Journée d'études :
"Baudelaire, dialogue avec ses contemporains"
Mardi 31 mars 2020,
ENS de Lyon, 9h45-17h, salle D2-034.
Programme:
09h45-10h00 – Accueil
10h00-10h15 – Introduction générale à la journée
Session 1 – Curiosités esthétiques : Baudelaire et le monde des arts
10h15-10h45 – Marianne Di Benedetto : « Les éloquentes contradictions de Baudelaire face aux grands chansonniers de son temps »
10h45-11h15 – Camille Page : « Armand Rassenfosse, illustrateur des Fleurs du Mal : le dialogue par l’image »
Pause
11h30-12h00 – Isabelle Safa : « Les Salons de 1859 de Baudelaire et Dumas : un manifeste idéologique et esthétique »
12h00-12h30 – Sophie Bros : « Gautier et Baudelaire, le choix de l'écriture-peinture »
Pause repas
Session 2 – Conseils aux jeunes littérateurs : Baudelaire et le monde des lettres
14h00-14h30 – Corinne Bayle : « Baudelaire et Nerval, la mélancolie de l’autre. Les échos d’Aurélia dans « La Voix » (Les Épaves) »
14h30-15h00 – Étienne Bigné : « Baudelaire lecteur de Heine ? Le damné et le païen face à la modernité »
15h00-15h30 – Éric Dayre : « Éléments du traducteur Baudelaire »
Pause
15h45-16h15 – Laëtitia Bertrand : « Baudelaire, ''hypocrite lecteur'' de Musset ? »
16h15-16h45 – Sarah Mombert : « Baudelaire et les journalistes, portrait de groupe »
16h45-17h00 – Conclusion
Résumé :
« Ceux qui m'ont aimé étaient des gens méprisés, je dirais même méprisables, si je tenais à flatter les honnêtes gens1 » : de la lecture de Baudelaire nous vient parfois le sentiment qu’il a passé une grande partie de sa vie à exécrer le monde qui l’entoure et ceux qui le peuplent.
Pourtant, Baudelaire n’a cessé d’interagir avec ses contemporains, que ce soit par le biais de sa critique d’art, de sa correspondance, de ses lectures et commentaires, ou de son rapport à ses aînés et modèles. Si ses affinités littéraires et artistiques ont fait l’objet de nombreuses études, nous souhaitons ici nous intéresser plus directement, au-delà des goûts du poète, au dialogue qu’il entretint avec ses contemporains.
Outre ses créations littéraires et artistiques – rappelons que le poète fut aussi l’auteur de dessins –, les échanges de Baudelaire esquissent un rapport ambivalent à son siècle et aux hommes et femmes de son temps2, brossant indirectement un portrait de la vie culturelle du XIXe siècle. Alternant entre sociabilité et rivalité, appréciation et animosité, Baudelaire interagit toute sa vie avec l’Autre, sous des formes variées, qui supposent pour les étudier de se pencher à la fois sur les œuvres et les textes-mêmes, mais aussi sur les postures auctoriales que le poète choisit d’adopter.
En effet, ce « dialogue avec les contemporains » n’est pas uniquement celui, direct et immédiat, de sa correspondance avec les grands artistes, mais aussi celui, plus large, de son rapport au public, aux lecteurs anonymes – qu’il s’agisse des bourgeois, du peuple, des dandys ou encore d’afficionados – et aux différents cercles de la vie intellectuelle du XIXe siècle. Il s’agit donc ici de prendre en compte non pas uniquement l’appréhension du monde qu’avait Baudelaire, mais aussi les divers effets de réception de son œuvre, à la fois en France et à l’étranger.
Si les noms de Guys, Poe, De Quincey, Wagner, Nerval ou Gautier sont ceux que l’on rapproche le plus immédiatement de Baudelaire, son rapport aux dramaturges, aux journalistes, à la critique, ou encore à des auteurs honnis dans sa correspondance s’avère particulièrement riche de sens. Les témoignages de ses contemporains sont également de précieux documents pour aborder l’œuvre et le personnage public tels qu'ils ont été construits par l'auteur. Pour devenir une légende, un mythe au yeux de ses contemporains comme de ses lecteurs futurs, Baudelaire n'a-t-il pas voulu appliquer à lui-même sa propre formule, selon laquelle la « modernité c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable3 » ? C'est en effet par l'art de l'apparence, de la présence, des bons mots et du comportement autant que par celui de l'élaboration poétique que le poète a désiré marquer de son empreinte la mémoire de son temps et du monde à venir.
Cette journée d'études se propose donc de relire le poète de la modernité sous l'angle de ses différentes relations, correspondances et lectures ; autant de formes de sociabilité artistique qui ont contribué à édifier la création, mais aussi la réception de son œuvre, que ce soit par ses lecteurs les plus contemporains comme par l'histoire littéraire.
1Charles Baudelaire, Fusées, dans Œuvres complètes, C. Pichois (éd.), Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2006, vol. I/II, p. 660.
2On peut prendre pour exemple son rapport à Courbet, entre amitié et inspiration, émaillé de jugements et de désaccords esthétiques.
3Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne, dans Œuvres complètes, C. Pichois (éd.), Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2002, vol. II/II, p. 695.