Édition
Nouvelle parution
Guillaume Apollinaire & André Salmon, Correspondance 1903-1918 (éd. J. Gojard)

Guillaume Apollinaire & André Salmon, Correspondance 1903-1918 (éd. J. Gojard)

Publié le par Emilien Sermier

Guillaume Apollinaire & André Salmon

Correspondance 1903-1918 & Florilège 1918-1959

édition préfacée et annotée par Jacqueline Gojard

124 photos et fac-similés couleurs.

La vie courte d’Apollinaire (1880-1918) est bien connue, depuis l’enfant en costume marin jusqu’au poète à la tête bandée, sanglé dans son uniforme bleu horizon. On ne peut en dire autant d’André Salmon (1881-1969), qui survécut plus de cinquante ans à son compagnon. Unis par « une amitié qui ne peut finir », les deux poètes n’ont cessé de se voir et de s’écrire. Leur correspondance, ici réunie pour la première fois, fait revivre toute une époque créatrice, peuplée de leurs amis Maurice Cremnitz, René Dalize, André Derain, Max Jacob, Marie Laurencin, Jean Mollet, Pablo Picasso, Alfred Jarry, Jean Cocteau...

Conçu sur le modèle du puzzle et du décryptage, ce livre propose deux ensembles de textes classés par ordre chronologique : une série de 90 lettres et documents, écrits depuis leur rencontre jusqu’à la mort d’Apollinaire, permet de suivre les avatars d’un compagnonnage «fondé en poésie» (1903-1909), fluctuant (1909-1914), enfin confraternel (1914-1918). Puis un « florilège » de 28 proses et poèmes, rédigés par Salmon entre 1918 et 1959, maintient un dialogue vivant avec le camarade perdu. L’écrivain, sollicité sans répit après la disparition de son ami, ne perdra pas une occasion de donner une image charmeuse « du rare inspiré et de l’homme succulent » qui fut sa jeunesse même.

Et l’opposition sommaire entre le fondateur du Festin d’ésope, de La Revue immoraliste et des Soirées de Paris, l’auteur d’Alcools et de Calligrammes, le conteur de L’Hérésiarque &Cie et du Poète assassiné, le défenseur des Peintres cubistes, et André Salmon s’efface devant le couple de ces deux poètes « en correspondance ». Un seul exemple : Salmon, léger d’argent, veut se marier le 13 juillet 1909 pour qu’il y ait feux d’artifice, illuminations et bals en l’honneur de ses noces. Témoin du marié, Apollinaire lui offre un poème, qui renforce l’illusion de fête générale, tout en témoignant de leur belle complicité :

« On a pavoisé Paris parce que mon ami André Salmon s’y marie / [...] Réjouissons-nous parce que, Directeur du feu et des poètes, / L’amour qui emplit ainsi que la lumière / Tout le solide espace entre les étoiles et les planètes, / L’amour veut qu’aujourd’hui mon ami André Salmon se marie »...

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On peut lire sur Florilettres un article sur cette édition…

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"Une érudition du réel", par Jacques Darras (en ligne le 23 novembre 2022)

La publication par les éditions Claire Paulhan de la correspondance entre Guillaume Apollinaire et André Salmon constitue à nos yeux une somme et un sommet d’érudition littéraire. Engageons plus nettement notre jugement : il s’agit d’un véritable chef-d’œuvre. Nos éloges s’adressent à la fois à la chercheuse ayant composé cette étude savamment annotée, Jacqueline Gojard, et à l’éditrice elle-même.