Essai
Nouvelle parution
M. Lindon, Hervelino

M. Lindon, Hervelino

Publié le par Université de Lausanne

Hervelino   

Mathieu Lindon

P.O.L., janvier 2021

176 p. — ISBN : 978-2-8180-5113-9

 

« Ce fut vite ma façon d’appeler Hervé, avec ma manie d’italianiser les noms de mes proches… Hervelino : ça ne m’évoque pas tant Hervé que nous deux. Le mot est banal mais c’était lui et c’était moi, il l’avait repris à son compte. »

Mathieu Lindon fait la connaissance de l’écrivain et photographe Hervé Guibert en 1978. Le diminutif Hervelino date du début de leur relation, et dix ans plus tard ils passeront ensemble deux années à Rome. Hervé Guibert est pensionnaire à la Villa Médicis, de 1987 à 1989. Mathieu Lindon l’y rejoint en 1988, également comme pensionnaire. Ils resteront ainsi à Rome jusqu’en 90. Ce sont ces années romaines qu’évoque ce récit autobiographique à la fois drôle et mélancolique. Hervé Guibert venait d’apprendre qu’il était séropositif et mourra quinze mois après son retour, le 27 décembre 1991. C’est aussi l’année de la parution du livre d’Hervé, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (Gallimard, 1990), et dans lequel apparaît Mathieu Lindon comme personnage, sous un autre nom.

Ce livre n’est pas un livre de souvenirs, il porte sur la difficulté d’écrire et de raconter l’autre aimé, admiré. Revenir à ce séjour à Rome est une façon de conjurer l’impossibilité d’écrire sur Hervé Guibert. « Écrire sur Rome, c’est passer sur tout ce sur quoi je n’ose pas écrire parce que c’est trop compliqué de m’approprier Hervé. » C’est aussi l’histoire des livres que l’on a lus, ceux de l’ami, de l’autre aimé et disparu. Hervelino s’achève ainsi sur les dédicaces d’Hervé Guibert à son ami Mathieu. Chaque dédicace, avec le commentaire aujourd’hui de Mathieu Lindon, est un éclat, un fragment d’une histoire qui tient à la fois de la littérature, de l’amour, de la maladie et de la mort.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Archives d’une amitié", par Philippe Artières (en ligne le 17 février 2021).

Dans un entretien au journal Gai Pied, publié en avril 1981, Michel Foucault essayait de penser ce que pourrait être un journal homosexuel : « le programme doit être vide », dit-il, et développer, sur ce que pour lui est l’amitié entre deux garçons, « un mode de vie ». Trente après la mort d’Hervé Guibert, Hervelino de Mathieu Lindon apparaît comme les archives de cette amitié, de ce mode de vie que les deux jeunes gens partagèrent depuis que le philosophe les fit se rencontrer.

Lire aussi sur Diacritik.com l'article de Christine Marcandier à l'occasion de la reparution du livre dans la collection Folio (nov. 2022)…