Dans l'immédiat après-guerre comme dans les décennies qui suivirent, on a pu assister à l'essor d'une critique de la fiction dirigée contre la prétention à restituer la vérité de l’Histoire dans ses heures les plus sombres avec les moyens du réalisme traditionnel – la violente charge de J. Rivette contre Kapò de G. Pontecorvo est emblématique d'une telle position. De ce rejet de la fiction réaliste allant de pair avec la valorisation du témoignage, a-t-il pu naître une dialectique de la fiction qui se construirait justement dans son dialogue avec les œuvres documentaires ? Et dans quelle mesure les auteurs de fiction ont-ils été gagnés, depuis 1945, par le sentiment que la fiction réaliste serait invalidée dans sa tentative de représenter la vérité historique ? Telles sont les questions débattues lors d’une Journée d’études organisée par le FORELL à l’Université de Poitiers le 26 février 2015, dont les actes rejoignent le catalogue des Colloques en ligne de Fabula, avec le soutien de l'Université de Lausanne. Les études réunis par É. Boillet et E. Bolzoni portent toutes sur le cinéma et la littérature du néoréalisme italien entendu dans un sens très large : des œuvres de Rossellini, Vittorini, Fenoglio et Bassani font l’objet des analyses ici rassemblés. On pourra également se reporter à la très riche entrée "Histoire" de l'Atelier de théorie littéraire. (Illustr. : Roma citta' aperta, R. Rossellini)