Édition
Nouvelle parution
G. Roud, Petit traité de la marche en plaine (nouvelle éd.)

G. Roud, Petit traité de la marche en plaine (nouvelle éd.)

Publié le par Université de Lausanne

Gustave Roud, Petit traité de la marche en plaine (nouvelle éd.)

Postface de James Sacré

Editions Fario, 2019

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DESCRIPTION :

« Sur la pointe des quatre mille mètres, l’homme des glaciers sublimes, confondant la grandeur et le nombre, s’émerveille bonnement du dédale de sommets qui l’entourent. » S’ouvrant sur une ironique adresse à Ramuz et aux conquérants des cimes et des sommets alpins, tirant gloire ou ravissement éphémères de leurs exploits, ce splendide texte de Gustave Roud plaide pour une expérience de la marche en apparence plus modeste mais combien plus profonde. Le poète fut, en effet, un grand arpenteur des collines du pays vaudois, marcheur nocturne souvent, rendant visite à un ami ou errant sans prétexte ni but. Nombre de ses textes et poèmes sont sans doute nés de ces divagations. Examinant, à sa façon délicate, divers aspects constitutifs du voyage – la solitude, le rythme, les noms de villages, les étoiles, les chambres -, Roud ne s’y arrête que pour décliner la singularité de son aventure : car la marche, si elle implique le corps et sa fatigue, faisant même de celle-ci une alliée, est pour lui une voie spirituelle. Une fuite, une rupture, un oubli, un grand saut hors de la linéarité du temps et de l’architecture de l’espace : il s’agit avant tout de se perdre, de voir se décomposer le monde autour de soi, de devenir le fantôme de ce monde, d’en être expulsé, chassé, pour le faire naître à nouveau dans l’intemporel, dans les mirages de l’esprit et dans les miracles du cœur, au seul rythme de ses pas, au seul diapason de sa joie. 
La marche est l’autre nom de la solitude.

« Si la marche en montagne se déroule selon le rythme le plus simple et le plus immuable : finasseries entre le jarret, le roc et la corde, cinq minutes de « panorama », et descente, aux lèvres l’orgueil de la victoire sur soi-même et le granit, la marche en plaine, en face d’une mécanique si pauvre et si rigide, est toute nuance et toute richesse. Elle exige aussi l’effort, mais non par grossière magie arithmétique (oh ! se hisser à 4317 mètres !). C’est, presque à l’horizon, le village qu’allume un soleil bas ; chaque vitre à son tour vous fait signe d’un doigt qui miroite ; là seulement vous trouverez le sommeil.
[…] Votre marche est un tissu imprévisible de sursauts, d’acquiescements, de dérives plus fructueuses que des poursuites. Une succession de contacts dont chacun de l’autre diffère imperceptiblement ou dans sa totalité. Source étrange de connaissance, hasard maître des merveilles ! »  

G. R.

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Gustave Roud (1897-1976), est l’un des principaux auteurs francophones de Suisse, il est principalement connu pour ses proses poétiques. Après la mort de C. F. Ramuz, il a été considéré comme un maître par de nombreux jeunes poètes : Maurice Chappaz, Jacques Chessex, Philippe Jaccottet. Sa correspondance, son journal et sa critique témoignent également d’abondantes réflexions sur la littérature et les arts. Faisant sienne une injonction de Novalis – « Le paradis est dispersé sur toute la terre… Il faut réunir ses traits épars » –, Gustave Roud déploie la recherche d’un rapport sacré dans l’ici et maintenant, qu’il nomme le « paradis humain ». Publiés deux ans après sa mort, les trois volumes des Écrits (1978) rassemblent ses principaux textes parmi lesquels : Air de la solitudePetit traité de la marche en plaineRequiem ou Campagne perdue.
Les éditions Fario ont publié l’un de ses recueils : Le Repos du cavalierainsi que des Entretiens, parus en 2017.

112 pages – 14 € – EAN : 9791091902519

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