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Théorie littéraire féminine à la Belle Époque

Théorie littéraire féminine à la Belle Époque

Publié le par Marc Escola

Les femmes écrivains du XIXe siècle semblent s’être peu souciées de querelles d’école, abstenues de déclarations fracassantes, de proclamations théoriques et de manifestes. Qu’en est-il à la toute fin du siècle, dans ce moment de contradiction qu’on nomme "Belle Époque", partagé entre misogynie fin-de-siècle et émergence conjointe de la production littéraire féminine et des mouvements politiques féministes ? Rares sont, en 1900, les femmes qui livrent, à côté de leurs œuvres, un mode d’emploi théorique sous forme d’essai, ou revendiquent publiquement une innovation littéraire. Quelques contre-exemples sont pourtant remarquables, de Marie Krysinska engagée dans la querelle du vers libre, au Manifeste de la femme futuriste de Valentine de Saint-Point. Surtout, absence de texte essayistique n’est pas absence de pensée théorique : en effet, comment considérer les réflexions glissées par Renée Vivien dans Une femme m’apparut, les préfaces et aphorismes de Natalie Barney, les mises en scène métalittéraires qui émaillent les œuvres de Colette, ou bien encore la vision qui structure les critiques littéraires de Rachilde ? Les voies empruntées par les femmes pour théoriser quand même interpellent les capacités de lecture et leurs biais genrés, questionnent les limites entre théorie, fiction, critique, et finalement, interrogent notre rapport aux institutions de la littérature et à la production de ses normes. Les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes revus et augmentés de la journée d’étude organisée à la Sorbonne Nouvelle le 8 février 2020, réunis par Camille Islert et Wendy Prin-Conti.

(Illustr. : La symbolique du théâtre, chromolithographie d’Auguste François-Marie Gorguet pour le Comoedia illustré, 1908)