

Jules Supervielle à la croisée des chemins
le « hors venu » sur la scène littéraire
La situation de Jules Supervielle sur la scène littéraire se définit par un paradoxe : il semble que la posture originale du « hors venu », qu’il adopte volontiers, lui permette précisément de se placer à la croisée des chemins.
Partagé entre la France et l’Uruguay, il assume le rôle de passeur entre la vie littéraire française et les écrivains hispano-américains, tels que Ricardo Güiraldes, Jorge Guillén, Ramón Gómez de la Serna, Alfonso Reyes, Rafael Alberti. Refusant d'être rattaché à un courant ou à une école, il participe à des revues variées, Commerce,La Nouvelle Revue Française de Jean Paulhan, Valeurs d’Etiemble, Sur de Victoria Ocampo. Il se lie également avec des figures dont la diversité apparaît représentative de la scène artistique, qu’il s’agisse d’éditeurs, tels Jean Paulhan ou Franz Hellens, de critiques, comme Étiemble, d’écrivains, de Valery Larbaud à Henri Michaux en passant par Marcel Jouhandeau et Max Jacob, ou encore de peintres et de photographes, Luis Bernal, Pedro Figari ou Yvonne Chevalier.
L’étude du réseau de liens qui se tissent à partir de Jules Supervielle, ou en passant par lui, recoupe des enjeux renvoyant à la fois à l’histoire des idées et à l’histoire littéraire. Comment s’entrecroisent la vie littéraire française et la vie littéraire hispano-américaine, définie au prisme des voyages, des rencontres, des traductions et des collaborations de Jules Supervielle ? En outre, l’étude de la place de Jules Supervielle sur la scène artistique française permet de détailler les relations entretenues entre différents groupes d’écrivains, parfois en apparence séparés les uns des autres, pour préciser des biographies littéraires d’une part, et, d’autre part, analyser la circulation et l’interpénétration de diverses idées de la littérature. Enfin, ce questionnement permet de préciser la poétique qui se développe dans l’œuvre de Jules Supervielle, en mettant l’accent sur ce qui la rend proprement singulière.
Organisées autour de deux axes de réflexion, « L’itinéraire de Jules Supervielle dans la vie littéraire des années 1920 à 1960 », et « Trouver sa voix, poser son identité : la question des influences littéraires », ces contributions ont apporté des réponses à ces questions au cours d’une Journée d’étude de l'Équipe Littératures françaises des XIXe - XXIe siècles qui s’est tenue à la Maison de la Recherche de la Sorbonne le 16 Mai 2013.
Sophie Fischbach
- Supervielle, Larbaud et la revue Commerce
Ève Rabaté - Supervielle et Étiemble : vers l’élaboration d’un « nouveau classicisme »
Sophie Fischbach - Ne ressembler à personne, toucher tout le monde : Supervielle et ses amitiés littéraires
Marion Simonin - Le Jour, un livret de ballet de Jules Supervielle
Delphine Vernozy - Jules Supervielle ou la poétique de l’enfant perdu
Kazuhiko Suzuki - Jules Supervielle, Gérard de Nerval : le dépassement des dichotomies comme principe narratif dans Aurélia et L’homme de la pampa
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