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Langues nationales et langages d'exil

Langues nationales et langages d'exil

Publié le par Marion Moreau (Source : Florence Hulak)

Langues nationales et langages d'exil

Journées d’études organisées par Non-Lieux de l'exil (Réseau Asie-IMASIE, CNRS/FMSH), l’Institut d’Études Avancées de Paris et le programme Russie (FMSH), en collaboration avec l’Institut franco-japonais du Kansai (Kyoto), POexil (Université de Montréal), le Cardiff Research Group on Politics of Translating (Cardiff University) et en association avec les Éditions Non lieu

Lieu : Bâtiment France, Noyau A, Salles 640-641, 190 av. de France, 75013 Paris, Bus 89, Métro Quai de la Gare (pour le 9 mai) et Maison Suger, 16-18 rue Suger, 75006 Paris (pour le 10 mai)

Coordination scientifique : Alexis Nouss, Susanna Spero, Virginie Symaniec, Javier Vargas

Comité scientifique « Non-lieux de l’exil » : Boris Chukhovich, Alexandra Loumpet-Galitzine, Alexis Nouss, Virginie Symaniec

Si l’exil est communément perçu comme la conséquence d’une sanction ou d’une contrainte idéologique ou économique, il peut également résulter d’un choix délibéré. Quelles qu’en soient les circonstances, il apparait au fondement de nouvelles formes d’expression. Qu’il s’agisse d’inventer, par le biais du fait littéraire, des espaces éphémères de l’ailleurs, des récits renouvelés de la mémoire et de l’appartenance, l’exil s’est en effet imposé, tout au long du XXe siècle, comme un phénomène qui n’a cessé de nourrir la création littéraire et artistique contemporaine.

Dans cet espace particulier de l’entre-deux, du seuil, du déséquilibre identitaire,  l’éloignement plus ou moins consenti de la langue maternelle peut constituer le point de départ de la recherche d’une lingua franca, d’un multilinguisme littéraire, d’un idiolecte ou encore d’une « minorisation » de la langue (Deleuze).

Ainsi, la figure de l’écrivain, de l’intellectuel ou de l’artiste exilé,  historiquement associée à une position juridique indéterminée et à des idées potentiellement subversives, interroge la notion de culture nationale et sa formation, la représentation de la langue comme vecteur de rassemblement identitaire, et exige la perception de filiations complexes et non-linéaires.   Le purgatoire dans lesquels les oeuvres sont souvent longtemps tenues, les formes parfois paradoxales de leur assimilation progressive, sinon de leur canonisation, tendent en effet à limiter la compréhension de phénomènes esthétiques singuliers. Ils invitent à réfléchir à la manière dont un auteur en exil, sujet décentré et marginalisé, tisse ses relations à une tradition et à une langue devenues multiples pour aboutir à des productions esthétiques fondées sur le transfert ou encore à une pratique littéraire qui passe par la déterritorialisation des langues.

Nombreux sont les cas qui permettent de questionner la construction nationale de l’histoire culturelle,  et d’engager la réflexion sur la dimension transnationale  des oeuvres à l’époque contemporaine. Cette réflexion sur les limites du « national » touche donc aussi à la question d’une construction de l’histoire de la littérature qui, autant que l’histoire de la dramaturgie, se révèle défaillante face aux pratiques d’écriture en exil. L’étude des figures littéraires, linguistiques et plus largement artistiques du déplacement, pose par ailleurs une question de méthode et réclame un regard critique capable de saisir la relation entre les langues, le passage de l’une à l’autre qu’elle conditionne éventuellement, ainsi que la spécificité du travail qui est engagé. Enfin, le réseau de circulation qui relie les oeuvres  et les savoirs, au sein de cette géographie mouvante de l’exil,  peut permettre d’en observer la trajectoire et la construction, les modalités de leur traduction, pour interroger ainsi l’effet du déplacement des sujets sur les formes du langage.

Programme

Mercredi 9 mai

Bâtiment France, Noyau A, Salles 640-641, 190 av. de France, 75013 Paris

 9 h : Accueil

 9 h 30 – 10 h 30  Présidence : Alexandra Loumpet-Galitzine

Javier Vargas (Université Laval/IEA) :  L’espagnol en Amérique : la littérature au risque de la grammaire 

Régine Robin  (Université du Québec à Montréal) :  L'exil dans sa propre langue

10 h 30 – 10 h45 : Pause

10 h 45 – 11 h 45 Présidence : Alexandra Loumpet-Galitzine

Julie Brock (Kyôto Institute of Technology) :  L'intersubjectivité dans la langue japonaise et l'exil du sujet dans la littérature en kanbun - L'exemple d'un poème de Tôshô Shûgen (1391-1462)

Visioconférence avec la collaboration de l’Institut Français du Kansaï, Kyoto

Sylvie Courtine-Denamy (Cevipof/Item) : “Une seule langue, un seul peuple ?” De Babel à Ben Gourion 

11 h 45 – 12 h 30 : Discussion générale

12 h 30 – 14 h 30 : Déjeuner

14 h 30 – 15 h 30 Présidence : Patrice Duran

Virginie Symaniec (Réseau Asie & Pacifique, CNRS - FMSH) :  Boulgakov, l'Occitan : traduire "la langue" ou "la question de la langue" ?

Isabelle Poulin (Bordeaux 3) :  Écrire à la limite : le corps fou de la langue dans l’oeuvre de Vladimir Nabokov 

15 h 30 – 15 h 45 : Pause

15 h 45 – 16 h 45  Présidence : Patrice Duran

Emilio Sciarrino (ENS) : La genèse des langues dans la poésie d'Amelia Rosselli

Susanna Spero (Université de Sienne/IEA) : La "no man’s langue" de Gherasim Luca 

16 h 45 – 17h 30 : Discussion générale

Jeudi 10 mai

Maison Suger, 16-18 rue Suger, 75006 Paris.

9h 30 – 10 h 30 Présidence: Catherine Bouthors-Paillart

Boris Chukhovich (Celat/Université Laval) : Lingua franca: de l'imposition à la quête

(à partir d'une exposition présentée à la 54e Biennale de Venise)

10h 30 - 11h : Pause

11 h – 13h Présidence: Catherine Bouthors-Paillart

Table ronde

« Transnational/Translational : la traduction comme acte éthique et politique »

avec Galia Ackerman, Isabelle Kalinowski, Alexis Nouss,  Eloi Recoing

13h-14h : Buffet