Essai
Nouvelle parution
J. Butler, Ces corps qui comptent. De la matérialité et des limites discursives du

J. Butler, Ces corps qui comptent. De la matérialité et des limites discursives du "sexe"

Publié le par Florian Pennanech

Judith Butler,Ces corps qui comptent. De la matérialité et des limites discursives du "sexe",traduit de l'anglais par Charlotte Nordmann,Paris : Amsterdam, 2009, 256 p.

  • ISBN-13 : 978-2-35480-041-3
  • Prix : 22 €

Présentation de l'éditeur :

Judith Butler opère dans Ces corps qui comptentune reformulation de ses vues sur le genre en répondant aux interprètesde son précédent livre, qui y voyaient l'expression d'un volontarisme(on pourrait « performer » son genre comme on joue un rôle au théâtre,on pourrait en changer comme de chemise) et d'un idéalisme (le genre neserait qu'une pure construction culturelle ou discursive, il n'y auraitpas de réalité ou de substrat corporel derrière le genre). Selonl'auteure, la prise en compte de la matérialité des corps n'impliquepas la saisie effective d'une réalité pure, naturelle, derrière legenre : le sexe est un présupposé nécessaire du genre, mais nousn'avons et n'aurons jamais accès au réel du sexe que médiatement, àtravers nos schèmes culturels. Autrement dit, le sexe, comme le genre,constitue une catégorie normative, une norme culturelle, donchistorique, régissant la matérialisation du corps. Il importe danscette perspective de souligner que le concept de matière a unehistoire, et qu'en cette histoire sont sédimentés des discours sur ladifférence sexuelle.

Or, si certains corps (par exemple les corpsblancs, mâles et hétérosexuels) sont valorisés par cette norme,d'autres (par exemple les corps lesbiens ou noirs) sont produits commeabjects, rejetés dans un dehors invivable parce qu'ils ne se conformentpas aux normes.

À travers une reprise critique du conceptfoucaldien de « contrainte productive », Judith Butler va, loin de toutvolontarisme, s'efforcer de ressaisir la façon dont les corps, informéspar des normes culturelles, peuvent défaire ces normes et devenir lelieu d'une puissance d'agir transformatrice. Cette réflexion sur lamatérialité des corps et les limites discursives du sexe est doncindissociablement épistémologique et politique.

Extrait : « Ilest bien sûr nécessaire d'énoncer aussi clairement que possible que lethéoricien n'est absolument pas obligé de choisir entre, d'une part, laprésupposition de la matérialité et, d'autre part, sa négation. [...] Problématiserla matière des corps peut sans doute entraîner la perte de certaines denos certitudes épistémologiques, mais ne peut aucunement être assimiléà une forme de nihilisme politique. [...] Cette déstabilisationde la « matière » peut être envisagée comme l'ouverture à de nouvellespossibilités, à de nouvelles manières pour les corps de compter [to matter]. »

Judith Butler enseigne à l'université de Californie (Berkeley). Elle est entre autres l'auteure de Trouble dans le genre (La Découverte), du Pouvoir des mots (Éditions Amsterdam), d'Humain, inhumain : le travail critique des normes (entretiens, Éditions Amsterdam) et de Défaire le genre (Éditions Amsterdam).