Essai
Nouvelle parution
P. Wald Lasowski, La Maison Maupassant.

P. Wald Lasowski, La Maison Maupassant.

Publié le par Marc Escola

La maison Maupassant
Patrick Wald Lasowski


Paru le : 12/02/2009
Editeur : Gallimard (Editions)
Collection : l'un et l'autre
ISBN : 978-2-07-012137-3
EAN : 9782070121373

Prix éditeur : 14,00€


La collection "L'un et l'autre":

Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu'une passion les anime.
Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle. L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son modèle.

Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d'un autre et l'autoportrait, où placer la frontière ? Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés, profils perdus.

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On peut lire sur le blog de F. Ferney un billet consacré à cet ouvrage: "Cherche Maupassant désespérément".

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Dans Le Monde des livres du 2/4/9, on pouvait lire un article sur ce livre:

"La Maison Maupassant", de Patrick Wald Lasowski : dans le corps du texte LE MONDE DES LIVRES | 02.04.09 |
En juillet 1877, Maupassant, grand habitué des maisons closes, écrit à Tourgueniev qu'en trois jours, il a "tiré 19 coups". Pierre Boborikine (autre écrivain russe) rapporte de son côté que l'auteur de La Maison Telliera démontré sa virilité devant lui six fois de suite, suivies de troisautres avec une seconde partenaire dans une chambre voisine. Soucieuxde sa réputation, l'écrivain se rend une autre fois sur les lieux "encompagnie de celui qui gouverne l'ouverture et la fermeture des portes,l'officier chargé de recouvrer les créances et de procéder auxexpulsions, pièce essentielle de la société bourgeoise : l'huissier -pour lui faire constater qu'en une heure il aura possédé sixpensionnaires"...

35326534393030383437353938663730?&_RM_EMPTY_ Patrick Wald Lasowski note dans son bel essai, La Maison Maupassant,que, chez l'écrivain, le goût du boxon vient de loin : son oncle AlfredLe Poittevin (mort avant sa naissance mais dont la mémoire le hanta)trompait lui-même l'ennui qui guette le "Garçon" en s'adonnant auxplaisirs tarifés et aux exploits sexuels, qu'il rapportait à son grandami Flaubert. Le 30 mars 1843, Alfred fit attester par le troisièmeattaché du procureur du roi, sur papier officiel, qu'il s'était rendudeux jours plus tôt "à 6 heures du soir, à l'ancien boxon de lamère Masson. Il y avait fait la connaissance d'une fillette, nomméeLaure, qu'il a fait mettre nue, polluée, foutue, et langotée". Dans la marge, on peut lire : "Les huissiers compteront."Implacable économie sexuelle, que Patrick Wald Lasowski ne mentionnepas par goût de la gaudriole, mais parce qu'il se produit, chezMaupassant, d'incessants chassés-croisés entre les corps et les textes.Qu'ont de commun ces listes de "coups" dûment homologuées etles nouvelles de l'écrivain ? Une même loi s'y applique : pasd'attendrissement, un plaisir efficace et rapide. "Ces brèves secousses" qu'offrent les maisons closes illustrent ce que Patrick Wald Lasowski nomme "la sexualité de la nouvelle": les contes se doivent, eux aussi, d'offrir des plaisirs calculés etnets. Petites unités closes sur elles-mêmes, ils coupent court à toutedigression et sont mécaniquement tendus vers leur coup final. Mais,prise isolément, une nouvelle ne suffit pas à combler le lecteur ;chaque histoire appelle la suivante. Telle est la fatalité du conteur,sans cesse "voué à recommencer". Et comme les rivières dont le cours apaisé et rieur cache toujours, chez l'auteur de Sur l'eau,un cadavre, ces exploits de "Garçon" ont pour revers la hantise de lasyphilis. Alfred Le Poittevin mourut d'une maladie de coeur aggravéepar cette maladie vénérienne. Maupassant lui-même découvrit très tôt cequ'il en coûte de "foutre sans capote" : lui qui échangeait avec Flaubert de joyeux récits "chargés de bordels et de filles" (comme autrefois son oncle Alfred) poussa le sens de la filiation jusqu'à se faire une gloire d'avoir attrapé la vérole - "J'en suis fier morbleu et je méprise par-dessus tout les bourgeois". On sait que cette maladie provoqua une véritable hécatombe parmi les héros de roman au XIXe siècle. Pour Maupassant, elle ne représentait pas une malédiction ; plutôt une taxe due au plaisir. LA MAISON MAUPASSANT de Patrick Wald Lasowski. Gallimard, "L'un et l'autre", 103 p., 14 €.
Jean-Louis Jeannelle