoniennes
Histoires médicales des objets napoléoniens
Vêtements, mode, apparence
Arts décoratifs
Religion et macabre
Animaux et symbolique napoléonienne
La légende « dorée » voire « rose » contre la légende « noire » de Napoléon et les interprétations critiques en cours
Le comique et le ridicule
Romantisme, héroïsme néoclassique, masculinités
Circulation et histoire des objets
Remise en scène
Commémoration publique ; plaques, monuments, iconoclasme
Napoléon et l'Antiquité
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Vous pouvez envoyer vos résumés pour des communications en anglais courtes de 15 minutes, accompagnés d'une courte biographie, à ImpMatWorkshop@gmail.com avant le 12 juillet 2021
(Les résumés ne doivent pas dépasser 300 mots). Les communications de l’atelier devraient donner lieu à la publication d'une sélection de communications sous la forme d'un volume collectif.
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Organisatrices :
Dr Matilda Greig (Université de Cardiff) et Dr Nicole Cochrane (Université d'Exeter)
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Our thanks to Dr Déborah Dubald and to Dr Martin Vailly for their help with the translation into French. Any errors are the responsibility of the convenors.