Valentina Pinto
Dimitri Bortnikov. Un Russe en littérature française
Préface de Marie Thérèse Jacquet
Macerata, Quodlibet, Coll. Ultracontemporanea, 2021.
ISBN 9788822905482
PRÉSENTATION
En tant que phénomène aux formes variées et changeantes qui transcendent toute velléité de catégorisation, le multilinguisme littéraire interroge de près le critique. L’attention de ce volume se porte en particulier sur les textes de Dimitri Bortnikov, écrivain russe qui a choisi de fonder son acte créatif dans sa langue d’adoption, le français. L’auteur explore celle-ci sans renoncer à son extranéité slave fondamentale et parvient à une forme de francité toute à lui qu’il définit comme «ablouie». Quand, à propos de ses romans et de lui-même, il déclare : « Après une page de Face au Styx vous pouvez lire tout ce que vous voulez. Un vrai écrivain, un vrai Rimbaud, doit essayer de rendre les autres écrivains lisibles », il est impossible de ne pas se sentir intrigué par le défi qu’il pose au lecteur. Des romans indéchiffrables ?
Certainement labyrinthiques, extrapolés du plus profond des trésors de l’inconscient, des trésors qui nourrissent un style insolite et cinglant, caractérisé par des dynamitages à tous les niveaux. Le résultat ? Un roman des incertitudes où chaque élément non seulement se charge d’un imaginaire particulièrement fécond et acquiert la matérialité de l’expérience corporelle mais devient un dispositif critique qui permet de saisir la complexité du monde. Notre exploration des espaces d’opacité créés par l’anomalie de l’écriture de Dimitri Bortnikov se veut une contribution au débat littéraire français sur un auteur inconnu tout à fait singulier.
Valentina Pinto, titulaire d’une « laurea specialistica in Lingue e Letterature moderne » (Master II), fait partie du Groupe de Recherche sur l’Extrême Contemporain (GREC) de l’Université de Bari. Elle a collaboré, en particulier, au projet de recherche sur les adolescences avec un article sur la Trilogie des jumeaux d’Agota Kristof.
SOMMAIRE
Marie Thérèse Jacquet, De la nécessité des tsunamis
« En fait, le style, c’est la magie »
Quelques traces d’un auteur discret
1. L’écrivain de l’Est qui fait perdre le Nord
1.1. Une œuvre ridée
1.2. La temporalité : quand la page devient tridimensionnelle
1.3. Une simple spatialité ou un hyperespace ?
2. Les personnages flocons de neige
2.1. La fente sur la glace
2.2. Entre appartenance et non appartenance
2.2.1. Dimitri ou le chaos du migrant
2.2.2. Nina ou l’invisibilité des handicapés
2.2.3. Samouraï et Babyl ou l’imprévisibilité des fous
2.2.4. Les parents de Dimitri ou la scission des immoraux
2.2.5. Ivan Ivanovitch ou l’instabilité des clochards
2.2.6. La mise à distance
3. L’art du dynamitage permanent
3.1. La vision perturbatrice
3.2. Les labyrinthes de l’intériorité : le monologue intérieur
3.2.1. La scission de soi : Dimitri et Dimitrius
3.2.2. L’évocation des parents défunts
3.3. La ponctuation : ordre ou dissolution ?
3.4. L’autosimilarité dans la métaphore
3.5. Le néologisme : l’art de saisir ce qui est sous les yeux
3.6. L’interpellation du lecteur
3.7. L’égarement du lecteur
3.8. Quand la contiguïté défie la juxtaposition
Dimitri Bortnikov, une écriture fractale
Bibliographie