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Décès de Dominique Boutet (Univ. Paris 8)

Décès de Dominique Boutet (Univ. Paris 8)

Publié le par Alexandre Gefen

Cher.e.s collègues,

Nous avons la tristesse de vous annoncer le décès de Dominique Boutet, collègue et ami pour nombre d’entre nous, emporté par la Covid-19 le vendredi 22 mai 2020.

Nous nous associons tout particulièrement à la peine de sa compagne et de ses filles.

Dominique a intégré l’UMR Structures Formelles du Langage en 2002, alors qu’il exerçait comme maitre de conférences à l’Université d’Evry Val d’Essonne. Il a alors développé une série de collaborations à l’interface entre Gestualité et Langues des signes, en proposant une approche originale et complémentaire, fondée sur l’analyse kynésiologique des mouvements impliqués dans l’expression humaine. 

En parallèle des projets de recherche, il est intervenu dans les formations de linguistique et a contribué très activement au développement de la licence professionnelle « Enseignement de la LSF en milieu scolaire » (partenariat entre l’Université Paris 8 – INSHEA et Association Visuel LSF) de 2004 à 2008.

Dominique a (co)porté de nombreux projets de recherche, participé à des regroupements internationaux et interdisciplinaires,.

À l’Université de Paris 8, il a notamment contribué à l’émergence et au développement du Labex Arts-H2H, en portant le projet CIGALE, ciblant l’analyse de la gestualité, en interaction humain-non-humain, dans un contexte artistique.

En 2016, il a intégré l’Université de Rouen et le laboratoire DyLiS, en tant qu’enseignant-chercheur, associant ainsi son lieu d’enseignement et de recherche institutionnelle, tout en conservant et en développant de nombreux projets avec ses anciens partenaires des équipes de SFL et de l’INREV à l’université Paris 8. 

De 2015 à 2018, Dominique a conduit une recherche dynamique avec notamment un projet international d’étude des gestes spontanés qui accompagnent le discours en différentes langues avec ses collègues de l’Université linguistique d'État de Moscou, de l’Université Viadrina en Allemagne et des Universités Paris 3 et Paris 8.

Il venait se soutenir son Habilitation à diriger des recherches en décembre 2018 à Rouen et s’apprêtait à recevoir la deuxième rencontre du réseau de gestualité ISGS-France.

Que ce soit dans son enseignement ou dans sa recherche, Dominique laisse à ses collègues le souvenir d’une personne passionnée des arts et des sciences, douée d’une pensée originale, interdisciplinaire, désireuse de transmettre et d’échanger les idées, les expériences et les moments de convivialité.

Sa gentillesse, son humour et son énergie vont cruellement manquer à ses collègues et ami.e.s, qui sont résolu.e.s à faire vivre l’esprit de sa recherche encore très longtemps…

Texte rédigé par les membres de l’UMR SFL, université Paris 8, dans laquelle Dominique Boutet a été chercheur pendant de longues années avant de rejoindre l’université de Rouen au sein de l’unité de recherche Dylis.

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Luttant contre les filtres culturels qui amènent beaucoup de linguistes à un déni du corps et de sa dynamique, Dominique Boutet les a par sa recherche ancrés au centre de l’activité de langage. Pour montrer que le verbe est structuré par notre activité corporelle dans toute sa matérialité, il analysait à la fois les langues des signes et les gestes, expressions faciales, regards que nous produisons et échangeons dans nos interactions communicationnelles, quelle que soit notre culture ou notre langue. L’originalité de son travail clairement pionnier tient dans la double révolution qu’il permet d’opérer : d’une part la gestualité n’est pas une annexe de la parole elle fait langage ; d’autre part, elle est façonnée par la physiologie corporelle. Le sens de nos productions langagières est donc le fruit de notre corps, et de sa mise en mouvement par rapport à l’espace dans lequel il se situe et de nos relations avec les autres.

Tous les amis scientifiques de Dominique qu’ils soient linguistes, graphistes, informaticiens, musicologues, psychologues, historiens de l’art, bio-mécaniciens, biologistes, philosophes, et bien d’autres, tant ses compétences étaient multiples continueront  en conjoignant leurs approches, leurs méthodes, et leurs cadres de référence, à mettre son oeuvre multiforme mais convergente en mouvement, à propager son flux et faire en sorte qu’il résonne.