Questions de société

"Europe : après les bourrasques, la tempête" (Sauvons la recherche, 01/12/2010)

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : Sauvons la Recherche !)

 "Europe : après les bourrasques, la tempête", par Marie-Pierre Gaviano, Sauvons la Recherche !, 1er décembre 2010

(Pour un historique remontant plus loin dans la crise universitaire britannique, on peut consulter ici les articles du Guardian, et pour les racines de la contestation italienne de la loi Gelmini sur l'université Universités italiennes en révolte (mai-juillet 2010)et University reform in Italy : Unions and associations say "no" . Plus globalement sur les mouvements universitaires nationaux qui se succèdent depuis plusieurs années, une synthèse ici, avec plus détails sur le vent de révolte qui a secoué l'an dernier les universités autrichiennes et allemandes pendant plusieurs mois ici et ici)

Italie —Mardi 30 novembre : la tempête universitaire secoue l'Italie avec une puissance décuplée. Gares de Pise et Rome (entre autres) occupées, ligne Milan-Venise interrompue. A Rome, manifestations et blocage de circulation sont tellement nombreux que les voitures sont déviées dans le quartier piéton ; les automobilistes bloqués applaudissent les manifestants ; heurts violents avec les forces de l'ordre (un policier blessé). Et on ne compte plus les facultés bloquées ni les monuments historiques occupés.

Après deux échecs, la loi est votée dans la soirée à la Chambre des Députés mais elle doit repasser une nouvelle fois devant le Sénat. Et les manifestants annoncent leur intention d'intensifier encore la révolte :"Ce n'est qu'un début" (La repubblica)

(Dans la presse française : Réforme des universités : cortèges et chaos dans les grandes villes d'Italie)

Et la vague jette ses (premiers ?) embruns en France : dans l'après-midi des étudiants italiens à Paris ont réussi a pénétrer dans l'Arc de triomphe et à l'orner de banderoles hostiles à la loi Gelmini (La Repubblica). Photo : la banderole sur l'Arc de Triomphe : "Reprenons notre avenir !" 

Royaume-Uni —Pour la troisième fois en quinze jours, des dizaines de milliers d'étudiants, d'universitaires et de lycéens britanniques ont marché contre l'augmentation des droits d'inscription et les coupes budgétaires. La contestation s'est enracinée au coeur de nombreuses universités occupées, jusque dans la très aristocratique Cambridge. La vidéo de l'occupation de Cambridge (cliquer ici si elle ne s'affiche pas) date du 26 novembre.

Autriche— La manifestation du 29 novembre a rassemblé 13 000 personnes selon les organisa... sans aucun des troubles redoutés par les forces de l'ordre. Mardi, jour du vote du budget, des étudiants ont entamé une grève de la faim contre les coupes qui affament l'université et la jeunesse.

Pays-Bas— La révolte étudiante commence de toucher les Pays-Bas.

Mise à jour du 2 décembre

Italie— Selon La Repubblica, les occupations continuent dans la plupart des universités et dans certains lycées. A Bologne la mairie a été occupée, à la gare de Naples la circulation des trains interrompue. La ministre Gelmini menace de ne pas débloquer les fonds si la réforme ne passe pas et la prochaine grande journée d'action est fixée au 9 décembre.

Victoire (au moins provisoire) du mouvement des universités : la discussion au Sénat est renvoyée à une date indéterminée qui sera fixée le 14 décembre, après le vote sur la confiance au gouvernement (en situation précaire).

Le même journal revient aussi sur les textes de référence de la révolte, Boccace, Miller, qui ornent les faux boucliers des manifestants et font baptiser le mouvement "le book block".

Royaume-Uni—Selon le Guardian, la prochaine journée d'action aura lieu le 8 décembre (la veille du vote au Parlement) et inquiète les forces de l'ordre, alors que les signes que la coalition au pouvoir se fissure se multiplient. Les occupations continuent dans plusieurs universités dont Leeds->http://www.guardian.co.uk/leeds/201...] et Londres. Selon l'international Student Movement, la proximité de date des prochaines grandes journées d'action en Italie et au Royaume-Uni donne lieu à des contacts pour des actions communes.

Irlande — Manifestations et flash mobs le 1er décembre à Cork (5000 personnes) et à Dublin contre la hausse des droits d'inscription.

Grèce — le 1er décembre, un millier d'étudiants dans les rues d'Athènes défilent contre les coupes budgétaires.

Le 2 décembre, clash entre la police et le millier d'étudiants qui en solidarité avec le mouvement britannique ont manifesté devant l'ambassade britannique à Athènes. D'autres manifestations sont prévues le 6 décembre.

Bulgarie — Etudiants et scientifiques, associés au monde de la culture s'étaient donnés rendez-vous mercredi 1er décembre pour une seconde manifestation commune. Ils demandent que le gouvernement finance à hauteur de 1% du PNB (actuellement 0,16%) l'enseignement supérieur et la recherche et de même pour la culture (actuellement 0,35%). Chacun des deux secteurs avait déjà manifesté à plusieurs reprises séparément. Circule actuellement un appel international des scientifiques bulgares à soutenir leur mouvement qui donne aussi plus de précisions sur la situation.