Essai
Nouvelle parution
E. Traverso, Mélancolie de gauche. La force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe s.)

E. Traverso, Mélancolie de gauche. La force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe s.)

Publié le par Marc Escola

Mélancolie de gauche. La force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle)

Enzo Traverso

Date de parution : 06/10/2016 Editeur : La Découverte ISBN : 978-2-7071-9012-3 EAN : 9782707190123 Format : Grand Format Présentation : Broché Nb. de pages : 228 p.

 

Entre la Commune de Paris et Mai 68, les révolutions ont toujours affiché une prescription mémorielle : conserver le souvenir des expériences passées pour les léguer au futur. C'était une mémoire « stratégique », nourrie d'espérance. En ce début du xxie siècle, cette dialectique entre passé et futur s'est brisée et le monde s'est enfermé dans le présent. La chute du communisme n'a pas seulement enterré, une fois pour toutes, la téléologie naïve des « lendemains qui chantent » ; elle a aussi enseveli, pour un long moment, les promesses libératrices qu'il avait incarnées.

Alors que l'histoire semble suspendue, les révolutions des deux siècles écoulés s'entourent d'un halo mélancolique. Un cycle s'achève sous le signe de la défaite. Mais ce nouveau rapport entre histoire et mémoire nous offre la possibilité de redécouvrir ce qu'Enzo Traverso, à la suite d'Hannah Arendt, appelle une « tradition cachée », celle de la mélancolie de gauche. Comme un fil rouge, cette mélancolie traverse l'histoire révolutionnaire, d'Auguste Blanqui à Walter Benjamin, de Louise Michel à Rosa Luxemburg, de Léon Trotski à Daniel Bensaïd.

Elle n'est ni un frein ni une résignation, mais une voie d'accès à la mémoire des vaincus qui doit permettre à la gauche de prendre conscience d'un héritage impossible à refouler, d'un nécessaire travail de deuil. Aux antipodes du manifeste nostalgique, ce livre – qui se déplace avec bonheur entre les tableaux de Gustave Courbet et l'iconographie soviétique des années 1920, entre le lyrisme insurrectionnel de Serguei Eisenstein et l'élégie funèbre de Théo Angelopoulos, en passant par la mémoire réflexive de Chris Marker, Ken Loach et Carmen Castillo – établit un dialogue fructueux avec les courants de la pensée critique et les mouvements politiques alternatifs qui surgissent aujourd'hui dans plusieurs régions du monde.

Enzo Traverso enseigne l'histoire contemporaine à l'université Cornell d'Ithaca, New York. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, traduits en plusieurs langues, parmi lesquels À feu et à sang. De la guerre civile européenne, 1914-1945 (Stock, 2007), L'Histoire comme champ de bataille. Interpréter les violences du xxe siècle (La Découverte, 2011, 2012) et La fin de la modernité juive. Histoire d'un tournant conservateur (La Découverte, 2013, 2016).

Table des matières :

    
Introduction
1. La mélancolie des vaincus
Naufrage avec spectateur
La gauche vaincue
La dialectique de la défaite
Généalogies
Les antinomies de Walter Benjamin
Le pari mélancolique

2. Marxisme et mémoire
Entrée de la mémoire, sortie du marxisme
Mémoire du futur
Mythe et mémoire
Le futur passé

3. Images mélancoliques. Le cinéma des révolutions vaincues
L’histoire-caméra
La restauration d’après-guerre
Révolutions coloniales
Lieux de mémoire
Ombres Rouges
Fantômes espagnols
Souvenirs de Santiago
U-topie

4. Spectres du colonialisme
Marx et l’Occident
La matrice hégélienne
« Peuples sans histoire »
Violence et révolte
Héritages
Clivages

5. La concordance des temps
Portbou
Paris
Réinterpréter Marx
Synchronies : 1940 et 1990
Historicisme
Révolutions
Utopie
Conclusion

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On peut lire sur laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage :

"La gauche en ses défaites", par J.-N. Ducange.