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Historiographie, enargeia et ekphrasis à l’époque de la Seconde Sophistique (Lille)

Historiographie, enargeia et ekphrasis à l’époque de la Seconde Sophistique (Lille)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Benoît Sans)

« Historiographie, enargeia et ekphrasis à l’époque de la Seconde Sophistique »

Colloque international / International Conference

(23-24 juin 2022 / June 23-24, 2022)

Appel à communications / Call for Papers



L’enargeia, cette qualité de l’expression visant à « mettre sous les yeux » et à susciter une représentation mentale, était considérée par les rhéteurs anciens comme un puissant outil rhétorique. Elle s’exerçait en particulier dans le cadre de l’ekphrasis, dont la pratique était recommandée aux écrivains : cet exercice avait souvent pour sujet des scènes à caractère historique (batailles, prises de ville) et puisait des exemples au sein de l’historiographie. Appliquée à l’écriture de l’histoire, l’enargeia pouvait donner à celle-ci la prétention de faire voir le passé, de le réexpérimenter, d’en retirer des impressions et des leçons. Cette manière d’écrire, que l’on peut rapprocher de l’immersion, tend aussi à estomper les frontières entre l’historiographie ancienne, la littérature et la fiction, ainsi que le font des formes modernes de représentations historiques (romans, bandes dessinées, docu-fiction, films, muséographie, jeux vidéos…).

Si nos sources sur la formation à la rhétorique montrent les liens entre l’usage de cette technique et l’historiographie, ils préfèrent renvoyer aux modèles classiques (Homère, Thucydide…), et on s’est paradoxalement encore peu interrogé sur l’influence que cette formation a pu exercer sur l’écriture de l’histoire à l’époque où cet enseignement semblait largement répandu. Dans l’histoire de la rhétorique, cette période correspond, de façon large, à la Seconde Sophistique (Ier- IIIe siècles de notre ère) et se prolonge dans l’Antiquité tardive. Quelles sont les modalités de l’usage de l’enargeia et l’ekphrasis chez les historiens grecs et latins de cette période ? Quelles en sont les fonctions idéologiques, les intérêts et les écueils ? Quels rapports ces techniques entretiennent-elles avec les fonctions de l’historiographie et, en particulier, le souci de vérité ? En somme, que nous apprend-elle sur l’écriture de l’histoire à l’époque impériale ? Ce sont à ces questions que le présent colloque entend apporter des pistes de réponses. 

Enargeia, the quality of language that aims to “place before the eyes” by creating a mental representation was considered a powerful tool by ancient orators. It was practised in schools and by adult authors in the exercise of ekphrasis which often dealt with scenes of a historiographical nature (battles, sacks of cities) and used models from the historians. The use of enargeia could allow historiography to claim to make the past visible, enabling readers and listeners to (re-)experience it and to take away both impressions and lessons. This manner of writing, which can be compared to immersion, also tends to blur the boundaries between ancient historiography, literature and fiction, as do modern modes of historical representation (novels, docufiction, films, museum displays, graphic novels and video games). 

Although our sources on rhetorical education show the links between the use of this technique and historiography they refer only to archaic and classical models (Homer, Thucydides) and there has comparatively little discussion of the impact that this training may have had on history writing during the period when it was widespread. In the history of rhetoric, this period includes the Second Sophistic and continues into Late Antiquity. We will ask: How were enargeia and ekphrasis used by Greek and Latin historians at this period? What were the ideological implications, the advantages and the risks involved in their use? What relationship do they have with the functions of historiography and in particular with the concern for truth? What can they tell us about history writing in the Imperial period?

Direction scientifique : 

Benoît Sans (chercheur postdoctorant)

Ruth Webb (Professeure des Universités) 

Laboratoire « Savoirs, Textes, Langues » (UMR 8163), Université de Lille

Cet événement est financé par la Région des Hauts de France dans le cadre d’un appel STaRS. 

Invités/ Confirmed participants : Rutger J. Allan (Vrije Universiteit Amsterdam), Pauline Duchêne (Université Paris Nanterre), Andrew Feldherr (University of Princeton), Sophie Gotteland (Université Bordeaux Montaigne), Luuk Huitink (Universiteit van Amsterdam), Liza Méry (Université Paris Nanterre).

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Bibliographie indicative : 

R. Allan, « Narrative Immersion: some linguistic and narratological aspects », dans J. Grethlein, L. Huitink & A. Tagliabue (ed.), Experience, Narrative, and Criticism in Ancient Greece, Oxford, Oxford University Press, 2020, p. 15-35.

P. Duchêne, Comment écrire sur les empereurs ? Les procédés historiographiques de Tacite et Suétone, Bordeaux, Ausonius, 2020. 

A. Feldherr, « The challenge of Historiographic Enargeia and the Battle of Lake Trasimene », dans B. Reitz-Joosse, M. W. Makins & C. J. Mackie, Landscapes of War in Greek and Roman Literature, Londres-New York-Dublin, Bloomsbury Academic, 2021, p. 62-87.

S. Gotteland, « Ἔκφρασις et ἐνάργεια dans l’Histoire romaine : les choix de Dion Cassius », dans  V. Fromentin et al. (ed.), Cassius Dion : nouvelles lectures, vol. 1, Bordeaux, Ausonius, 2016, p. 379-396. 

J. Grethlein, Experience and Teleology in Ancient Historiography: ‘Futures Past’ from Herodotus to Augustine, Cambridge, Cambridge University Press, 2013. 

L. Huitink, « Enargeia and Bodily Mimesis », dans J. Grethlein, L. Huitink & A. Tagliabue (ed.), Experience, Narrative, and Criticism in Ancient Greece, Oxford, Oxford University Press, 2020, p. 188-209. 

L. Méry, « Enargeia et description d’actions : relire les historiens romains au prisme du cinéma », présentation au séminaire « Historiographies antiques » (Paris, ENS, 5 novembre 2016), disponible en ligne : https://storioant.hypotheses.org/139

B. Sans, « De Zama à Cynoscéphales : étude comparée des stratégies rhétoriques de Tite-Live et Polybe », dans L. Beltramini & G. Baldo (ed.), Atti del convegno internazionale “Livius Noster”, Giornale Italiano di Filologia, 26, Turnhout, Brepols, p. 477-497.

R. Webb, Ekphrasis, Imagination and Persuasion in Ancient Rhetorical Theory and Practice, Farnham, Ashgate, 2009 [2012]. 

T. P. Wiseman, Clio's Cosmetics: Three Studies in Greco-Roman Literature, Leicester, Leicester University Press, 1979. 
A. J. Woodman, Rhetoric in Classical Historiography: Four Studies, Londres-Sydney, Croom Helm, 1988

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Informations pratiques / Practical information 

Le colloque se tiendra les 23 et 24 juin 2022 à l’Université de Lille, Campus du Pont de bois (Rue du Barreau BP 60149 59650 Villeneuve d’Ascq (en présence, si les mesures sanitaires en vigueur l’autorisent).

Pour soumettre une proposition, veuillez envoyer un titre, un résumé (300-500 mots) et une courte bibliographie dans un fichier Word ou pdf à Benoît Sans, coordinateur de la journée (benoit.sans@univ-lille.fr) pour le 25 mars 2022. Les notifications d’acceptation seront envoyées au début du mois d’avril. Les communications, en français ou en anglais, d’une durée de 20 minutes, seront suivies de questions et d’un échange avec le public. Pour toute information complémentaire : benoit.sans@univ-lille.fr

The conference will take place at the University of Lille (Campus du Pont de bois, Rue du Barreau BP 60149 59650 Villeneuve d’Ascq) on June 23 and 24 (on site, provided that the sanitary measures allow it)

In order to submit a proposal, please send a title, abstract (300-500 words) and short bibliography in a Word or pdf file to the conference coordinator, B. Sans (benoit.sans@univ-lille.fr) before March 25. Acceptance notifications will be sent in early April. The presentations, in French or English, will last 20 minutes and will be followed by a short Q&A session with the audience. 
For any further information, please write to the following address : benoit.sans@univ-lille.fr.