Le 26 avril 1986 à 1 h 23 mn 44 s, le cœur du réacteur n° 4 de la centrale Lénine de Tchernobyl explose. À travers l’étude de plusieurs gestes artistiques, cet essai interroge ce qu’un tel événement, impliquant des temporalités au-delà de l’expérience humaine possible, a changé dans notre regard et notre façon de faire des images. Contrairement à la bombe atomique, qui a donné lieu à des régimes de représentation ex-orbitants, par leurs surcroîts pyrotechniques et olympiens, la première grande catastrophe environnementale du nucléaire civil ne peut être approchée que par une esthétique in-oculée où le regard est partout orienté dans une menace obscure, sourde et infernale. Trois propositions principales : la radioactivité est moins, pour l’art, un objet de représentation qu’une manière de regarder ; les images du vivant contaminé par la radioactivité (nucléarisé) exigent un regard humain énucléé ; un art de la radioactivité produit une esthétique radieuse.
TABLE DES MATIERES
« Kochtcheï est le sans-mort… »
Fission du sensible
Il n’y a pas de fin du monde
De l’ex-orbitant à l’in-oculé
26 avril 1986
Tchernobyl
Haies
Anthropocène radio
Tchernonature
Trois propositions
Procédures d’évacuation des corées nucléaires
Des insectes, petits et petits
Entomologie mutante
Voir la nature en peinture
Chenilles anthropologues
Flora, ou la vie luciférienne
Esthétique profonde
Nucléaire en herbe
Photographier comme une plante
Eloge de la fleuriste
Power plant
L’hyperobjet
La radioactivité met le sublime hors tension
Des photographies – quasi modo
Ethos fongus
Hortus cinematographicus
Vidéoactivité
Le châtiment et l’enfer
Langue de nucléaire
De « bug » en « bug » jusqu’au réel
Irradié – vivant – cinématographique
Esthétique radieuse pour les mutants sans abri
Accident esthétique
Des femmes et du temps
Radiés dans l’esthétique
Regard énucléé : du muet au mutant
Esthétique de Dyson
Criticité de la faculté de juger
Leçon sur la nature pour aujourd’hui
Lexique
Remerciements
Ouvrages cités
Essai
Nouvelle parution
Publié le par Perrine Coudurier (Source : Jean-Michel Durafour)