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L'Antiquité à l'épreuve du disparu : de l'absence de vestiges dans les études archéologiques

L'Antiquité à l'épreuve du disparu : de l'absence de vestiges dans les études archéologiques

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Laure Brossin)

L'archéologue est traditionnellement considéré comme le scientifique en charge de l'étude des vestiges du passé. Or ceux-ci ne représentent qu'une infime partie des réalités matérielles du monde antique : certains matériaux, les plus précieux, ont été remployés au cours de l'histoire. D'autres, périssables, ont subi les outrages du temps. Pertes et destructions sont récurrentes, du fait de la volonté des hommes ou de la simple dégradation organique.
Les vestiges dont dispose l'archéologue ne sont donc que le résultat d'un long processus de sélection et ils ne reflètent par conséquent que partiellement l'époque à laquelle ils se rattachent. C'est pourquoi l'étude du disparu est aussi indispensable scientifiquement qu'à première vue surprenante.
Ainsi, malgré des lacunes documentaires souvent très importantes sur le plan matériel, il est possible, parmi de nombreux exemples, de faire une archéologie du costume, du cuir, ou encore de la peinture dans l'Antiquité.

Au cours de cette journée, plusieurs doctorants exposeront donc les problèmes méthodologiques qu'ils rencontrent en raison de la disparition de tout ou partie de leur objet de recherche et les solutions qu'ils mettent en oeuvre pour les résoudre.

Nous verrons, sans ignorer l'apport de l'archéologie de terrain et des archéosciences, toute l'importance que garde l'étude des témoignages littéraires et iconographiques pour notre compréhension de l'art disparu de l'Antiquité, qu'il s'agisse de productions anonymes ou d'oeuvres d'artistes reconnus.



PROGRAMME

9h30 : Présentation de la journée.

10h : Benoit Dercy (ED VI) :
A la recherche du cuir perdu : le tan retrouvé.

Résumé : En tant que matériau « ignoble » au sens étymologique, et périssable -n'ayant par conséquent laissé quasiment aucun vestige-, le cuir n'a guère fait l'objet d'études récentes ou développées pour le monde grec. Pourtant, la lecture des textes littéraires et épigraphiques, ainsi que l'étude iconographique de vases, montrent à quel point son usage était répandu, pour la confection de vêtements et de chaussures, mais aussi dans l'armement, le sport, la musique, la médecine, l'ameublement, le harnachement, etc. Ces mêmes sources testimoniales permettent de reconstituer les étapes de la fabrication du cuir, depuis l'élevage et l'abattage de la bête jusqu'au tannage, au corroyage et à l'entretien du cuir obtenu.

10h30 : Ariane Thomas (ED VI) :
Recherches sur le costume au Proche-Orient ancien

Résumé : Alors que l'essentiel des textiles composant majoritairement le costume a aujourd'hui disparu, des sources textuelles, iconographiques ainsi que des vestiges matériels permettent de redécouvrir cet élément omniprésent des sociétés du Proche-Orient ancien.

11h : Pause.

11h30 : Anastasia Painesi (ED VI) :
La peinture grecque disparue : Les problèmes de restitution de la Bataille d'Oinoé (Stoa Poecile de l'Agora d'Athènes).

Résumé : Les seuls témoins de l'existence et du type de représentation des peintures grecques antiques de grandes dimensions - déjà disparues depuis l'Antiquité- sont certains textes antiques assez tardifs, comme ceux de Pausanias et de Pline. A l'instar du caractère allusif et souvent ambigu de ces sources, les théories diverses -formées par de nombreux archéologues- sur la restitution de la Bataille d'Oinoé de la Stoa Poecile attestent des difficultés de restitution de ces oeuvres d'art, faute de confirmation par les trouvailles des fouilles.


12h : Matthieu René-Hubert (ED I) :
Géographie historique et disparu. Remarques historiographiques relatives à la région du bas Strymon.

Résumé : Comme d'autres domaines, la géographie historique est confrontée à la disparition de son objet d'étude. La communication se propose de voir comment, depuis que des recherches sont menées dans cette région du nord de la Grèce, les historiens se sont accommodés de cette situation.

12h30-14h : Pause.



14h : Anny-France Damas (ED VI) :
La chirurgie d'Hippocrate.

Résumé : Si nous trouvons chez Homère les récits d'hommes secourant les blessés, pansant les plaies, c'est au Ve s. av. J.-C. que le médecin quittant la magie et l'irrationnel devient un praticien et plus spécialement un cheir ergon, celui qui travaille avec les mains. La technique de soins est développée et exposée dans des écrits : la Collection hippocratique. Nous connaissons bien Hippocrate et la chirurgie qu'il enseigne mais nous n'avons aucun vestige, cependant nous pouvons comprendre les techniques chirurgicales et les instruments qu'il utilisait. La chirurgie actuelle en est le descendant direct.


14h30 : Lorenzo Medini (ED I) :
Hermopolis gréco-romaine : archéologie d'une ville disparue.

Résumé : Les résultats des différentes missions archéologiques menées sur le site d'Hermopolis, conjointement à l'analyse des papyrus d'époque gréco-romaine, ont permis d'esquisser une image du paysage monumental de cette ville de moyenne Égypte sous la domination des Lagides et des empereurs romains. Une nouvelle étude des certains de ces documents oblige toutefois à nuancer cette reconstitution.

15h : Pause.

15h30 : Sylvain Perrot (ED VI) :
La musique antique et le disparu : l'apport de l'archéologie funéraire dans la restitution de la musique antique.

Résumé : La recherche en musique antique a considérablement progressé ces deux dernières décennies par la découverte de tombes de musiciens inhumés avec leur instrument, aulos ou lyre. Ces vestiges sont généralement incomplets et une partie de l'équipement du musicien a même disparu. Toutefois, l'étude des objets qui ont subsisté comme leur position dans la tombe permet de mieux saisir certains aspects de la musique antique, voire de la restituer grâce aux quelques partitions conservées, alors qu'on aurait pu la croire définitivement perdue, compte tenu de son caractère fondamentalement éphémère.


16h : Rachel Deyts (ED VI) :
Quelle était l'importance d'Homère dans l'imaginaire romain? L'exemple du décor disparu des thermes d'Agrippa à Rome.

Résumé : Comment étudier un phénomène culturel, tel que l'importance d'Homère dans la culture romaine, quand ses manifestations soit sont par nature intangibles (spectacles vivants...), soit ont disparu (oeuvres d'art...) ? L'archéologue doit, pour tâcher d'en proposer une reconstitution, se contenter d'étudier non pas les oeuvres en elles-mêmes, mais les traces qu'elles laissent : copies supposées, allusions littéraires...

16h30 : Conclusion.

17h : Pot de fin de journée.

Vous pouvez nous contacter aux adresses suivantes : 
laure.brossin@paris-sorbonne.fr
mathilde.couronne@hotmail.fr