Qu’ont en commun Pierre Alferi, Léos Carax, Emmanuel Carrère, Claire Denis, Louis des Forêts, Yannick Haenel, Nathalie Léger, Christine Montalbetti, le poète Jérôme Game ou l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens ? Cet essai fait l’hypothèse que leur poétique s’ordonne autour d’un même souci de l’écriture soumise aux puissances de la projection – un faisceau lumineux transporte une image sur un écran : photogramme qui défile et s’expose à la dissemblance ; image virtuelle qui s’actualise ; image fugace dont se déploie l’évanescence. L’investissement imaginaire et affectif associé au dispositif technique du cinéma rencontre ainsi la notion psychanalytique où le sujet voit chez l’autre ce que son inconscient ne peut regarder en face. Le cinéma devient surface d’inscription des traumas que réécrit la figurabilité filmique : optique ou psychique, la projection met en jeu un transport et une déformation destinés à faire écran. C’est au croisement de ces deux sens que s’ouvre un espace contemporain d’écriture entre cinéma et littérature, dont il s’agit ici de théoriser et cartographier les pratiques, lorsque l’écriture – syntaxe, métaphores, lumières et ombres – retrace la hantise des figures de l’écran.
Sommaire
Préface de Laurence Schifano - Projections : un ouvroir poétique
La projection, pour écrire ; l’essai, « pour voir »
L’optique et le psychique : cinéma et roman des origines
Le petit cinéma portatif de Jérôme Game
Supplément à la vie de Barbara Loden ou des projections nommées Wanda
Emmanuel Carrère : l’enquête et le secret
Yannick Haenel : faire exister le cinéma dans l’invisible
Un diptyque de Paul Otchakovsky-Laurens
Un nouveau genre dans la littérature contemporaine ?
La projection et l’écriture… filmique
To be continued