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Portrait du critique en bricoleur: outils anciens, outils modernes  (séminaire Anachronies)

Portrait du critique en bricoleur: outils anciens, outils modernes (séminaire Anachronies)

Publié le par Frédérique Fleck

Séminaire « Anachronies : textes anciens et théories modernes »

 

Séminaire transversal DSA - LILA (ENS), en collaboration avec l’Atelier de théorie littéraire de Fabula

Lire les actes du séminaire dans l'Atelier de Fabula: Anachronies.

 

 

Séance 3 : Portrait du critique en bricoleur : outils anciens, outils modernes

 

Vendredi 30 novembre 2012, 14h-16h

ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris

salle Cavaillès

 

Coordination : Marc Douguet, Guillemette Mérot.

Intervenants : Marc Douguet, Guillemette Mérot, Christine Noille.

 

On s’intéressera lors de cette séance à la question de la pertinence des outils théoriques utilisés dans une perspective descriptive. Qu’est-ce qu’un outillage ? À quoi sert-il ? Comment penser la conjonction ou la disjonction entre outillage et matériau ? Comment fait-on l’archéologie d’un outil ? Y a-t-il un risque spécifique à l’utiliser de manière anachronique ? Que serait un outil non pertinent et quelle pourrait être sa valeur heuristique ?

La réflexion prendra appui sur trois études de cas :

  • On s’interrogera tout d’abord sur la manière dont les poéticiens postérieurs à Horace ont tenté d’appliquer aux tragédies et aux comédies antiques une division en cinq actes dont elles étaient initialement dépourvues, et, inversement, de lire cette division de la représentation à travers la division aristotélicienne de l’histoire représentée (commencement/milieu/fin ou nouement/dénouement).
  • On élargira ensuite les limites temporelles de la réflexion en questionnant la pertinence de l’utilisation des réflexions théoriques de Quintilien sur la narratio rhétorique par des théoriciens modernes du récit et de la séquence narrative comme Raphaël Baroni, Jean-Michel Adam et Françoise Revaz. Les considérations de Quintilien sur la brièveté narrative sont en effet réutilisées par ces auteurs pour penser l’outil narratologique de script, qui permet de théoriser l’opposition entre série d’actions nouées (donc la notion d’intrigue) et série d’actions juxtaposées et redondantes. La théorie antique de la narration rhétorique est ainsi utilisée comme caution pour élaborer un outil dont la pertinence pose rétrospectivement problème dès lors qu’il s’agit d’analyser anachroniquement le fonctionnement des narrations à partir desquelles Quintilien élabore ces considérations théoriques.
  • On examinera pour finir ce qu’il en est de la pertinence des outils utilisés : leur intérêt est bien évidemment subordonné à la description qu’ils permettent du texte, autrement dit aux savoirs sur la composition du texte et aux pratiques heuristiques qu’ils soutiennent. Nous nous livrerons pour ce faire à une expérience limite, en testant des « outils inutiles » (devenus inutiles pour ce que nous voulons savoir aujourd’hui du texte) : par exemple l’outillage strictement formaliste (et non pragmatique) construit par l’ancienne rhétorique sur le pathos de la pitié. Que se passe-t-il quand on fait l’archéologie de cet outil, puis qu’on se le réapproprie pour analyser (au hasard) une lettre de Madame de Sévigné ? Que peut-on faire de ce qu’il nous permet d’apprendre sur la textualité sévignéenne ? Où l’on verra que l’enjeu est moins, peut-être, du côté des moyens que du côté des fins que se donne l’analyse. Car la question est bien : que voulons-nous savoir/décrire aujourd’hui du texte ? 

 

Bibliographie :

- Aubignac, abbé d’, La Pratique du théâtre [1657], Hélène Baby (éd.). Paris : Honoré Champion, « Champion Classiques », 2011 ; voir Livre III, Chapitres 1-6,  p. 241-354, en particulier p. 323-336.

-  Nicolas, Christian, « À la recherche des fins d’acte et des fins de scène dans les comédies de Térence lues par Donat » dans B. Bureau et C. Nicolas [dir.], Commencer et finir dans les littératures antiques. Lyon: « Collection du CRGR », 2007, p. 595-620. En ligne: http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/32/73/82/PDF/papier.pdf

- Quintilien, Institution Oratoire, Jean Cousin (éd.). Paris : CUF, 1975-1980 ; voir la section IV.2 (vol. 2).

- Baroni, Raphaël, « Le rôle des scripts dans le récit », Poétique 129, 2002, p. 105-126.

- Rabardel, Pierre, Les hommes et les technologies : approche cognitive des instruments contemporains. Paris : Armand Colin, 1995 ; voir l’Introduction.

 

NB : La bibliographie est restreinte à dessein pour que les participants puissent prendre connaissance de l’ensemble de ces textes, qui serviront de base commune à la discussion.

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Le séminaire « Théorie littéraire et littérature antique », organisé à Paris 3 par Sophie Rabau, parallèlement au séminaire « Anachronies », offrira à ceux qui le souhaitent l’occasion de préparer cette séance à travers une discussion préalable sur les questions qui y seront abordées. Cette séance préparatoire aura lieu mardi 23 octobre, de 17h à 19h, à l’Université de Paris3-Sorbonne Nouvelle, Centre Censier, 13 rue Santeuil, 75005 Paris, Salle 414 (4ème étage).

Également au programme du séminaire Théorie littéraire et littérature antique organisé parallèlement au séminaire Anachronies: 4 Décembre 2012, Lecture des Considérations intempestives (2).