Nouvelle
Actualités
Inspirer en littérature (et ailleurs). Pour Jean-Pierre Bertrand

Inspirer en littérature (et ailleurs). Pour Jean-Pierre Bertrand

Publié le par Université de Lausanne

Inspirer en littérature (et ailleurs)

Jean-Pierre Bertrand nous a quittés le 17 mars 2022, il allait avoir 62 ans. Spécialiste de l’histoire des formes littéraires au XIXe siècle et professeur à l’université de Liège, il avait consacré sa thèse aux Complaintes de Jules Laforgue (Les Complaintes de Jules Laforgue. Ironie et désenchantement, Klincksieck, 1997).

Avec Pascal Durand, partisan comme lui de la démarche sociologique transmise par Jacques Dubois, il était l’auteur d’un important diptyque sur la poésie de la modernité (La Modernité romantique, Les Impressions nouvelles, 2006 et Les Poètes de la modernité, Seuil, 2006), auquel s’articulaient idéalement les éditions pleines de finesse des œuvres de Laforgue, Corbière, Schwob, Dujardin ou Huysmans qu’il a livrées au fil des années.

En 2015, il publiait au Seuil l’essai Inventer en littérature. Du poème en prose à l’écriture automatique, témoin à la fois de son amplitude et de son ingéniosité, de son élégance et de son alacrité. Il s’attelait à la préparation d’un livre sur la question de l’influence, dont il avait exposé les fondements et enjeux lors de la série de conférences « Influencer en littérature » prononcées à l’université de Namur en 2019 dans le cadre de la chaire Francqui.

Ces dernières années, Jean-Pierre Bertrand avait porté avec Frédéric Claisse et Justine Huppe le projet STORYFIC, interrogeant les reconfigurations, formes et pouvoirs de la fiction littéraire contemporaine : de ce terrain fertile est notamment issu l’ouvrage Réarmements critiques dans la littérature française contemporaine, qui paraîtra prochainement aux PULg.

Jean-Pierre Bertrand était aussi un formidable animateur de la vie académique : associant l’acuité et la camaraderie, il privilégiait les formes et espaces permettant le dialogue et l’innutrition, depuis le groupe COnTEXTES, qu’il a longtemps présidé avec Paul Aron, jusqu’à l’UR Traverses, en passant par les nombreux colloques et volumes collectifs qu’il a dirigés.

Sans jamais chercher à faire école et en favorisant le développement d’une communauté soudée, il a mis le pied à l’étrier d’une génération de chercheurs et chercheuses qui, de Liège à Kobe et de Sherbrooke à Paris, lui sont redevables de ses impulsions, de son soutien et de sa bienveillance.

Nous nous associons à leur douleur, à celle de sa famille et de ses proches.