Essai
Nouvelle parution
J. Prieur, Lanterne magique. Avant le cinéma

J. Prieur, Lanterne magique. Avant le cinéma

Publié le par Université de Lausanne

Lanterne magique. Avant le cinéma

Jérôme Prieur

éd. Fario, coll. Théodore Balmoral, mars 2021

240 p. — EAN : 9791091902649

 

Avec Lanterne magique, Jérôme Prieur nous propose une réflexion sur l’émergence, en plein siècle des Lumières, d’une pratique dont les ressorts occultes sont néanmoins essentiels : celle des projections publiques de lanterne magique qui débutent durant l’An VI, c’est-à-dire en 1797 – 1798.

Cette archéologie du cinéma passe par celle de l’image lumineuse à partir de deux livres, Du côté de chez Swann de Marcel Proust et les Mémoires d’Étienne-Gaspard Robertson (1763 – 1837), l’inventeur de la fantasmagorie qui fit carrière sous le Directoire et le Consulat quand les lanternes magiques sont connues depuis la fin du XVIIe siècle. 

On connaît bien le premier, la fameuse série de six plaques de lanterne magique racontant l’Histoire de Geneviève de Brabant et le fameux passage : 

"On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du diner, on coiffait ma lampe ; et, à l’instar des premiers architectes et maîtres verriers de l’âge gothique, elle substituait à l’opacité des murs d’impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané." M. P.

On connaît moins ou pas du tout le second et ses Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques d’un physicien aéronaute. En plein siècle des Lumières, Étienne-Gaspard Robertson (peintre, dessinateur, physicien aéronaute, mécanicien, fantasmagorien et mémorialiste) est un véritable illusionniste. Comme l’écrit Jérôme Prieur dans sa préface, Robertson propose « de l’intérieur, une réflexion sur le spectacle lumineux, sur l’illusion et la croyance, une réflexion sur le spectateur – ce hors champ laissée dans l’ombre des histoires du cinéma et du pré-cinéma, cette part d’ombre consubstantielle aux images nocturnes. Bien avant le grand Hitchcock, Étienne-Gaspard Robertson a été le premier à comprendre que les spectacles optiques que préfigure sa fantasmagorie ne devaient pas se contenter de mettre en mouvement les images, mais qu’ils devaient mettre en scène les désirs et les peurs que suscitent les images, qu’ils devaient diriger le spectateur, notre double assis à notre place dans la nuit lumineuse.

Est-ce vraiment un hasard si son écran de projection, Robertson l’appelait « miroir » ?

Jérôme Prieur est écrivain et cinéaste.

Il est l’auteur d’une vingtaine d’essais, d’un roman et de nombreux films documentaires, explorant l’histoire contemporaine et l’histoire des religions, il a également réalisé de nombreux portraits d’écrivains. Il a reçu en 2014 le prix du documentaire décerné par l’Association française des critiques de cinéma et de télévision.

Voir le livre sur le site de l'éditeur…

*

Jérôme Prieur participe très tôt à diverses revues littéraires, dont Les Cahiers du Chemin et Obliques, puis a tenu longtemps la chronique cinéma de la NRF.

Il a tourné une cinquantaine de films dont, avec Gérard Mordillat, Corpus Christi (1998), L’Origine du christianisme (2003), L’Apocalypse (2008)) ; et Léon-Paul Fargue, souvenirs d’un fantôme (1996), Jean Paulhan, le don d’ubiquité (1998), René Char, nom de guerre, Alexandre (2006), Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé (d’après le Journal d’Hélène Berr (1942 – 1944).

Sur Robertson, les lanternes magiques et les différents procédés d’animation de l’image avant la cinéma, il a réalisé en 2011 le film Vivement le cinéma.

Il est l’auteur de plus d’une vingtaine de livres dont Proust fantôme (Le cabinet des lettrés/Gallimard, 2001), Le Roman noir, essai sur la littérature gothique (La Librairie du XXIe siècle/Seuil, 2006, Berlin, Les Jeux de 36 (La Bibliothèque, 2017).

*

On peut lire sur Diakritik.com un article sur cet ouvrage…