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Tragique contemporain

Tragique contemporain

Publié le par René Audet (Source : Lazzarini-Dossin)

COLLOQUE DES 19 & 20 FÉVRIER 2001 - Université catholique de Louvain (Belgique)
Un théâtre tragique contemporain en Europe : chimère ou réalité ?

Aujourd'hui comme hier, on ne cesse de parler du tragique. Dans les journaux : à la rubrique des faits divers et dans la presse à scandale. À l'université : en philosophie , en psychanalyse , en sociologie . Mais les littéraires restent le plus souvent circonspects , pris entre deux feux, entre le spectre des prestigieuses tragédies antique et élisabéthaine et l'impossibilité de définir le tragique.
Car, enfin, qu'est-ce que le tragique ? Les partisans de la démarche inductive proposent, au départ d'un corpus littéraire, de dégager les constantes et les paramètres du tragique, qui serviront ensuite d'étalon de mesure dans l'analyse d'autres oeuvres se réclamant de la tragédie. Mais comment rassembler des écrits, dont on dira qu'ils sont tragiques, si l'on ignore encore ce qu'une telle qualification peut recouvrir ? À l'opposé, les défenseurs de la déduction ont bien du mal à légitimer un critère ou une règle a priori qui statuerait, en amont de l'analyse textuelle, sur ce qu'il faut entendre par « tragique ». Enfin, veut-on inscrire une éventuelle tragédie contemporaine dans la tradition historique et culturelle de la littérature tragique, héritée de Sophocle et de Shakespeare, que l'on condamne la réception des classiques à la rigidité normative de même que l'on voue les nouvelles générations à la répétition d'un prétendu tragique, dont nul n'est capable de cerner le contenu.
Pourtant, l'envie de parler de tragédies pour évoquer la production théâtrale contemporaine est grande. Nombre d'écrivains sont félicités pour avoir su renouer avec l'inspiration tragique, à la faveur d' « accents », d' « atmosphères », voire dans le ton ou dans le rythme de leurs oeuvres, en dehors - le plus souvent - d'une filiation déclarée avec une écriture ou des motifs réputés tragiques comme, par exemple, la mythologie antique ou les intrigues de la tragédie historique. Le débat ouvert, dans les années soixante, par La mort de la tragédie de George Steiner et Le retour du tragique de Jean-Marie Domenach, n'a cessé de se poursuivre depuis lors, sans rien perdre de son acuité.
Le littéraire doit-il, devant la difficulté, renoncer à vouloir cerner dans les oeuvres dramatiques un « tragique » dont les autres sciences humaines attestent le retour en période contemporaine ? Nous avons, pour notre part, consacré l'essentiel de nos recherches au « nouveau théâtre » et à deux représentants de la génération qui les précède immédiatement, Pirandello et Valle-Inclán. Dans le cadre du colloque, nous souhaiterions envisager la problématique plus globalement et élargir le corpus à d'autres écrivains, contemporains ou antérieurs à Pirandello et Valle-Inclán, qui ont été salués, à des degrés divers, comme des rénovateurs de la tragédie. Dans cette perspective, les participants seront invités à prendre en charge l'un des auteurs de ce corpus et à interroger l'énigme du tragique pour le compte de cette oeuvre singulière, en appelant éventuellement à la barre celle(s) des sciences auxiliaires de la littérature qui leur semblerai(en)t pertinente(s), afin de répondre, pour l'écrivain qu'ils travaillent, à la question de savoir s'il existe un théâtre tragique contemporain.

Corpus :
HÖLDERLIN (1770-1843) ; Heinrich von KLEIST (1777-1811) ; Georg BÜCHNER (1813-1837) ; Henrik IBSEN (1828-1906) ; August STRINDBERG (1849-1912) ; Anton Pavlovitch TCHEKHOV (1860-1904) ; Gerhardt HAUPTMANN (1862-1946) ; Maurice MAETERLINCK (1862-1949) ; Paul CLAUDEL (1868-1955) ; Federico GARCÍA LORCA (1898-1936) ; Michel de GHELDERODE (1898-1962).