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Nouvelle parution
Vladimir Pozner, Espagne premier amour

Vladimir Pozner, Espagne premier amour

Publié le par Marc Escola

Espagne, premier amour, paru en 1965 chez Julliard, relate une histoire d’amour poignante ayant pour toile de fond une période méconnue de la Seconde Guerre mondiale : l’internement des réfugiés espagnols dans le camp de concentration français d’Argelès.

1939 : Tandis que la France s’apprête à entrer en conflit avec l’Allemagne, au-delà de la frontière des Pyrénées, la guerre d’Espagne, elle, touche à sa fin, portant le fascisme au pouvoir. Le chemin de l’exode conduit des dizaines de milliers de réfugiés espagnols dans des camps de concentration français. Notamment celui d’Argelès-sur-Mer, bâti sur une plage. Dans ce douloureux contexte, un sympathisant des Républicains espagnols entreprend, pour le compte d’une association humanitaire, de faire libérer autant de prisonniers qu’il le peut. À l’intérieur de ce camp sinistre où règnent la misère et le désespoir, il fait connaissance avec un homme étrange, Pierre, qu’il prend tout d’abord pour un peintre catalan. Mais Pierre est français, et s’il s’est fait passer pour un Espagnol, c’est qu’il est à la recherche d’une femme, Pilar, rencontrée sur la route avant que les autorités françaises ne les séparent. Comment l’aider à retrouver cet amour perdu dont le visage se confond désormais avec celui de l’Espagne ?

Tenant autant du témoignage que de la fiction, Espagne, premier amourentrecroise d’une plume sobre et mélancolique, les thèmes de l’amour et de l’engagement de l’artiste en temps de guerre. Paru en 1965 chez Julliard, ce roman qui résonne fortement avec la question très actuelle de l’accueil des réfugiés, était devenu introuvable depuis des années. À propos de ce roman bouleversant de Vladimir Pozner, Aragon écrivit : « Le plus court des romans, ce qui pas plus pour un livre que pour un couteau ne l’empêche d’entrer d’un coup dans le cœur. » 

Vladimir Pozner est né en France en 1905 dans une famille d'émigrés russes. Journaliste (L'Humanité, Marianne), traducteur de Tolstoï et de Dostoïevski, il s’est également illustré comme romancier et scénariste. Partisan de l'anticolonialisme, il publia en pleine guerre d'Algérie Le Lieu du supplice (Julliard, 1959) qui lui valut en 1962 d'être blessé dans un attentat perpétré par l'OAS. Témoin privilégié du XXe siècle, Vladimir Pozner côtoya les plus grands : Brecht, Cendrars, Breton, Neruda, Picasso.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Vladimir Pozner et le roman de la Retirada", par Alexis Buffet (en ligne le 25 février 2022)

En 1965, alors que le franquisme entrait dans sa dernière décennie, Vladimir Pozner signait Espagne premier amour, un roman inspiré de l’exode des républicains espagnols vers la France en 1939 et de sa propre expérience en tant que délégué du Comité d’accueil aux intellectuels espagnols. Fable de l’amour fou, témoignage d’une grande acuité sur le sort des réfugiés et réflexion nourrie sur l’engagement de l’artiste en temps de guerre, Espagne premier amour est une éducation sentimentale autant que politique. Une réédition opportune.