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Transhumanisme et Posthumanisme, entre réalités et imaginaires (Paris Nanterre)

Transhumanisme et Posthumanisme, entre réalités et imaginaires (Paris Nanterre)

Publié le par Marc Escola (Source : Dominique Viart)

Observatoire des écritures contemporaines, Université Paris-Nanterre

Chaire Ethique, Technologie et Transhumanismes, Lille

Séminaire organisé dans le cadre du projet :

« Transhumanisme et posthumanisme entre réalités et imaginaires »

 

ATTENTION : CHANGEMENT DE DATES DES SEANCES EN RAISON DES REPORTS LIES A LA PANDEMIE

NOUVELLES DATES CI-DESSOUS

La séance de séminaire de l'Observatoire des Ecritures contemporaines prévue le 19 novembre aura lieu à distance en suivant le lien de connexion suivant :

https://ase.zoom.us/j/86973365524
ID de réunion : 869 7336 5524

 

 

Le transhumanisme est un ensemble de considérations sur l’avenir de l’humanité et d’aspirations relatives à cet avenir, qui se réfèrent plus spécialement à la modification de l’homme par la technologie et par la science. Son horizon est celui d’un homme « augmenté » ou « amélioré » grâce à des dispositifs biologiques ou mécaniques. L’homme est actuellement entré dans une évolution par sélection artificielle et par manipulation génétique, ce qui évoque une temporalité « exodarwinienne » (le terme est de Michel Serres). La figure littéraire et cinématographique de l’homme « bionique » en donne un témoignage, comme un certain nombre d’évolutions disciplinaires et interdisciplinaires dans la recherche et dans le monde artistique. S’il existe une définition consensuelle du transhumanisme (comme courant culturel et philosophique prônant l’usage des sciences et des techniques dans le but d’améliorer l’humain), la notion même de posthumanisme fait l’objet de nombreuses confusions et définitions contradictoires. En particulier, l’acception française du posthumanisme comme courant d’idées qui pousserait à l’extrême les thèses du transhumanisme en promouvant l’avènement d’entités radicalement post-humaines (et plus seulement trans-humaines), témoigne d’un vaste malentendu sur la nature du courant posthumaniste et sur sa genèse au sein de la culture anglosaxonne. En effet, le courant posthumaniste est apparu sur la scène culturelle américaine bien avant que le transhumanisme ne se constitue comme courant de pensée, et renvoie à un ensemble de principes et d’imaginaires qui entretiennent peu d’affinités avec la pensée transhumaniste.

Transhumanisme et posthumanisme s’accordent toutefois sur la nécessité de réinterroger critiquement l’humanisme classique dont nous sommes les héritiers. Mais cette critique ne s’épuise pas dans leur expression. En fait, la critique de la pensée humaniste s’échafaude aussi dans le structuralisme, en opposition avec la pensée des Lumières et en réaction aux tragédies du XXe siècle (guerres mondiales, génocides de masse, etc.). Elle s’exprime également dans la pensée poststructuraliste et postmoderniste, du fait du statut désormais tout relatif donné à la figure du sujet humain individuel et à ses attributs traditionnellement reconnus (comme la liberté). On trouve aussi une contestation de l’humanisme au cœur de la philosophie de la technique de Martin Heidegger. La contestation heideggerienne de l’humanisme classique invite à rompre très largement avec l’idée d’une affirmation de la dignité de l’homme qui s’exprimerait par une maîtrise du monde laissant intacte la condition humaine ou la nature du sujet humain lui-même. La pensée « posthumaniste » s’inscrit ainsi, dans la seconde moitié du 20ème siècle, dans un vaste mouvement de déconstruction des conceptions classiques de l’humain et de son organisation sociale. Loin d’être conditionnée par les évolutions techniques, cette culture de la critique (dans laquelle, pour sa part, le transhumanisme ne s’inscrit pas) n’a cessé de favoriser une interrogation critique fondamentale sur ces évolutions elles-mêmes.

Envisagé comme enceinte de réflexion critique, le posthumanisme aborde donc en général les développements du transhumanisme avec circonspection. Il représente les enjeux actuels de la cybernétique et envisage les implications politiques, sociales, philosophiques et éthiques des développements technoscientifiques d’une façon sensiblement différente du transhumanisme. A l’instar du transhumaniste ou posthumanisme, la science-fiction s’est aussi saisie de la quête de l’immortalité, du bonheur et de la jeunesse éternelle qui ont tourmenté l’homme depuis l’âge des mythes ; les récits de science-fiction sont nourris des figures du cyborg, du cyberespace, du hacker, de l’androïde et de l’intelligence artificielle. Mais l’hypothèse du séminaire est que la littérature posthumaniste diffère de la littérature de science-fiction, tant par sa dimension de critique radicale des idéaux du transhumanisme, que par ses buts et son statut littéraire. Le but de la littérature posthumaniste est d’influencer la perception sociale et l’appropriation sociétale de l’idée de transhumanisme, d’en développer fonctionnellement les idées, voire d’en mener la critique.

Ce que nous appelons en effet la littérature posthumaniste est une littérature écrite dans un contexte tout à fait particulier, qui utilise la technique et la science dans l’objectif de se doter d’un langage approprié aux transformations auxquelles nous assistons aujourd’hui. L’élaboration de ces textes littéraires recourt aux ingrédients principaux de l’intertextualité et de la structure narrative non-linéaire. Tout en critiquant les univers, elle sollicite aussi paradoxalement les concepts et le vocabulaire des textes transhumanistes. Le séminaire entend donc investiguer sur les façons dont la littérature posthumaniste française, en développant un rapport critique singulier à ses objets, se différencie des modalités classiques de la littérature de science-fiction et, plus généralement, de la littérature française du 21ème siècle. La littérature posthumaniste ne relèverait pas par ailleurs de la fiction d’anticipation mais du registre de la  « fiction critique spéculative ». Les récits de fiction posthumanistes seraient donc spéculatifs et critiques. Ils se distingueraient ainsi des récits de science-fiction.

 

Programme


Jeudi 19 novembre, 14h-17h, Bibliothèque Universitaire de L'Université Paris Nanterre

Conférence de Pierre Cassou-Noguès, Professeur de Philosophie, Université Paris 8 :

            « Comment nous sommes devenus des psycho-machines »

Pierre Ducrozet, écrivain, dialogue autour du roman L'Invention des corps, Actes Sud, 2017

https://ase.zoom.us/j/86973365524
ID de réunion : 869 7336 5524

Enregistrement audio: 

https://drive.google.com/file/d/11tKYxfMELYt4JzkCs1IZUreCrrBIfrLa/view?usp=sharing

 

Vendredi 4 décembre, 14h-17h, Bibliothèque Universitaire, Université Paris Nanterre

Conférence de Paul Laurent Assoun, psychanalyste, professeur émérite, Université Paris VII,

« Le fictionnement transhumaniste : la nostalgie du futur et son écriture prothétique »

Isabelle Jarry, écrivaine, dialogue autour de son roman Magique aujourd'hui, Gallimard, 2015

 

Jeudi 28 janvier, 14h-17h, Bibliothèque Universitaire, Université Paris Nanterre

Conférence de Jean-Yves Goffi, Professeur émérite de Philosophie à l'Université Grenoble-Alpes :

« Le transhumanisme à la recherche de la perfection »

François-Régis de Guenyveau, écrivain, dialogue autour de son roman Un dissident, Albin Michel, 2017

 

Vendredi 12 février, 14h-17h, Bibliothèque Universitaire, Université Paris Nanterre Conférence de Jean-Paul Engélibert, Professeur de littérature comparée à l'Université     Bordeaux-Montaigne : « Ethique et mélancolie dans quelques romans du posthumain »

Anne-Marie Garat, écrivaine, dialogue autour de son roman Programme sensible, Actes Sud, 2013

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