Agenda
Événements & colloques
« Écritures » contemporaines : production, publication et réception de la (non) littérature (Lausanne)

« Écritures » contemporaines : production, publication et réception de la (non) littérature (Lausanne)

Publié le par Romain Bionda

Conférence universitaire de Suisse occidentale (CUSO)
Journée organisée par Romain Bionda, François Demont et Mathilde Zbaeren à l'UNIL

Conférencières invitées :
Magali Nachtergael (Université Paris 13)
Gaëlle Théval (Université de Rouen)


Programme

9h00 : accueil des participant·e·s
Bâtiment Anthropole, salle 4173, UNIL-Chamberonne

9h15 : Introduction

9h30-10h30 : Gaëlle Théval (Rouen), « Publier la poésie action ? »

pause

10h45-11h45 : Magali Nachtergael (Paris 13), « Sur les murs et à voix haute : écouter, se faire entendre »

repas

13h15 à 14h30 : 
Aurélien Maignant (UNIL), « ScareMail où l'intentionnalité du texte littéraire comme instrument d'action directe »
Mathilde Zbaeren (UNIL), « Vidéo-clips et bandes annonces d’éditeurs : extension du domaine de la littérature ou branding ? »
Marie Kondrat (UNIGE), « Quid d’une approche « non-littéraire » de la lecture ? Le blanc chez Wolfgang Iser »

pause

14h45-16h : 
François Demont (UNIL), « Ceci n'est pas de la littérature, Paul Nougé au coeur du surréalisme belge »
Alice Bottarelli (UNIL), « Jean Villard-Gilles, auteur hors du livre ? »
Romain Bionda (UNIL), « Un titre, une œuvre ? Une déclaration (inédit) / Sans titre (2013) / Tropique (2015) / Show Set (2016, 2017) / Piano Bar (2019) / Olympia (2021) de Rébecca Balestra, entre poésie, performance, théâtre et chanson »

16h : clôture de la journée


Présentation : 
Ce que plusieurs chercheurs ont appelé « la littérature hors du livre » (Rosenthal et Ruffel 2010 et 2018) occasionne aujourd'hui des changements profonds à l'idée même de littérature, dans la mesure où l'on considère que la littérature peut très bien être produite, publiée et reçue dans des contextes qui lui confèrent des parentés troublantes avec les arts de la performance. Outre le fait de demander de nouvelles collaborations entre certaines disciplines (en particulier les études littéraires et théâtrales), la situation contemporaine permet peut-être de voir que ces liens existaient déjà par le passé, et invite par là à réévaluer la part de performance de la littérature des siècles précédents. C'est ce double regard sur le présent et le passé, même très ancien, que cette journée d'étude entend engager. Elle se veut ouverte sur toutes les littératures.

Les « écritures » contemporaines (qui ne sont pas toujours « écrites ») débordent largement le périmètre de ce qu'on appelle encore « la littérature ». On ne reconnaît plus toujours la littérature comme l'a décrite Nelson Goodman : art à une phase (celle de son écriture), à régime allographique (qu'on ne peut pas contrefaire), dont l'exécution (l'écriture) précède toujours l'implémentation (sa publication et sa lecture). Autrement dit, la manière dont les textes « entre[nt] dans la culture » (Goodman 1984) semble à réinterroger. Si, aujourd'hui comme hier, l'« œuvre » de l'écrivain est souvent « manifestée » par des « objets » (Genette [1994, 1997] 2010) autres que le seul livre imprimé, la situation contemporaine mérite à cet égard une attention particulière.

Tout cela est sans doute moins le signe d'une rupture avec le livre que celui d'une prise en considération de ses limites, en particulier de sa possible fétichisation. Cette prise de distance est peut‑être aussi le signe d'une remise en question de la compréhension de l'activité littéraire comme vacuole, ou système clos : l'expérience littéraire ne se conçoit pas comme individuelle et ritualisée, hors dialogue, mais elle se vit au contraire collectivement, dans le monde. Bien sûr, des salons aux livres audio, en passant par la littérature radiophonique et les lectures publiques, la littérature a toujours disposé d'espaces de socialisation. Mais l'émancipation à l'égard de l'objet livre va de pair avec des pratiques qui, aujourd'hui, peuvent sembler nouvelles dans leur ampleur.

La question de la publication gagne donc à être abordée dans son acception la plus large possible. Il s'agira d'une part de comprendre celle‑ci en lien avec des pratiques de production expérimentales ou exploratoires. D'autre part, nous nous demanderons comment ces pratiques sont et ont été reçues. Nous chercherons à découvrir les dispositifs que la publication de l'œuvre agence.

Idéalement, la considération des pratiques littéraires contemporaines permettrait de faire retour d'une part sur des pratiques littéraires plus anciennes, d'autre part sur des pratiques non « littéraires ». C'est pourquoi des communications sur des corpus qui peuvent a priori sembler moins « expérimentaux » seront bienvenues.


Bibliographie indicative :

ABRECHT Delphine, BIONDA Romain, DEMONT François, SERMIER Émilien et ZBAEREN Mathilde, « Faire littérature », dans id. et aliiFaire littérature. Usages et pratiques du littéraire (XIXe‑XXIe siècles), Lausanne, Archipel, 2018, p. 5‑17 ; également en ligne dans Atelier de théorie littéraire, Fabula, 2019 : https://www.fabula.org/atelier.php?Faire_litterature.

ARON Paul et VIALA Alain, L'Enseignement littéraire, Paris, PUF, 2005.

BARRAS Ambroise et EIGENMANN Éric (dir.), Textes en performance, Genève, MetisPresses, 2006.

BIONDA Romain, « Théâtre ou littérature ? Sur le fonctionnement artistique et opéral des textes de théâtre », dans Atelier de théorie littéraire, en ligne sur Fabula, 2018 : http://www.fabula.org/atelier.php?Theatre_ou_litterature.

GENETTE Gérard, L'Œuvre de l'artImmanence et transcendance (1994). La Relation esthétique (1997), 2nde éd., Paris, Seuil, 2010.

GOODMAN Nelson, Langages de l'art. Une approche de la théorie des symboles (1968, 1976), trad. Jacques Morizot (1990), Paris, Arthème Fayard, 2011.
Id.L'Art en théorie et en action (1984), trad. Jean‑Pierre Cometti et Roger Pouivet (1996), Paris, Gallimard, 2009.

GOULET Alain (dir.), Le Littéraire, qu'est‑ce que c'est ?, Caen, PUC, 2001.

HIRSHI Stéphane, LEGOY Corinne, LINARÈS Serge, SAEMMER Alexandra et VAILLANT Alain (dir.), La Poésie délivrée, Paris, PU de Paris Nanterre, 2017.

LAISNEY Vincent, En lisant en écoutant, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2017.

MEIZOZ Jérôme, La Littérature « en personne ». Scène médiatique et formes d'incarnation, Genève, Slatkine, 2016.
Id., « Extensions du domaine de la littérature », dans AOC. Analyse, opinion, critique, en ligne, 2018 : https://aoc.media/critique/2018/03/16/extensions-domaine-de-litterature/.

NACHTERGAEL Magali, « Le devenir‑image de la littérature. Peut‑on parler de "néo‑littérature" ? », dans Pascal Mougin (dir.), La Tentation littéraire de l'art contemporain, Presses du réel, 2017.
Id. (dir.), Littératures expérimentales. Écrire, performer, créer à l'ère numériqueItinéraires. Littérature, textes, cultures, n° 2017‑3, en ligne, 2018 : https://journals.openedition.org/itineraires/3900.

ROSENTHAL Olivia et RUFFEL Lionel (dir.), La Littérature exposée. Les écritures contemporaines hors du livreLittérature n° 160, 2010 ; également en ligne : https://www.cairn.info/revue-litterature-2010-4-page-3.htm.
Id.La littérature exposée 2Littérature, n° 192, 2018 ; également en ligne : https://www.cairn.info/revue-litterature-2018-4.htm.

TACKELS Bruno, Les Écritures de plateau. État des lieux, Paris, Les Solitaires intempestifs, 2015.

THÉVAL Gaëlle, « Non‑littérature ? », dans Itinéraires. Littérature, textes, cultures, n° 2017‑3, op. cit. https://journals.openedition.org/itineraires/3900.

VOUILLOUX Bernard, « Du dispositif », dans Philippe Ortel (dir.), Discours, image, dispositif. Penser la représentation II, Paris, L'Harmattan, 2008, p. 15‑31.