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Les revues littéraires et artistiques (1870-1940). Perspectives méthodologiques et apports critiques

Les revues littéraires et artistiques (1870-1940). Perspectives méthodologiques et apports critiques

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Julien Schuh)

 

Journée d'étude

Les revues littéraires et artistiques (1870-1940)

Perspectives méthodologiques et apports critiques

 

 

 

 

Longtemps considérées comme des documents secondaires, dont l’intérêt se limitait à l’indication des prépublications de textes célèbres ou à l’éclaircissement de points de détails de l'histoire littéraire traditionnelle, les revues littéraires et artistiques sont devenues aujourd'hui des objets d'étude à part entière, particulièrement significatifs des évolutions actuelles de la recherche littéraire : au croisement de plusieurs disciplines (littérature, histoire de l'art, histoire du livre ou histoire culturelle), elles sont au coeur des problématiques de la numérisation en raison de leur accès difficile, de l'incomplétude des collections et de la mauvaise qualité de leur numérisation (numérisation des revues les plus connues, en mode image, réalisée le plus souvent à partir des reprints qui ne reprennent pas les couvertures...). 

La fin du XIXe siècle et le début du XXe apparaît comme une période particulièrement intéressante pour l'étude des revues. Les conditions favorables de la presse permettent un foisonnement de petites revues éphémères dans les années 1880, qui deviennent véritablement un lieu de création littéraire, mais aussi un lieu d'échanges culturels internationaux.

Cette journée d'étude vise à confronter les différentes approches critiques des revues et à interroger les principes méthodologiques de l'étude des périodiques littéraires et artistiques, en insistant sur leur réalité matérielle.

Cette journée s'inscrit dans le mouvement d'analyse des petites revues et des réseaux littéraires qui fait l'objet des travaux d’Evanghelia Stead et Hélène Védrine (voir L’Europe des revues) et du séminaire TIGRE animé à l'ENS par Evanghelia Stead, et des travaux sur la médiatisation menés entre autres par Alain Vaillant et Marie-Eve Thérenty. Elle fait partie d’un projet de recherche sur les petites revues littéraires et artistiques (PRELIA) pour lequel une demande de financement ANR est en cours.

 

Organisation: 

Alexia Kalantzis

Julien Schuh

Secrétariat

Site du PRELIA 

 

PROGRAMME

 

MATINÉE (10h-12h30) / Méthode, histoire, réseau

 

Evanghélia Stead (UVSQ) / Sur deux appellations problématiques et quelques principes méthodologiques en matière d’étude des revues

 

Yoan Verilhac (Nîmes) / L’histoire littéraire des petites revues : essai de description / Quel rapport de la critique des avant-gardes poétiques de la fin du siècle à l’histoire littéraire ? La question peut paraître soldée ou bien connue : la façon dont la génération symboliste s’est définie, à travers ses manifestes et ses réflexions théoriques, par ses rejets violents et par ses admirations ferventes, a été maintes fois décrite. Il est judicieux cependant de s’intéresser non seulement aux objets (auteurs, oeuvres, mouvements) qu’il est question de retenir ou de rejeter, mais encore au rapport qui se construit à l’histoire littéraire même. 

Au confluent de mutations essentielles dans l’histoire de la critique historique, depuis les essais de Brunetière à ceux de Lanson, de transformations profondes de la place du commentaire de la littérature dans l’espace médiatique, la jeune critique questionne en profondeur les liens entre histoire et littérature, actualité et postérité. Cette petite intervention s’efforcera d’interroger la façon dont se pense, se pratique et se formalise le rapport de la petite revue à l’histoire littéraire, en tant que discipline critique, en tant que patrimoine constitué ou à déconstruire/reconstruire.

 

Elisa Grilli (URCA) / Un réseau pour les happy few ? : un exemple de transfert dans quelques revues britanniques et françaises  de la fin du XIXe s. / Comment peut-on interpréter l’intérêt réciproque entre la France et la Grande Bretagne dans la définition du « Symbolisme » ? S’agit-il d’une mode, d’une volonté d’ouverture, d’une recherche de nouvelles voies esthétiques ? Les enjeux de ces choix, aux implications esthétiques et politiques seront abordés à travers les échanges et les transferts au sein d'un réseau « restreint » autour de la revue L'Ermitage (Paris, Juillet 1890 - décembre 1906) et de ses "consoeurs" The Savoy  (Londres, janvier - décembre 1896) et The Evergreen (Edinburgh, 1895-1896). Les modalités du réseau sont multiples : amitiés, correspondances ; traductions ; citations et références dans les revues, mettant en lumière des échanges personnels et textuels et le rôle des « passeurs » tels H.D. Davray et A. Symons, etc. Ces revues présentent des gestes marginaux mais féconds, à la fois isolés mais intégrés dans un réseau international.

 

Table Ronde / Les revues face aux catégories critiques traditionnelles / Les revues littéraires remettent en causes nos catégories critiques, mettant à mal la notion d’oeuvre, par leur caractère fragmentaire, collagiste, éphémère, ou la notion d’auteur, par leur mode de création collectif et la difficulté à attribuer une responsabilité dans tous leurs choix formels. Elles invitent à réévaluer les hiérarchies et les valeurs artistiques traditionnelles. Comment aborder ces objets que l’on pourrait considérer comme des formes expérimentales ou des laboratoires des arts de leur époque ?

 

APRÈS-MIDI (14h-17h30) / Cas d’études

 

Vincent Gogibu (Montpellier III) / L'Occident (1901-1914) d'Adrien Mithouard : mise en perspective / En quatorze années d'existence, L’Occident parvint à fédérer au sein d'une même enseigne les auteurs qui incarnaient l'entre-siècle flamboyant avec la toute jeune avant-garde littéraire du XXe siècle : François-Paul Alibert, Maurice Barrès, H. Bidou, Jean de Boschère, Henri Brémond, R. Canudo, René Chalupt, Paul Claudel, Henri Clouard, Dante Alighieri, Maurice Denis, Edouard Ducoté, G. Ducrocq, [Félicien] Fagus, André Germain, Henri Ghéon, André Gide, Vincent d’Indy, Francis Jammes, Edmond Jaloux, Tristan Klingsor, Jules Laforgue, Guy Lavaud, Louis Le Cardonnel, André Lebey, Legrand-Chabrier, Herni Martineau, Eugène Marsan, Henri Mazel, Francis de Miomandre, Adrien Mithouard, Albert Mockel, Charles Morice, Raoul Narsy, Paul Nothomb, Maurice des Ombiaux, Charles-Louis Philippe, Henri de Régnier, Jacques Rivière, Lucien Rolmer, Sandricourt, Jean Schlumberger, Jean Soury, André Suarès, Roubert de Souza, Louis Thomas, Paul-Jean Toulet, René Vallery-Radot, Jean-Louis Vaudoyer, Emile Verhaeren, Francis Viélé-Griffin, Tancrède de Visan, Willy, … Entre un Mercure de France “très existant” (Gide) et une N.R.F. balbutiante, Adrien Mithouard sut donner à  sa revue une identité propre. Nous nous attarderons sur le contenu des sommaires, les notions de réseaux et d'influence pour tenter de dresser un portrait au plus juste de L'Occident.

 

Christel Brun-Franc (Aix-Marseille) / Se frayer un chemin dans les archives des Cahiers du Sud (1925-1939) : les risques de l’abondance / Si l’accès à de nombreuses revues peut s’avérer difficile aujourd’hui, en particulier à cause de leur intérêt perçu longtemps comme secondaire, ce n’est pas le cas des Cahiers du Sud, dont la totalité des archives est conservée à l’Alcazar, bibliothèque de Marseille à vocation régionale. Cette revue littéraire marseillaise naît en 1913, sous le titre de Fortunio et connaît son apogée entre 1925 et 1939, période à laquelle nous nous intéresserons. Nous avons donc le double privilège de pouvoir consulter l’ensemble des numéros de la revue et de parcourir des milliers de dossiers de correspondance, classés et légués par Marcelle Ballard, femme du directeur des Cahiers et secrétaire de la revue. Pour autant, cette richesse n’est pas sans risque et nous nous proposons donc d’évoquer ce travail de recherches tout en exposant les difficultés de méthode rencontrées : comment appréhender cette masse de documents non numérisés mal référencés, parfois mal classés, qu’il faut réussir à hiérarchiser sans se laisser dépasser par la quantité, ni verser dans l’histoire au détriment de la littérature ? Par ailleurs, il nous faudra évoquer les problèmes liés au volume de texte qui empêche d’avoir une vue globale et exhaustive du corpus, et la difficulté que nous pouvons avoir à unifier un ensemble de textes sans fabriquer une unité factice, et sans trahir non plus le “climat” de la revue.

 

Pierre Philippe-Meden (Paris 8) / La revue L’Éducation Physique (1902-1940) : Approche ethnoscénologique du corpus hébertiste / Organe de propagande de la Méthode Naturelle du lieutenant de vaisseau Georges Hébert (1875-1957), la revue L’Éducation Physique (1902-1971) est un classique de l’histoire du sport. Toutefois, le contenu de L’Éducation Physique n’a jamais fait l’objet d’études vraiment approfondies au risque de ne pas comprendre ou de sous-estimer certains aspects de l’hébertisme, notamment ceux relatifs à la littérature sportive, à l’esthétique du corps et à la représentation du mouvement physique dans les arts. Nous avons personnellement indexé l’ensemble de L’Éducation Physique pour ses deux principales périodes de parution : 1902-1914, 242 numéros ; 1922-1940, 100 numéros. Pour ces deux périodes, nous avons systématiquement indexé pour chaque article le nom de l’auteur, la date de parution, le titre de l’article, le numéro de parution de la revue et celui des pages, avec le but d’en établir une classification thématique permettant de mieux identifier les enjeux de la revue et de l’hébertisme, non seulement dans le milieu du sport, mais aussi dans ceux de l’esthétique et des arts. Nous centrerons notre propos sur les principales étapes de ce travail, les premiers résultats et les difficultés méthodologiques rencontrées.

 

François Vignale (Bibliothèque de l'Université du Maine) / Propositions pour une mesure de la réception des revues : le cas de Fontaine

 

Projets de recherche 

 

Fabienne Fravolo et Lucia Piccioni (INHA) / Le Répertoire de cent revues francophones d’histoire et de critique d’art dans la première moitié du XXe siècle : enjeux et résultats méthodologiques / Depuis 2008 l'équipe “Histoire de l'histoire de l'art” de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) a entamé une réflexion collective sur la revue comme support et objet des recherches en histoire de l'art, débouchant sur l'élaboration d'une base de données qui sera accessible en ligne à la fin du mois de juin 2012. Composé de fiches techniques et de dépouillements, cet outil destiné à l'ensemble de la communauté scientifique vise à proposer une grille de lecture objective pour tenter de dépasser des typologies parfois réductrices, selon trois axes principaux : l’histoire de la revue comme oeuvre dans ses dimensions esthétiques et matérielles ; l’histoire des contenus intellectuels ; et l’histoire sociale du discours sur l’art, visant à cerner ses lieux d’implantation et d’énonciation, ses formes de sociabilité et ses publics. Il s'agit ici de retracer les étapes de ce travail, d'en présenter les résultats grâce à la base de données, et de revenir sur ses enjeux méthodologiques.

 

Table Ronde / Confrontation des projets autour des revues, méthodes et résultats